Certains enfants sont dotés de plus d’imagination que la moyenne. Même adulte, je fais toujours partie de ces cerveaux qui sont particulièrement perméables à l’univers fictif dans lequel je me projette. Quand j'embarque dans une histoire, je ne le fais pas à moitié. Ça a beau juste être de la fiction, reste que ça a un impact sur nos émotions et notre vie.
Quand j’écoute un film ou une série, les gens qui me connaissent savent que ça va devenir mon univers pendant un certain temps. Quand je rencontre une bonne saga, je l'aie dans la peau!
Toutes les excuses sont bonnes pour faire des références à l’œuvre du moment, même pour des téléréalités légères et autres plaisirs coupables. Par exemple, quand j’ai regardé l'émission Queer Eye, je n’ai pas pu m’empêcher de dire Fabulous et Shamazing à chaque fois que je me séchais les cheveux durant cette période. En fait, je ne me séchais carrément pas les cheveux avant de regarder cette émission.
Disons que certains embarquent plus que d’autres dans l'écran, et j’en suis.
Alors, imaginez ma réaction intense quand je fais la connaissance d'un personnage détestable qui veut du mal aux personnages que j'aime. Ça devient personnel! Et je ne suis pas la seule...
N'est-ce pas? ;)
À chaque histoire son méchant
Ils ont beau être fictifs, les « pas fins » qu'on découvre au petit ou grand écran viennent nous chercher directement dans les tripes. Tellement, qu'on ne peut parfois pas s'empêcher de les injurier à travers notre écran, même s'ils ne nous entendent pas. En tout cas, dans ma famille, c'est comme ça!
Mais pourquoi une bonne histoire comporte toujours un méchant qui viendra écoeurer tout le monde? Parce qu'on adore trouver un coupable sur qui rejeter tout ce qui ne fonctionne pas. À tort ou à raison...
Et d'autres fois, autant dans la vie que dans la fiction, il y a des gens carrément détestables. Et le rôle des vrais héros (ou des héroïnes) est de les déjouer pour protéger tout le monde.
Essayez d'imaginer ce que serait Harry Potter sans Voldemort? John MacClane sans Hans Gruber? Luke Skywalker sans Darth Vader?
Tous ces héros seraient beaucoup moins intéressants sans leurs ennemis à combattre. Les antagonistes – ou si vous préférez, les soi-disant « méchants » – représentent habituellement une menace pour le bien-être des autres personnages d’une histoire.
Malgré tout, ils sont un peu des héros à leur façon. Tout dépend, bien entendu, de notre perspective sur l'histoire et de quel côté de la clôture on se trouve. Parce qu'en temps de guerre ou de conflits, il y a toujours deux côtés à une même histoire.
Les méchants ont souvent un passé rempli d'injustices. Ils ont fini par mal virer, ce qui les a menés vers le côté sombre de la Force... D'autres fois, ils sont juste de mauvaises personnes depuis le début, ou carrément des psychopathes sadiques.
Tout ça ne vous rappelle pas quelque chose, qu'on appelle communément... la vraie vie?
Les méchants : un défouloir utile?
Pour le public, de regarder les méchants d'une fiction à la télé est une manière comme une autre d’apprivoiser ce qui nous fait peur dans la réalité. On peut alors exorciser nos craintes tout en étant confortablement évachés sur le divan en linge mou, le tout à travers la sécurité d’un écran qui nous sépare de l'horreur qui ferait frissonner n'importe quel humain normalement constitué.
Imaginez si un jour, on devait obligatoirement écrire des histoires qui commencent bien et qui finissent bien. Pas d'ennemis, pas de bobos, pas de destruction. Même les films de Disney les plus fleurs bleues s'inspirent du bien et du mal, de la vie et de la mort. Les histoires seraient soudainement bien moins épiques.
Et si au lieu de les censurer, on célébrait les personnages qu’on adoooore détester? Grâce à eux, on vit toutes sortes de sensations fortes, et on valorise les bonnes actions des protagonistes qui sont encore plus contrastées par les crimes commis par les vilains qu'on haït.
