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Ariel Sharon, l’ancien premier ministre d’Israël, est dans le coma depuis près de huit ans. Terrassé par une attaque cérébrale le 4 janvier 2006, l’homme d’état est maintenu en vie depuis par assistance médicale et n’a jamais manifesté de signes de réveil. Le 1er janvier dernier, on apprenait que son état s’était aggravé, suite à une opération, et que l’homme de 85 ans n’a peut-être plus que quelques jours à vivre.
Sur la photo, datant de 2010, on peut voir une sculpture créée par l’artiste israélien Noam Braslavsky et représentant Ariel Sharon dans le coma, sur son lit d’hôpital. Pour qu’une personne soit désignée comme étant dans le coma, il faut qu’elle ait été inconsciente au moins 6 heures. Huit ans dans le coma, c’est long, mais pas si inusité. Le record du plus long coma est de 37 ans. Certains en reviennent, d’autres pas, et quelques-uns, de bizarres de façons.
Voici 12 histoires de coma plutôt particulières…
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Elaine Esposito est restée dans le coma pendant 37 ans. Un record, selon le livre des records Guinness. Née le 3 décembre 1934, ses parents amènent Elaine à l’hôpital alors qu’elle n’a que 6 ans, pour une rupture d’appendice, à la suite d’une appendicectomie. Elle ne se réveillera jamais de l’anesthésie. Elle passe les 10 premiers mois à l’hôpital, puis ses parents, ne pouvant plus payer, l’amènent chez eux. Sa mère s’occupe d’elle, jour et nuit. Son père meurt en janvier 1978, Elaine quelques mois plus tard, en novembre 1979, à l’âge de 43 ans, après avoir passé 37 ans et 111 jours dans le coma.
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Née le 3 décembre (tout comme Elaine Esposito!) 1963, Terri Schiavo a perdu connaissance le 25 février 1990, à la suite d’un arrêt cardiaque. Après avoir passé deux mois et demi dans le coma, son état a été qualifié de végétatif. Pendant plusieurs années, les médecins ont essayé plusieurs sortes de thérapies dans l’espoir de la sortir de cet état. En 1998, son mari, Michael, a demandé que soit retiré le tube qui l’alimentait. Mais les parents de Terri ont refusé, clamant qu’elle était consciente.
S’en sont suivi d’innombrables péripéties juridiques qui ont longtemps fait les manchettes. Le 18 mars 2005, la décision fut prise de retirer le tube qui l’alimentait. Terri Schiavo est morte quelques jours plus tard, le 31 mars. Tant son mari que ses parents ont été des livres expliquant leur version des faits. La photo montre Terri Schiavo avec sa mère sur une photo placardée sur une affiche lors d’une manifestation en Floride en 2003 voulant empêcher que Terri soit débranchée.
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En octobre 2012 est mort Antonio Meno Ortega. L’Espagnol était dans le coma depuis 23 ans, à la suite d’une opération de chirurgie esthétique du nez, en 1989, alors qu’il avait 21 ans. Pendant toutes les années de coma, sa famille a tenté d’obtenir compensation pour son état végétatif, en accusant l’anesthésiste de négligence. Ce dernier a une première fois été déclaré coupable par une cour de Madrid, mais la décision a été infirmée lors d’appels subséquents. En 2009, les parents du « jeune homme » ont campé devant le ministère de la justice pour protester quand les autorités ont menacé de saisir leur appartement pour payer les frais de procès de 518 000 $.
L’arrivée d’un nouveau témoin, qui était un étudiant médical en 1989 et qui avait assisté à l’opération, a persuadé la Cour suprême de rouvrir le cas en novembre 2010. Un compromis entre les deux parties a permis à la famille d’obtenir 1 394 millions de dollars en juillet 2011, soit 22 ans après les faits. Sur la photo, les parents d’Antonio Meno Ortega, Juana et Antonio prennent soin de leur fils, le 4 novembre 2010, sous un abri de plastique au centre de Madrid, alors qu’ils campent depuis 16 mois devant le ministère de la Justice de Madrid.
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En Arkansas, le vendredi 13 juillet 1984, Terry Wallis avait 19 ans et venait tout juste de célébrer la naissance de sa fille quand le camion dans lequel il prenait place a glissé, percuté une barrière et fait une chute de 25 pieds. Le camion ne fut retrouvé que 24 heures plus tard. Terry Wallis était paralysé à partir du cou et dans le coma. Les médecins ne lui donnaient guère de chances de rehabilitation, mais ses parents et sa femme Sandi l’ont placé dans un centre de réadaptation.
Chaque week-end, ils l’amenaient jusqu’à la ferme familiale, pour l’aider à retrouver conscience. Un jour de 2002, Sandi s’est rendue au centre pour ce qu’elle pensait être une visite habituelle, quand Terry a ouvert les yeux et parlé. Étrangement, c’était encore un vendredi 13. C’est ainsi que Terry Wallis a pu finalement faire connaissance avec sa fille, qui avait alors 19 ans. Sur la photo, datant de 2002, Terry Wallis, au centre, avec sa femme Sandra, à gauche et leur fille Amber, à droite, au centre de réadaptation de Mount View, en Arkansas.
