Je suis tatouée, ce n’est pas un secret pour personne.
C’est paradoxal parce que pendant des années, je me suis fait colorier le corps à des endroits où je pouvais cacher mes tattoos. J’ai commencé par mon dos, je me suis amusée avec mes jambes et ça ne fait qu'un an que j’assume mon avant bras et mon épaule.
Avant ça, le discours que j’avais avec ma tatoueuse était clair : on travaille les endroits que je peux dissimuler.
Les tattoos, ça fait jaser
Avec les années, j’ai appris à vivre à temps plein avec mes petites oeuvres d’art corporelles. Mais ce n’est pas toujours facile… Même si de plus en plus, la culture du tatouage s’évade de son côté marginal, ça demeure un sujet qui fait TOUJOURS jaser.
Je le sais, je le vis au quotidien. Dès que je publie une photo où l’on voit mes tatouages, ou dès que je fais une apparition télé où la tenue que je porte met en valeur les créations de Rebecca Guinard, on m’écrit à ce propos.
Mais je serais menteuse de dire que c’est toujours négatif. La majorité du temps, on me dit que c’est joli, que ça me va bien, on me demande les coordonnées de celle qui me parsème le corps de couleurs et de souvenirs.
Cela dit, pour certaines personnes, les tatouages ne sont pas encore acceptés. Et ça, en tant que personne tatouée, il faut l’accepter nous aussi.
Toutes sortes de commentaires
Les commentaires reçus dépendent toujours du contexte de présentation, bien entendu. Quand j’étais à l’émission Par ici l’été à ICI Radio-Canada Télé, le public qui nous écoutait était un peu plus âgé que les gens qui écoutent Code F. à VRAK, ou qui me google parce qu’ils m’ont entendu à la radio.
Les commentaires étaient ainsi parfois plus difficiles à digérer pour moi :
« Radio-Canada ne devrait jamais te mettre en ondes, l’antenne perd toute sa crédibilité. »
« Tes tatouages, c’est atroce. Pourquoi s’enlaidir de la sorte? »
« Je ne comprendrai jamais cette idée indélébile, en plus avec des bibittes semblables. Contente que ça ne soit pas ma fille. »
Je te l’ai dit, ça fait TOUJOURS jaser les tattoos.
Grâce à des initiatives comme Tous Encrés, par exemple, on commence à voir de plus en plus de gens qui arborent des tatouages.
Parce qu’on ne se mentira pas, même si tous les êtres humains ne sont pas aussi tatoués que moi, il est désormais rare de rencontrer quelqu’un qui n’a jamais ressenti la sensation douloureuse des aiguilles sur sa peau. Douloureuse, mais agréable… Je le sais, encore une fois, c’est paradoxal.
Parce que j'assume enfin mes tattoos
Tout ça pour dire que depuis l'année passée, les photos que j’ai prises pour le projet Profil au Pluriel circulent sur Internet. On y voit TOUS mes tatouages. Et je reçois aussi tous les commentaires et/ou les questions imaginables.
Mais vous savez quoi? Je suis heureuse de vous dire que j’assume enfin pleinement mes couleurs. Je choisis même des vêtements qui les mettent en valeur, je m’arrange pour faire en sorte qu’elles soient mises de l’avant.
Je ne fais pas ici l'éloge des tatouages et des tatoués, je fais juste vous dire que je réalise que plus on parle de cette culture, plus on la démystifie.
Plus je constate que notre société fait du chemin quant à cet art qui était autrefois réservé aux contestataires, aux non-conformistes et aux gens qui ont fait de la prison, plus je me dis qu’on fait du chemin face à plusieurs idées préconçues de notre société.
Ne jamais se faire tatouer sur un coup de tête...
Je termine toutefois en vous disant que si vous avez le goût de vous faire tatouer, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Il faut prendre le temps d’y penser longuement, il faut magasiner son tatoueur, il faut s’assurer de prendre une décision réfléchie quant à l’endroit et à la grosseur de son œuvre.
J’ai moi-même regretté deux tatouages que j’ai fait faire à mon adolescence et j’ai pris la décision de les faire recouvrir… À l’époque, je ne comprenais pas le caractère indélébile des tatouages. Je voulais le faire maintenant. J’avais 16 ans et je pensais me connaître pleinement. Mais se faire tatouer, c’est une décision « d’adulte ».
Quand on y pense, un tatouage, ce sera toujours permanent. Et les préjugés que certaines personnes ont face aux tatoués seront toujours persistants.