Lorsqu’on pose cette question à des nutritionnistes et autres experts, leur réponse peut beaucoup varier et c’est normal! L’alimentation est une science complexe et chaque personne a des besoins (et des considérations) qui diffèrent.
Chez nous
L’approche de Santé Canada et de son Guide alimentaire canadien est très axée sur les portions de certains types d’aliments que l’on doit manger à chaque jour. C’est le cadre classique, auquel nous sommes habitués depuis toujours.
Crédit photo: Santé Canada
Voici à quoi devrait ressembler « l’assiette parfaite » selon Santé Canada :
- 50 % devrait être remplie avec des légumes et des fruits (en ordre d’importance).
- 30 % devrait être des produits céréaliers (pain, riz, pâtes, etc.)
- 20 % devrait être des viandes et substituts (des protéines)
- Un élément est mis à part, en très petites quantités : l’huile et les matières grasses
- Pour boire : du lait ou de l'eau (ce qui on le comprend exclut les jus et les boissons gazeuses)
Le Guide Alimentaire canadien est friand de ce genre de diagramme : assiette compartimentée, pyramide et autres. C’est un guide précis, avec des portions à atteindre à tous les jours (par exemple 5 à 10 de fruits et légumes) ainsi que de nombreux conseils spécifiques comme par exemple « retirez tout le gras visible de la viande » et « mangez deux portions de poisson par semaine » (parmi une liste de 6 choix).
Par conséquent, peu de gens comprennent réellement et encore moins suivent ces recommandations. Les détracteurs du Guide alimentaire canadien formulent de nombreuses critiques à son égard; non seulement sa complexité, son manque d'évolution depuis les années 40, mais également le fait d’être très près de l’industrie (de plus en plus d’études indépendantes révèlent effectivement qu’il y a peu ou pas de nécessité pour un humain de boire du lait de vache) et de ne pas adresser un problème crucial dans notre alimentation d’aujourd’hui : les aliments transformés.
C’est la manière de faire que nous connaissons, soit… mais pas la seule.
Aux États-Unis
Impossible de ne pas aller voir à quoi ressemble une assiette parfaite du côté américain. Notre voisin est un géant, pour le meilleur et pour le pire. Et dans les faits, on s’en inspire beaucoup : le modèle de l’USDA (Département de l’agriculture américain) est pratiquement le même que celui du Canada.
Crédit photo: USDA
Tiens-tiens, est-ce que cette assiette vous rappelle quelque chose? Seule différence, l’huile est complètement évacuée cette fois.
Une autre perspective
Au sein du même pays par contre, il y a des voix dissidentes. Parlons donc aussi de l’assiette parfaite de l’Université Harvard, qui prône une approche plus sensée. Les experts de la prestigieuse université ont ainsi voulu rétorquer à la USDA en refaisant leur assiette, mais en mieux (et surtout sans aucune influence de l'industrie)!
Crédit photo: Université Harvard
Ce qu’on peut remarquer comme différences :
- Même si la quantité consacrée aux fruits et légumes reste la même, on comprend que les légumes doivent être priorisés (parce que moins sucrés!)
- On spécifie aussi que les pommes de terre ne comptent pas! (Ça peut paraître évident mais les pommes de terre, majoritairement sous forme de frites congelées, comptent pour un légume sur trois mangé aux É.U.!)
- La proportion entre les produits céréaliers et les protéines est maintenant égale : 25 % - 25 %.
- On spécifie que les céréales doivent être des grains entiers!
- On spécifie le type de protéines à privilégier (on parle d’éviter les charcuteries, par exemple)
- Les « gras » sont de retour et on affirme que certains types sont bons pour nous!
- Le verre de lait a disparu! On affirme que le lait n’est pas un aliment essentiel et qu’il devrait être limité.
- On spécifie également de limiter le jus et de bannir les boissons gazeuses (qui sont un des piliers de l’épidémie d’obésité que connaît le pays).
Même s’il y a plus de texte que sur l’assiette canadienne ou américaine, c’est une approche beaucoup plus simple et axée sur le gros bon sens!
Au Brésil
Ce n’est peut-être pas le premier pays qui nous vient à l’esprit en tant que leader mondial en la matière, mais le Brésil a pourtant révolutionné l’assiette parfaite à un tel point que tous les pays essaient maintenant d’apprendre de son exemple!
Ce guide « radical » comporte en effet 4 catégories d’aliments, mais pas classifiées par types tel que nous les connaissons –aucune différence entre les viandes et substituts, produits laitiers, etc. On parle plutôt :
- D’aliments naturels ou minimalement transformés
- Des huiles, des gras, du sel et du sucre
- Des aliments transformés (par exemple le pain, le fromage, les marinades)
- Et des aliments ultra-transformés.
Dans ce cas, pas de schéma d’une assiette parfaite, mais plutôt des exemples tirés de la vie réelle, avec des aliments typiques que mangent vraiment les Brésiliens!
Crédit photo: Gouvernement du Brésil
Plutôt que de suggérer aux gens de manger par exemple 2-3 portions de produits laitiers à chaque jour, on propose simplement aux gens de manger le plus possible parmi les aliments de la première catégorie!
Crédit photo: Gouvernement brésilien
On dit ensuite d’utiliser de petites quantités de gras, de sel ou de sucre ajouté (aliments de la 2e catégorie), permettant ainsi d’assaisonner et de diversifier sa diète sans trop se priver, mais sans rompre l’équilibre. Les aliments de la 3e catégorie devraient être limités, c’est-à-dire consommés mais sans constituer la base de l’alimentation. Et on suggère tout simplement d’éviter les aliments de la 4e catégorie, comme les collations préparées, céréales sucrées etc. « parce que leurs modes de production, de distribution, de marketing et de consommation nuisent à la culture, à la vie sociale et à l’environnement ».
Crédit photo: Gouvernement du Brésil
Aller plus loin que le contenu de l'assiette
Un autre aspect révolutionnaire de cette « assiette parfaite », c’est qu’un de ses principes de base repose sur la « manière » dont on mange et pas seulement sur ce que l’on mange. Le gouvernement brésilien prône en effet de prendre son temps pour manger et de manger avec de la compagnie dans la mesure du possible, afin de rendre l’expérience du repas plus agréable.
On donne même des conseils sur l’achat de la nourriture, recommandant aux Brésiliens de fréquenter des endroits qui vendent des produits frais comme des marchés publics. On insiste de plus sur l’importance d’acheter des fruits et légumes locaux, en saison et même biologiques si possible!