Crédit photo: solidaridadymedios.org
En 1988, Jan Grzebski était un employé des chemins de fer polonais. Le mur de Berlin et l’Union soviétique étaient toujours intacts. À la suite d’un accident sur son lieu de travail, le Polonais sombre dans un coma dont il ne se réveillera que 19 ans plus tard. « Lorsque je suis tombé dans le coma, a déclaré le sexagénaire à la télévision polonaise, il n’y avait que du thé et du vinaigre dans les magasins, la viande était rationnée et il y avait d’interminables files d’attente dans les stations-service. Maintenant, je vois des gens dans la rue avec des téléphones portables et tant de choses dans les magasins que la tête me tourne ». Pendant son coma, il était devenu 11 fois grand-père.
Crédit photo: YouTube / après: Wales News Service
En 2005, le Britannique Chris Birch avait 20 ans, il pesait 120 kilos, était amateur de bières et proche du mouvement skinhead. Il était aussi sur le point de se marier. Lors d’un entraînement de rugby, il se brise la nuque et tombe dans le coma. Il se réveille après plusieurs jours d’inconscience, mais il n’est plus le même homme. Il quitte sa fiancée, « sort du placard » et s’installe peu après en couple avec un jeune homme de 19 ans. Il cesse de jouer au rugby, perd 50 kilos et suit une formation pour devenir coiffeur. Un changement de vie qui, s’il ne peut l’expliquer, fait depuis son bonheur. À gauche sur la photo, Chris Birch, avant son coma, et à droite, après sa sortie de coma.
Crédit photo: lemidi-dz.com
En 2010, la Croate Sandra Ralic, 13 ans, sort d’un coma qui avait duré 24 heures en parlant couramment l’allemand, une langue dont elle venait à peine de commencer l’apprentissage. Encore plus surprenant, la jeune fille comprenait toujours sa langue maternelle, le croate, mais s’exprimait uniquement en allemand. Les médecins sont perplexes et émettent l’hypothèse que son cerveau aurait absorbé plus d’allemand que ce que l’on croyait, un peu comme un magnétophone laissé en mode enregistrement. Depuis la jeune fille se porte bien, n’a pas oublié son allemand, mais a retrouvé sa langue maternelle.
Crédit photo: Quirky China News
En 2009, la jeune Ya Wen, alors âgée de 2 ans, a survécu à un accident de la route, qui l’a laissée dans le coma pendant cinq jours. Étrangement, dès son retour à la maison, la petite fille a complètement changé de personnalité en agissant comme si elle était une adulte. Sa mère l’a trouvée cachée dans les toilettes, en train de fumer les cigarettes de son père. Au début, Ya volait les cigarettes, puis elle les a achetées à crédit dans un magasin local dont le propriétaire pensait qu’elle les achetait pour son père. Ses préférences vestimentaires ont aussi changé: la petite fille ne veut plus porter que des vêtements de garçon.
Crédit photo: dailymail.co.uk
Sarah Thomson est une Britannique qui a passé dix jours dans le coma en novembre 2011 à la suite d’une rupture d’anévrisme. À sont réveil, cette mère de famille, qui avait alors 32 ans, était convaincue d’être en 1998 et croyait être une adolescente de 19 ans. Elle n’a pas reconnu son mari, ni ses trois enfants. Quatorze années de sa vie venaient d’être tout simplement effacées. Elle a passé par la suite des mois à visionner des vidéos et à examiner les photos de famille, pour finalement retrouver la quasi-totalité de sa mémoire.
Crédit photo: archive.people.com
Tous les comas ne surviennent pas de façon accidentelle. Certains sont provoqués, comme celui de John Roach, un Américain qui souffrait de dystrophie sympathique réflexe, une perturbation invalidante du système musculaire qui amène des douleurs chroniques.
Après des années de douleurs qui l’ont amené près du suicide et après avoir tout essayé, de la chirurgie à la thérapie en passant par des médicaments contre la douleur, comme OxyContin, la codéine et le fentanyl, l’homme de 50 ans a décidé d’avoir recours à un traitement radical, un coma artificiel utilisant de la kétamine, un hallucinogène anesthésiant illégal, connu sous le nom de « Spécial K », « Je ne pouvais plus être touché, a-t-il expliqué, je ne pouvais plus tenir la main de ma femme ou dormir près d’elle. Ce n’était pas la vie que je voulais ».
Aujourd’hui, John n’a presque plus de douleurs, tout en recevant régulièrement des injections de kétamine, et peut marcher avec sa femme en lui tenant la main. Tous les spécialistes ne s’entendent sur les bienfaits de ce type de traitement, certains cas ayant mal tourné. Mais pour John Reach, son coma a été le début d’une nouvelle vie.
Crédit photo: adivinaquienlee.blogspot.ca
Quand on parle d'histoires de coma, on ne peut passer sous silence le cas de Paula Allende, la fille de l’écrivaine chilienne Isabel Allende. Paula a sombré dans le coma en 1991 à la suite de complications dues à la porphyrie, une maladie rare. Sa mère a commencé alors à écrire une lettre à sa fille, dans laquelle elle lui relatait ce qui se passait pendant qu’elle était dans le coma.
La lettre est devenue un livre dans lequel l’écrivaine raconte tant les traitements que subit Paula que sa vie. Paula est morte le 6 décembre 1992 et le livre, simplement intitulé Paula, est magnifique et un impératif pour quiconque veut comprendre ce que c’est que d’être pendant des mois au chevet d’une personne chère qui est dans le coma.