L'invasion de l'Ukraine par la Russie choque le monde entier et ramène l'intérêt des gens sur les régimes autoritaires et autocratiques... Incluant ceux qui, par le passé ou dans le présent, ont été dirigés par des dictateurs.
Mao Tsé-Toung, Hitler, Pol Pot, Tito, Saddam Hussein, Gengis Khan: toutes les époques ont connu leurs dictateurs et la nôtre ne fait pas exception. Voici les portraits de 7 dictateurs qui règnent présentement sur leurs pays en maîtres absolus, aussi cruels et avides les uns que les autres, au détriment de leur peuple souvent miséreux et misérable.
À lire aussi pour rester informé sur l'actualité: Dossier pour comprendre l'invasion russe en Ukraine
1. Kim Jong-un — Dirigeant de la Corée du Nord (Extrême Orient)
Crédit photo: Ed Jones/AFP/GettyImages
Kim Jong-un, né vers 1983, est le plus jeune dictateur vivant. Il est au pouvoir depuis la mort de son père, en 2011. Son père a appauvri le peuple nord-coréen, a laissé la famine se répandre et a jeté des centaines de milliers de personnes dans des camps de prisonniers (il y en a environ 200 000 encore aujourd’hui), tout en dépensant les rares ressources du pays sur un programme nucléaire. Kim Jong-un continue allègrement sur les traces de son père et gouverne le pays avec un culte de la personnalité poussé à l’extrême.
La Corée du Nord est aujourd’hui l’état le plus totalitaire et isolationniste au monde. Ses violations des droits de l'homme sont difficiles à déterminer parce que le gouvernement de Kim Jong-un musèle violemment tous les médias du pays. Il n’y a aucune liberté d’expression, de religion ou de voyage, et en tant que pays du monde le plus homogène ethniquement, les droits des minorités sont inexistants. La peine de mort est largement répandue, sans trop de processus judiciaire.
En 2013, à la suite d’exercices militaires communs entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, Kim Jong-un les a menacés de guerre nucléaire. En octobre 2013, il a fait fusiller son ex-petite amie ainsi que onze membres de son groupe de danse à cause d’une vidéo où elles étaient légèrement vêtues. Le 12 décembre 2013, il a fait exécuter son oncle, numéro deux du régime, soi-disant pour des actes criminels et une faction contre-révolutionnaire. Le régime nord-coréen ne punit pas seulement l’individu dissident, mais condamne toute sa famille, parents, grands-parents, enfants, tous sont envoyés dans des camps de travail forcé. Kim Jong-un serait responsable de la mort d’au moins 31 officiers et officiels depuis septembre 2010.
2. Gurbanguly Berdimuhamedow - Président du Turkménistan (Asie centrale)
Crédit photo: Kayhan Ozer/Anadolu Agency/Getty Images
Gurbanguly Berdimuhamedow, né le 29 juin 1957, est depuis le 14 février 2007 le président du Turkménistan, un pays d'Asie centrale entouré par l'Afghanistan, l'Iran, la mer Caspienne, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Dentiste de formation, Berdimuhamedow a succédé à l’excentrique tyran Saparmurat Niyazov (qui avait fait renommer les mois de l’année d’après son propre nom et celui de sa famille), dont il a conservé les politiques répressives pour la simple raison, a-t-il expliqué: il lui ressemble beaucoup physiquement.
C’est lui qui a organisé en 2004, alors qu’il était vice-président, la politique de santé imaginée par son prédécesseur en supprimant les hôpitaux de campagne ainsi que 15 000 emplois médicaux pour faire des économies budgétaires.
Le régime de Gurbanguly Berdimuhamedow est considéré par plusieurs organismes indépendants comme une dictature : en effet, le culte de la personnalité, les scores soviétiques aux élections, les projets pharaoniques comme le soi-disant « Palais du bonheur » inauguré en grande pompe pour les 20 ans de l'indépendance pour des sommes sans commune mesure avec la richesse du pays sont autant d'indices qui convergent vers cette conclusion.
3. Bachar al-Assad — Président de la Syrie (Moyen-Orient)
Crédit photo: JOSEPH EID/AFP/Getty Images
Bachar al-Assad, né en 1965, est le président de la Syrie depuis 2000. Il a succédé à son père qui a dirigé le pays pendant les 30 années précédentes. On le décrit comme un despote prétentieux qui tente tant bien que mal de chausser les souliers de son père, qui seraient trop grands pour lui. Al-Assad a dépensé une fortune dans des pays comme le Liban et l’Iraq, tout en négligeant les besoins de son peuple. Al-Assad est accusé par les États-Unis et Israël de soutenir des factions terroristes comme le Hezbollah, le Hamas et le djihad islamique.
En 2011, quand un « printemps arabe » s’est soulevé en Syrie, la réponse d’al-Assad a été de répondre par la répression de la police et les militaires. Ces violences ont donné naissance à l’Armée syrienne libre, composée d’opposants et de déserteurs de l’armée. Al-Assad a été accusé d’avoir utilisé des armes chimiques à plusieurs reprises sur les opposants à son régime.
4. Alexandre Loukachenko — Président de la Biélorussie (Europe de l'Est)
Crédit photo: PETRAS MALUKAS/AFP/Getty Images
Alexandre Loukachenko, né en 1954, est un ancien agriculteur devenu président de son petit pays voisin de la Russie. Il a été élu en 1994, puis constamment réélu depuis. Mais comme l’opposition n’a pas le droit de parole, la communauté internationale conteste le résultat de toutes les élections auquelles il a pris part. Loukachenko est souvent qualifié de « dernier dictateur d’Europe », à cause de la continuelle restriction des libertés publiques dans son pays. Il est interdit de séjour dans l’Union européenne ainsi qu'aux États-Unis.
