Ceux et celles qui n’ont jamais eu d’animal de compagnie ont parfois du mal à comprendre comment on peut tant aimer un petit être poilu, si inutile à la société.
Ça ne paye pas de taxes, ça ne déneige pas l'entrée, ça dort, ça mange, ça joue, ça détruit des boîtes de mouchoirs. Mais ce n'est pas un « ça » dont on se débarrasse quand on déménage ou qu'on change les meubles. C'est un être à part entière, un peu cave parfois, oui, mais rares sont les humains qui sont aussi attachants quand ils sont nonos.
Parfois, le lien est si fort entre un animal et son humain, que certaines personnes se promettent de ne plus jamais en avoir, tellement c'est douloureux de s'en défaire.
Plus jamais, se disent-ils. Plus jamais ils ne voudront ressentir un sentiment si fort envers une créature qui n'a jamais su dire merci quand on ramassait ses crottes chaque jour, pendant une quinzaine d’années.
C'est inévitable : il faut un jour dire au revoir quand nos amis à quatre pattes ont accompli leur mystérieuse mission sur Terre, qui consistait probablement juste à gambader le plus souvent possible d'un bond joyeux, en laissant couler un filet de bave sur le tapis.
Anna Tarazevich/Pexels
Il y a des jours où je repense au chien que j'ai eu durant 17 ans, et une boule d'émotion enfouie très loin se propulse à la surface, faisant couler mon mascara aussi efficacement qu'en regardant Leonardo Di Caprio couler dans le fond de la mer dans le film Titanic. (Désolée pour le dilvulgâcheur de 1997!)
Est-ce que cet amour que les amis des animaux ressentent est réciproque? On ne le saura jamais.
Les chiens et les chats domestiques pensent peut-être que nous sommes de pitoyables collectionneurs d'excréments d’animaux quand on arrive avec notre pelle à litière ou notre petit sac de plastique vert.
On peut quand même deviner une affection certaine quand notre animal vient se blottir contre nous sous les couvertures l'hiver. Les petits maudits se servent peut-être juste de nous pour se réchauffer égoïstement... Comment leur en vouloir avec cette petite face-là?
Quand notre animal nous attend à la porte de la maison, au retour du travail, ça fait du bien de voir un allié fidèle, non? Du moins, fidèle tant et aussi longtemps qu'un écureuil ne passe pas derrière la maison, ou qu'une odeur de poulet plus intéressante que nous n'est pas captée par leurs narines. La fidélité animalière a ses limites, quand même... Celle des humains aussi.
L’amour, c’est quoi au fond?
Je ressentirai probablement toujours plus d’amour envers les animaux qu’envers les humains, et je ne suis pas la seule.
N’allez surtout pas croire que je n’aime pas les humains, au contraire, la plupart sont ben ben smath.
Ensemble, on peut discuter, échanger des idées, rire de la même blague, partager un repas, se féliciter des avancements de l'Homme en matière de découvertes scientifiques, ou s'émouvoir au musée devant une toile de René Magritte, les larmes aux yeux et un vertige au coeur, devant les plus hauts sommets de la conscience humaine, comme seuls les humains peuvent le faire.
Les plus belles inventions de l’humanité se partagent entre humains, et les animaux en bénéficient parfois aussi. Une chance qu'on est là, oui. Mais sans les miracles de la faune et de la flore pour nous émouvoir, à quoi bon ce spectacle sur Terre?
Certains humains sont merveilleux.
Personne ne m’émerveille autant qu’un petit schnauzer nain ou qu'un chat en tuxedo qui courent après leur propre queue comme des imbéciles heureux.
Personne.
Même pas Bob Ross.
Je m’excuse, humanité, mais malgré tous tes grands efforts pour m’inclure dans ta gang depuis ma naissance, mes préférés, ce sont les animaux.
Pas juste les chats et les chiens. Tous les animaux, même les pas fins pis les pas beaux
Donald Giannatti/Unsplash
Je vous parle de chats et de chiens, mais c’est que je ne vous dis pas tout. Je ne vous parle pas de l’incroyable gratitude que je ressens envers la nature d’avoir « créé » une particule de vie il y a plus ou moins 4 milliards d'années, qui a ensuite évolué, jusqu’au jour où cette molécule a finalement fini d’aboutir dans son relooking... pour nous arriver sous la forme d’une chèvre.
