Frantz Benjamin est québécois, mais porte également Haïti tout au fond de lui. En 2010, il a vécu le tremblement de terre à distance, mais en même temps, il y était si près, en étant présent pour la communauté haïtienne.
De Port-au-Prince au Québec
Né aux Gonaïves, en 1970, il a vécu sa petite enfance à Port-au-Prince. Il a quitté son pays natal à l’âge de 14 ans pour venir s’installer à Montréal avec sa famille.
Il visite toutefois son pays d’origine chaque année et y demeure profondément attaché. Malgré tout, sa vie se déroule à Montréal, une ville qu’il aime et où il tente d’y faire une réelle différence : d’abord comme conseiller de la Ville de Montréal, représentant du district de Saint-Michel, de 2009 à 2018; ensuite, depuis 2018, comme député de la circonscription de Viau sous la bannière du Parti libéral du Québec. Il est également le porte-parole de l’opposition officielle pour les dossiers jeunesse et en matière de tourisme.
Une triste journée
Le 12 janvier 2010 à 16 h 53, il était au bureau de l’arrondissement de Saint-Michel lorsque le téléphone a sonné. La nouvelle commençait à circuler. Un violent séisme venait de secouer son pays d’origine. Il n’a pas quitté son bureau avant 2 heures du matin, pas avant d’avoir envoyé, entre autres, un communiqué pour appeler à la solidarité canadienne et québécoise pour Haïti. Il pensait au bien-être collectif, à une intervention rapide pour son peuple d’origine, alors que lui aussi vivait ses moments d’inquiétudes. Il faisait partie des très nombreuses personnes qui attendaient des nouvelles de leurs proches. Son père se trouvait en Haïti alors que la terre avait grondé. Heureusement, il s’en est sorti indemne. Avec d’autres membres de la communauté, dont l’ancien député de Viau, Emmanuel Dubourg, il travaillera pendant plusieurs semaines à la mobilisation de la collectivité en soutien au peuple haïtien.
La dignité malgré le désespoir
Frantz Benjamin s’est rendu sur place pour voir de quelle façon il pouvait venir en aide au peuple haïtien. Lors de son premier voyage après la tragédie, il a vu une ville ruinée où ne subsistait aucun repère. Cependant, au-delà des images d’horreur et des cadavres, des scènes marquantes de solidarité entre les Haïtiens émanaient de part et d’autre. Le chaos ambiant ne l’emportait pas non plus sur la dignité de ce peuple. Malgré les abris de fortune, l’élégance était toujours au rendez-vous, et ce, malgré le désespoir.
Des interventions concrètes ici et en Haïti
Malgré les difficultés dans lesquelles est plongé Haïti, il croit fermement que chaque petit geste est d’une grande importance.
À la suite du tremblement de terre, lorsque le gouvernement Charest a annoncé un programme de parrainage pour l’immigration humanitaire, Frantz Benjamin, en tant que conseiller municipal, a participé, en collaboration avec la ville de Montréal, à l’embauche d’une douzaine d’agents de liaison pour assurer l’intégration et l’encadrement social et psychologique des nouveaux arrivants. Car le parrainage, au niveau financier, s’avère trop souvent insuffisant. Les gens se doivent d’être accueillis et accompagnés.
Comme élu de la ville de Montréal, il a aussi tenté d’avoir un impact positif en sol haïtien en participant à divers projets d’accompagnement, entre autres dans le cadre du jumelage entre les villes de Montréal et de Port-au-Prince. Les réalisations sont nombreuses, dont un projet d’accès à l’électricité à l’énergie solaire dans le secteur de Morne, la réfection des écoles communales de Port-au-Prince et la réhabilitation des aires de jeux pour enfants dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. En plus de ces projets, Frantz Benjamin collabore à l’octroi de bourses d’études pour les études primaires et secondaires pour les jeunes haïtiens.
Faire une différence, chacun à sa façon
Comme il fait une réelle différence dans son quartier d’adoption, depuis de nombreuses années, le député de Viau croit que l’on peut tous, à notre façon, avoir un impact dans la vie des autres. Il souhaite ardemment que l’on ne s’arrête pas à la situation politique de Port-au-Prince. Haïti ne se résume pas à une ville, même si c’est souvent ce qui est véhiculé dans les médias. Frantz Benjamin nous rappelle qu’« Haïti est un pays culturellement riche, avec une vie ouvrière, une vie étudiante et une paysannerie dynamique malgré tous les défis. C’est un grand pays, avec d’énormes difficultés économiques. Il faut garder espoir; ce peuple digne a le droit d’aspirer à une vie meilleure. »
En effet, tout humain a le droit d’aspirer à une vie meilleure, peu importe l’endroit où il vit.
Frantz Benjamin est un homme engagé et passionné. Il croit au changement, tout comme au pouvoir de la culture. D’ailleurs, en plus d’être député, il est auteur et poète. Selon lui, la culture contribue à faire changer les choses. Il mentionne en entrevue que c’est la poésie qui l’a, en quelque sorte, sauvé. Il connait donc la valeur inestimable des livres, la puissance des mots. Il ne faut donc, en aucun cas, baisser les bras et continuer à parler d’Haïti pour que des changements réels opèrent.
Sympatico souhaite remercier Cynthia Brunet et Betty Archille pour la réalisation de cet article.