Son pouvoir est appuyé par la Russie, qui le soutient malgré les accusations des pays occidentaux. Ouvertement pronucléaire iranien, anti homosexuel et antisémite, il se défend par le fait que son pays est une "démocratie" et qu'ainsi chacun a le droit à la liberté d’expression.
5. Isaias Afewerki — Président de l’Érythrée (Afrique)
Crédit photo: SIMON MAINA/AFP/Getty Images
Isaias Afewerki, né en 1946, est le président de l’Érythrée depuis son indépendance, en mai 1993. Il est le premier et le seul président de la courte histoire de ce pays. Cet ancien secrétaire général du Front populaire de libération de l’Érythrée était au départ considéré comme un libérateur. Mais une fois au pouvoir, Afewerki a plutôt fait de son pays une prison où les médias indépendants ont été fermés, les élections rejetées et où le service militaire sans fin est obligatoire.
Des messages diplomatiques révélés par Wikileaks en décembre 2010 ont brossé un portrait peu flatteur du gouvernement d’Afewerki. « Les jeunes érythréens fuient leur pays, l’économie se meurt, les prisons débordent et le dictateur reste cruel et méfiant. Est-ce que le pays frôle le désastre ? », se demandait alors l’ambassadeur américain Ronald McMullen.
Plus de la moitié de la population souffre de malnutrition, ce qui n’a pas empêché le pays de refuser de l’aide alimentaire étrangère, car, comme l’a déclaré l’ambassadeur érythréen aux médias : « l’aide alimentaire étrangère diabolise notre population et les rend paresseux ». Dans un rapport publié en 2013, Amnistie Internationale décompte plus de 10 000 prisonniers politiques en Érythrée, arrêtés arbitrairement et détenus sans procès dans d’atroces conditions. Le gouvernement d’Afewerki est accusé «d' autoritarisme ».
6. Mswati III — Roi du Swaziland (Afrique)
Crédit photo: MARY ALTAFFER/AFP/Getty Images
Mswati III, né en 1968, est le roi du Swaziland, un petit pays africain de 1,2 million d’habitants. Il a succédé à son père en 1986 et est actuellement le dernier monarque absolu en Afrique. Parce qu’il a été élevé et a été déqué en Angleterre, on a d'abord cru qu’il allait moderniser le royaume... Mais il a plutôt montré qu’il ne souhaitait pas de changement dans les traditions ou les coutumes. En 2012, il a regardé des milliers de filles et de jeunes femmes danser les seins nus lors d’une tête traditionnelle organisée pour lui permettre de choisir celle qui deviendrait sa 10e femme (son père a avait eu environ 100).
La mère de la fille sélectionnée a ensuite poursuivi le roi, en l’accusant de kidnapping. Mswati, qui règne par décret, a alors annoncé que la justice au Swaziland n’avait plus le droit d’émettre des règlements limitaiant le pouvoir du roi. Alors que son pays fait partie des pays les plus pauvres du monde et que 26,5 % de sa population est victime du sida et de la sécheresse, le roi Mwsati III a acheté pour lui et ses femmes 20 BMW et une Daimler-Chrysler d’un demi-million de dollars. Le roi a déclaré en 2013 que seule la mort peut défaire une union traditionnelle, même si la culture swazie permet la fin des mariages.
7. Teodoro Obiang Nguema - Président de la Guinée équatoriale (Afrique)
Crédit photo: Amine Landoulsi/Anadolu Agency/Getty Images
Teodoro Obiang Nguema, né en 1942, a pris la tête de la République de Guinée équatoriale en 1979 suite à d’un coup d’État contre son oncle. Il a été réélu plusieurs fois avec des scores frisant les 100 % -indiquant fortement une ingérance dans les élections. La Guinée équatoriale, qui ne compte que 750 000 habitants, était une dictature qui passait plutôt inaperçue jusqu’à ce qu’on y découvre des réserves de pétrole en 1995. Depuis, les pétrolières ont investi des milliards de dollars dans le pays. Le revenu annuel per capita est donc de 4 472 $, alors que plus de 60 % des Équatoguinéens gagnent moins de 1 $ par jour. L’argent du pétrole va donc directement au président Obiang, qui a déclaré qu’il n’y avait pas de pauvreté en Guinée et que les gens étaient surtout habitués à vivre d’une façon différente. Selon le magazine Forbes, Obiang est l’un des chefs d’État les plus riches du monde, avec une fortune estimée à 600 millions de dollars. Il est aussi désormais le plus ancien président toujours en exercice dans le monde (après 43 ans de pouvoir).
Dans son pays, il n’y a pas de transport public, pas de médias et seulement 1 % du revenu du gouvernement va à la santé. Quand on lui demande pourquoi il garde autant d'argent de son pays pour lui-même, Obiang explique que ceci lui permet d'éviter la corruption. La radio d’État a déjà annoncé que le président Obliang est en contact permanent avec le « Tout-Puissant » et qu’il pouvait donc « commettre des meurtres sans avoir à rendre des compte à qui que ce soit et sans aller en enfer ».
À lire aussi:
- Les 10 plus grandes puissances militaires au monde
- Les pires cauchemars nucléaires
- 10 des pires erreurs judiciaires