Après le séisme en Haïti, Nersa Dorismond n’a pas pu faire autrement devant l’ampleur de la tragédie : elle a quitté un emploi de cadre, qu’elle occupait depuis les 10 dernières années, pour se lancer dans l’aide communautaire et apporter sa contribution en sol haïtien.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nersa Dorismond est une fille d’action. Ce n’est pas sans raison qu’elle œuvre en gestion de projets depuis de nombreuses années. Le tremblement de terre l’a touchée et troublée comme de nombreuses personnes, mais elle n’est pas restée passive face à la situation. Elle s’est rendue sur le terrain et s’est questionnée sur la façon dont elle pouvait aider.
Une triste journée, une longue semaine d’inquiétudes
Nersa Dorismond est née à Montréal de parents d’origine haïtienne. Elle est québécoise, mais bien sûr, une partie d’elle est liée à Haïti.
Le jour du tremblement de terre, ses parents se trouvaient là-bas. Elle a pu les joindre au téléphone dès la première secousse, et puis, plus rien. Durant une semaine, elle n’a reçu aucune nouvelle d’eux. Ces journées ont été longues et pénibles. Elle ne pouvait détourner le regard de toutes ces photos poignantes et troublantes. La tragédie la touchait profondément, mais elle était consciente de son impuissance.
Après de longues journées d’attente, la nouvelle lui est parvenue : ses parents avaient survécu. Ses inquiétudes pour eux pouvaient se dissiper, mais elle n’en demeurait pas moins tourmentée par la situation.
En mars 2010, quelques semaines de congé de son emploi lui ont permis de se rendre en Haïti en tant que bénévole. Ce premier voyage était exploratoire. Elle a visité les coins les plus touchés par le séisme soit Port-au-Prince, Petit-Goâve, Miragoâne, Jacmel et Leogâne. Elle participait à l’organisation de l’aide humanitaire et faisait l’inventaire des dégâts. Sur place, elle réfléchissait à tous les projets possibles afin de reconstruire le pays.
Quelques semaines plus tard, elle revenait à Montréal pour mobiliser les Montréalais afin de les encourager à faire des dons en argent, en vêtements, mais aussi en produits de première nécessité; dons qu’elle ira porter elle-même en Haïti lors d’un prochain voyage.
Toutefois, alors qu’elle se retrouvait dans le confort de Montréal, le traumatisme de son expérience remontait à la surface : tout ce qu’elle avait vu, vécu, tout ce qui devait être fait.
Elle ne pouvait plus continuer comme si ces semaines ne l’avaient pas profondément transformée. Elle a donc quitté son emploi de cadre qu’elle occupait depuis les 10 dernières années pour se concentrer sur l’aide qu’elle pouvait apporter en Haïti.
Elle s'est entre autres impliquée, avec une amie, auprès d’Action SOS Haïti. Cet organisme sans but lucratif s’est donné comme mission de mobiliser le capital humain pour soutenir et investir dans les efforts de reconstruction du pays en particulier dans les villes de Petit-Goâve, Leogâne, Miragoâne et Gressier.
Des projets implantés en Haïti pour un développement durable
Nersa a également réussi à concrétiser les projets imaginés alors qu’elle était en sol haïtien après le tremblement de terre.
Ceux-ci ont résisté à travers le temps. Mille et un métiers permet d’envoyer du matériel de toutes sortes que les Haïtiens peuvent utiliser pour travailler à long terme et ainsi subvenir à leurs besoins. À travers ce projet, plusieurs ont reçu des machines à coudre, des outils, des pelles, des brouettes, etc. Elle a aussi participé à l'implantation d'une école de plomberie à Miragoâne; celle-ci est toujours en fonction.
Derrière tous ses projets, l’objectif de Nersa est de rendre les gens autosuffisants à long terme malgré le peu qu’ils reçoivent.
L’espoir toujours présent
Nersa croit en un avenir pour le peuple haïtien. D’ailleurs, à travers des souvenirs sombres associés au tremblement de terre de 2010, d’autres, plus positifs, en émergent. Entre autres, à son arrivée en Haïti après le séisme, elle avait été marquée par l’implication des jeunes. Sans aucune aide extérieure, ils avaient réussi à s’organiser avec le peu qu’ils avaient.
Mais assurément, il faut leur donner tous les outils nécessaires afin que le pays puisse se développer. Tous les Haïtiens doivent avoir accès à l’éducation, à l’apprentissage de métiers, à des techniques de structure et d’encadrement. Il est impératif de leur offrir la chance de grandir. Chaque petit geste fait une différence. L’espoir doit demeurer et le pays réussira à se transformer. Nersa Dorismond conserve la flamme et croit au changement, emboitons-lui le pas.
Sympatico souhaite remercier Cynthia Brunet et Betty Archille pour la réalisation de cet article.