Au milieu des années 90, la majorité des filles de 5 à 17 ans (ainsi que quelques garçons!) avaient une chose en commun: trop d'affiches à l'effigie des Backstreet Boys sur les murs de leur chambre. Parfois, on peinait même à savoir de quelle couleur étaient les murs en dessous de tous ces portraits du quintette de la pop. Étiez-vous du nombre?
Je dois confesser que les BSB ont volé mon coeur à cette époque, comme tant de mes amies qui étaient amoureuses du rêve qu'ils nous vendaient à travers leur musique.
Semaine après semaine, on feuilletait les magazines à potins dans l'espoir qu'un petit encadré parlerait de Nick, A.J., Brian, Kevin et Howie. Au mieux, on tombait sur un méga dossier spécial avec plein de nouveaux posters. Au pire, on trouvait une photo qu'on avait déjà découpée, ce qui nous donnait notre dose pour les prochains jours dans l'espoir que la prochaine pêche soit plus rassasiante.
Même si vous étiez parmi ceux qui ne pouvaient pas les blairer– à moins d'avoir eu les yeux fermés durant des années – vous n'avez pas pu passer à côté du phénomène. Il y avait toujours un fan des BSB à un ou deux degrés de séparation de nous...
Parlez-en à mon voisin de l'époque, un monsieur d'une quarantaine d'années, chez qui je suis allée sonner après l'école pour lui demander s'il n'aurait pas des contacts dans le showbiz pour me permettre de rencontrer les Backstreet Boys. Je me disais qu'il devait bien y avoir quelqu'un, quelque part, qui connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui connaissait les BSB. Pauvre gars, quand même! Non seulement il devait se taper les chansons en continu à la radio, mais en plus l'ado d'à côté est venue lui demander s'il les connaissait pendant qu'il écoutait Piment Fort.
Qu'on aime l'admettre ou non, l'époque glorieuse des Backstreet Boys nous a tous changés un peu, beaucoup, passionnément, que ça nous plaise ou non.
Passion BSB
Même si plusieurs ados les ont découverts lors de leur spectacle broche à foin dans un centre d’achats de Verdun, alors que les Backstreet Boys venaient à peine de sortir de l’ombre, c’est à partir de leur performance au Festival des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu que le feu (de l’amour) a pogné.
Tout ceci s'est produit rapidement dans l'imaginaire collectif, au grand malheur des parents de l’époque, qui ne pourraient plus jamais espérer conduire plus de 5 kilomètres en voiture avec leurs enfants sans devoir se taper Get Down en boucle à partir d’une cassette de musique qui se faisait rembobiner jusqu’à usure.
Fred Duval/FilmMagic/GettyImages
Parfois, on les aimait en cachette à la maison tout en les snobant à l’école, prétendant préférer Green Day et Radiohead. C’était le cas de celle qui m’a accompagnée à mon premier concert au Centre Bell, qui, du balcon, ou devrais-je dire, du plafond, rêvait qu’AJ la remarque avec son faux anneau dans le nez.
Même si chacun des membres du groupe avait son lot de fans, Nick était l’aimant du groupe. La plupart des fans étaient envoûtées par ce jeune homme en devenir, son sourire digne d'une publicité de gomme à mâcher.
Celles qui craquaient pour les gars drôles avaient, comme moi, le béguin pour Brian, le clown hyperactif ambulant avec une voix divine. Puis, il y avait AJ, qui semblait être le plus gentil des bad boys. Kevin, le plus âgé, avait surtout du succès auprès des gens qui possédaient déjà une hypothèque; alors que Howie D était principalement connu comme étant le gars en chest. Le latin lover était la sensualité incarnée qu’on aimait tous sans qu’il soit notre préféré dans la plupart des cas du moins. Car on rencontrait toujours une fan qui nous surprenait en disant qu’elle n’aimait pas Nick et qu'elle était follement amoureuse d’Howie et de sa chemise ouverte. Première grande leçon de vivre et laisser vivre. C'est fou comme c'est formateur d'avoir un passé de groupie. #écoledelavie
Puis, lentement, on a grandi, ils ont vieilli, on a vieilli, ils ont revieilli.
Et, puis, trahison! Ils se sont fait des blondes. Quoi! Comment était-ce possible?
Au fil des années, on a aussi appris que ces sex-symbols de la pop préfabriquée avaient vécu leurs lots de déboires.
Larry Busacca/WireImage/GettyImages
Pourtant, les BSB se méritent toujours une place dans le coeur de millions de fans dont les cheveux se parsèment lentement d'une nuance de gris.
Bien sûr, les Backstreet Boys font encore des tournées qui ravivent, pendant quelques jours, la fièvre des BSB. Nos Beatles à nous, c’était cette pop des années 90. On risque de voir beaucoup de femmes en marchette dans 50 ans qui lanceront leur soutien-gorge au rythme de I’ll Never Break Your Heart. Et ce, même si notre rêve de jeunesse de vivre un conte de fées avec un de ces gars qui aimaient beaucoup trop s’habiller en Tommy Hilfiger ne s’est jamais réalisé.
Heureusement que la mode des tatouages n'était pas si populaire que de nos jours (sauf pour les tatous tribaux et les inscriptions chinoises douteuses, bien sûr), parce que si ça avait été le cas, beaucoup trop de gens parmi nous auraient un portrait approximatif et terrifiant du visage de leur idole sur la cuisse. La plupart d'entre nous sont épargnés et on a laissé ça aux fans d'Éric Salvail. Sauf une fois au chalet...