Chialer devant son téléviseur
Avouons que c’est un sport souvent pratiqué dans les salons au Québec : insulter un personnage qui joue à la télé pendant qu'on est étendu dans notre lazy-boy. Difficile de se retenir de sacrer contre un personnage qui essaye de saboter les plans des gentils. Pire encore : un allié se retourne soudainement contre le protagoniste et le trahit. Outch! Ça fait mal à nos valeurs.
Le maudit écoeurant devra payer. Que justice se fasse, et vite!
Le sergent-détective Yanick Dubeau de District 31 et nous
Il arrive parfois qu’un acteur se confie au sujet de la haine que des passants projettent sur lui dans la rue parce qu’ils détestent au plus haut point le personnage qu’il campe.
Patrice Godin s’est confié à ce sujet, depuis que l’intrigue autour de son personnage exécrable de District 31 est entré dans la vie des québécois à travers le petit écran.
Le comédien avouait en entrevue à Radio-Canada tout le côté malsain de la popularité, puisque certains fans de l'émission confondent l'acteur avec son personnage. Sa belle face ne leur revient juste plus depuis que le côté sombre du sergent-détective Yanick Dubeau est sorti au grand jour!
Patrice Godin dans District 31 / Radio-Canada
Ça ne doit pas être facile à vivre pour un comédien quand ses talents d'acteur le rendent si détestable aux yeux du public. Disons que son personnage donne des frissons à plusieurs d'entre nous. Mais ça mérite un trophée Artis beaucoup plus que des sourcils froncés en allant faire son épicerie!
Séparer l'acteur du rôle
L’actrice Lena Heady, qui interprète le rôle de Cersei Lannister dans la série Games of Thrones, a déjà confié avoir reçu beaucoup de commentaires de fans qui la détestent vraiment comme personne, simplement car elle porte le même visage que son personnage.
Même si cela peut paraitre embêtant, elle affirme tout de même que ce qui l’inquiète beaucoup plus, c’est de voir qu'il existe des gens qui adorent son personnage, qui est profondément détestable. Eh oui, ça existe aussi.
Des gens s’amourachent de personnages détestables. C’est un peu le phénomène du vampire. Dracula n’est bon pour personne qui tient à la vie, et pourtant, certaines personnes rêvent de se faire mordre la nuque par lui, comme envoûtées dans une transe qui va à l’encontre de leur bien-être. C'est l'ultime bad boy. Chacun ses fantasmes, quoi.
L’acteur Penn Badgley, qui interprète Joe Goldberg dans la télésérie You (Parfaite, en version française) a récemment dû envoyer un message sur les réseaux sociaux pour rappeler que son personnage psychopathique au physique flatteur n'est pas un séduisant jeune homme romantique, mais bien un meurtrier fou à lier.
Quand la fiction se transporte dans nos vies
Ce n’est pas d’hier qu’on raconte des histoires aux petits pour les endormir, les divertir, leur apprendre des leçons, et même parfois pour leur faire peur. La littérature orale, les contes, les chansons, les pièces de théâtre, les illustrations sont toujours parmi nous, mais depuis quelques décennies, c’est principalement à travers notre écran qu’on se projette dans des histoires.
Même la science-fiction la plus farfelue est inspirée de la réalité humaine qui nous entoure. Ces personnages fictifs, gentils comme méchants (ou situés dans une zone grise et complexe entre les deux, un peu comme Drago Malfoy dans Harry Potter) ont des effets bien réels sur nos vies. On les admire, on les déteste, mais ils font partie de notre vie et ils nous ramènent à qui l'on est comme humains.
Qu'est-ce qu'on ferait sans les vilains qu'on aime détester? Disons que la vie serait moins divertissante et qu'on n'aura pas autant d'excuses pour injurier notre écran de téléviseur!
Et vous, qui adorez-vous détester ces temps-ci?
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