Pourquoi les hommes se tuent-ils? Jusqu'où la propension à la violence meurtrière fait-elle partie de notre bagage génétique? Une étude publiée dans Nature menée par l’équipe de José Maria Gómez, biologiste à l'Université de Grenade et du campus du Conseil national de la recherche espagnol à Almería, nous apporte des réponses.
Partant de la prémisse que la propension à tuer son prochain est un phénomène observable non seulement chez l’Homme, mais aussi chez d’autres espèces, les chercheurs ont rigoureusement parcouru des décennies de recherches scientifiques. L’objectif: noter la façon dont plus de 1000 espèces de mammifères meurent, et la proportion des membres tués par leurs congénères.
L'Homme, un mammifère bien meurtrier
Les scientifiques ont ainsi pu observer des différences notables entre différentes espèces. Par exemple, les chauves-souris ou encore les baleines s’entretuent rarement, voire jamais, tandis que d'autres, comme les écureuils et les musaraignes, ont une propension plus forte à se tuer entre eux.
Quant aux espèces vivant en groupes et défendant des territoires, comme les loups, elles ont tendance à être plus violentes.
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Toutefois, du côté des singes la tendance varie. Près de 4,5% des décès chez les chimpanzés seraient causés par d’autres chimpanzés, alors que du côté des bonobos, cela ne représente que 0,68%.
Autre constat, statistiquement, plus les proches parents sont violents, plus l’espèce risque d'être violente. En se basant sur les informations de notre plus proche parent, l’homme de Néandertal, les chercheurs ont établi que 2% des décès chez l’Homme serait donc causé par des actes de violence perpétrés par d’autres humains… enfin, si l’on en croit notre héritage phylogénétique.
Une histoire violente
Pour vérifier si nous sommes aussi sanguinaires que ce que notre bagage génétique prévoit, l’équipe de Gomez s’est affairée à fouiller la littérature documentant la violence mortelle chez les humains (600 populations) de la préhistoire à aujourd'hui.
Les pires tueuses en série
Résultat, au fur et à mesure que les hommes se sont regroupés, le taux de violence dite mortelle a grimpé atteignant jusqu'à 12% en Eurasie à l’époque médiévale! Toutefois cette tendance à la violence est passée par la suite en-deçà de ce que « prédisait » notre patrimoine évolutif, relevant plutôt de 1,3% d’après les chercheurs.
Autrement dit, « l'État moderne », aurait découragé les agressions menant au meurtre de notre prochain. Comme le souligne le chercheur, cela indique que la société ou la « culture » peut donc sensiblement moduler une tendance génétique pourtant bien meurtrière...