Depuis le confinement qui nous est imposé, les revenus ont diminué pour beaucoup d’entre nous, mais vous avez sûrement remarqué que vos dépenses diminuent aussi!
«Mais où donc dépensais-je tout cet argent?», se disent plusieurs d’entre vous, qui se sentent même plus riches que jamais (je dis cela pour ceux et celles qui ont eu la chance de garder leur emploi, bien sûr).
Les sondages commencent aussi à montrer cette réalité. La Banque de Montréal affirme que les dépenses par carte de crédit ont diminué de 20 % à 30 % en mars, sur une base annuelle. Dans certaines catégories, comme les voyages, les dépenses ont presque complètement disparues.
Les habitudes de consommation évoluent aussi rapidement. Notamment, les achats en ligne explosent, selon un sondage de Forum Research. Toutefois, signe que les gens dépensent globalement moins, même les commandes de plats à emporter ou les livraisons dans les restaurants ont diminué, alors qu’on s’attendait à les voir augmenter puisque les établissements ont dû fermer.
Si tout cela peut être inquiétant du point de vue de l’économie en général, c’est quand même une bonne nouvelle sur le plan personnel, quand on sait que les Québécois et Canadiens sont endettés comme jamais auparavant et épargnent trop peu pour la retraite.
«Fini les cafés Starbucks à 5 $!»
Mais quelles sont ces dépenses que nous ne faisons plus depuis le confinement? J’ai sondé mes proches ainsi que mes contacts Facebook, et les réponses sont parfois surprenantes. En voici quelques-unes :
- «Finis les achats compulsifs quand je prenais une marche au centre-ville (livres, gâteries à manger, etc.)»
- «C’est dans les vêtements que je vais continuer de couper, mais j’avais déjà commencé bien avant la Covid. Le “fast fashion” c’est terminé pour moi.»
- «Les restos! Surtout les 5 à 7. En virtuel ça coûte moins cher qu’au resto et en plus on peut fermer le son des grandes gueules de notre groupe!»
- «Les coiffeurs. J’apprends à couper les cheveux de mes enfants et j’assume maintenant mes cheveux gris, plus de teinture!»
- «L’essence, évidemment. Le télétravail aide beaucoup à faire diminuer ce poste de dépenses.»
- «Le resto chaque jour au travail, c’est fou comme ça bouffait de l’argent. Je vais définitivement me faire plus de lunchs quand j’y retournerai.»
- «Les cafés Starbucks à 5$ le matin et les machines distributrices l’après-midi.»
- «Je profite réellement de mon abonnement à Netflix au lieu d’aller au cinéma en même temps.»
- «Les livres! Je revisite ma bibliothèque au sous-sol plutôt que d’acheter des livres, et je n’aurai pas terminé même une fois la crise réglée!»
- «Vider mon garde-manger et mon frigo avant d’aller acheter autre chose qui ferait en sorte que de la bouffe pourrisse au fond du frigo parce qu’on l’a oubliée là.»
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Comment garder ces bonnes habitudes lors du retour à la normale?
Le fait que plusieurs commerces sont fermés nous a en quelque sorte forcés à devenir des consommateurs plus responsables. Ce serait vraiment dommage de retomber dans les mauvaises habitudes une fois le retour à la normale.
«La réalité, c’est qu’il y aura toujours des gens disciplinés, et d’autres qui ne le sont pas», me dit au bout du fil Ian Sénéchal, conseiller financier et président de VotreConseiller.net. «Les disciplinés géraient déjà bien leurs finances : ils avaient un fonds d’urgence, remboursaient leurs dettes en premier, etc. Eux vont simplement reprendre leur vie normale et n’auront pas besoin de chercher de nouveaux endroits où couper, dit-il. Mais ceux qui géraient tout croche avant, malheureusement, risquent de retomber dans les mauvaises habitudes.»
Cependant, ajoute-t-il, un changement majeur est en train de s’opérer dans la cuisine et dans le télétravail. «La découverte de nouvelles habiletés dans la cuisine pour certains va redonner le goût de manger à la maison et il y aura moins de pertes alimentaires. Aussi, les employés ont maintenant un argument massue pour le télétravail. Si on réussit à convaincre son employeur d’augmenter sa charge de télétravail, ou encore de passer complètement en télétravail, on pourrait voir une deuxième auto disparaître, ou du moins, faire moins de kilométrage, ce qui aura un gros impact sur le budget», dit-il.
Et pour les plus indisciplinés? Un bon truc serait de faire un nouveau budget en fonction de ce que vous dépensez présentement, afin de voir quelles dépenses ont été éliminées, essayer de continuer cette nouvelle discipline et maintenir le même niveau de dépenses lors du retour à la normale. Allez, un peu de volonté!
Une autre bonne habitude est de se demander, comme le veut l’expression populaire, «est-ce que j’en ai vraiment besoin?» C’est encore plus vrai aujourd’hui, autant pour notre propre sécurité financière que par respect pour ceux qui n’ont pas les mêmes moyens que nous en ce moment et qui vivent des moments angoissants.
David Descôteaux est chroniqueur et journaliste économique depuis plusieurs années. Il est aussi l'auteur du best-seller en finances personnelles "D'endetté à millionnaire" et d'une série de livres pour enfants sur l'économie et la finance.