Une chèvre! Est-ce qu'il y a quelque chose de plus merveilleux qu’une chèvre dans la vie, mesdames, messieurs? Je veux dire, à part un bébé mouton, bien sûr. Non.
Sauf pour les baleines à bosse. On va pas se mentir, les baleines à bosse sont les reines de la Terre, et si c’était juste de moi, je leur cèderais un ou deux océans à elles seules en guise de terrains de jeu interdits aux humains. Mais bon, c’est pas moi qui décide, ça a l’air, au grand bonheur des habitants qui demeurent autour du territoire que j’ai cédé aux baleines dans la phrase précédente.
Oui, je sais. Certains vont me blâmer de ressentir autant de love pour d’autres créatures que les singes 2.0 que nous sommes. C'est inacceptable. Je sais. Mais je ne sais pas tant que ça.
Je sais, l’humain est le nombril de l’univers. On est plus intelligents quand vient le temps de faire un sudoku ou de construire un gratte-ciel. On connait tous une bonne recette de mac N cheese, mais qu'est-ce que les koalas connaissent au macaroni au fromage, me direz-vous? Très bon point. Ils n’y connaissent rien. Ils sont trop buzzés à l’eucalyptus pour juste partir le rond de poêle et faire bouillir l’eau dans la casserole. Définitivement, les koalas ne servent à rien.
Et que dire des paresseux. Je veux dire, avec un nom pareil, c’est de la provocation. Ils nous disent en pleine face, sans même maîtriser le langage, qu’ils s'en fichent. Toutes les cellules de leur corps s'en foutent. Mais ils le disent clairement, avec un petit sourire sournois au coin de la bouche, comme s’ils savaient quelque chose que nous avons oublié il y a très longtemps.
Les animaux ont le meilleur sens de l'humour, parce qu'ils n'en ont pas du tout. Les êtres sans humour sont parfois, involontairement, les plus drôles.
J'aime plus les requins que les requins de la finance
Humberto Arellano/Unsplash
Les grands requins blancs sont supposés être des monstres qui nous grugent les orteils lors d'une journée à la mer pendant nos vacances, comme des insensibles, avec un grand sourire figé et des yeux de psychopathe.
J’ai déjà observé ces personnages de JAWS de près, un jour, quelque part, dans une activité de cage diving.
J’aurais souhaité qu’ils brassent férocement la cage, afin de ressentir des émotions fortes en plein océan. Je ne sais pas si les animaux viennent parfois nous voir pour eux aussi ressentir une dose d'adrénaline ou si c'est seulement la vie humaine est trop plate?
J'étais presque déçue : les requins diabolisés par le cinéma des années 80 m'ont semblé être de très chics types dans la réalité (pour des prédateurs alpha).
Les trois ou quatre gros tas de dents qui sont venus m’observer les observer étaient d’une grâce digne d’un grand ballet aquatique.
Bien sûr, je n’ai pas eu envie de risquer de leur flatter le nez et de leur gratter la bedaine. Ce sont quand même des animaux merveilleux, d’une immense poésie involontaire, malgré leur regard glacial de poissons qui s’en sacrent ben raide de nous.
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Mais revenons aux animaux cutes. Au-delà de la sensiblerie qui habite habituellement ceux qui surinvestissent émotivement leur animal de compagnie, des études démontrent que de flatter un animal ferait diminuer le stress et les risques d’une crise de cœur. J’attends toujours l’étude qui nous dira que de toucher un humain dans le métro va faire baisser ma pression. Au mieux, un sourire sincère ou un regard compatissant d'un inconnu pourrait peut-être aider ma tension artérielle.
Chose certaine, j’ai beau apprécier les humains assez pour leur acheter des sacs de friandises à l'Halloween et vouloir que tous les enfants de la planète aient un repas nutritif à se mettre sous la dent, personne ne me fait dire Squeeeeee(!) autant qu'une petite bête ordinaire qui sort de nulle part.
J'aime mon vieux chat poussiéreux, même s'il a détruit mon matelas et qu'il me sacre une taloche sur le bras quand je lui flatte le bedon (à sa demande), et je ne suis (presque) pas ridicule.
Mais bon. Même si les animaux sont les meilleurs, c'est pas une raison de ne pas aimer les humains, surtout quand ils savent bien prendre soin des autres espèces avec qui ils partagent la planète.