Avez-vous déjà réalisé à quel point le corps féminin (et la mode qui y est associée) mis de l'avant dans notre société avait changé au fil des années?
Voici un survol de la femme considérée comme « idéale » dans le dernier siècle.
1910 : La femme Gibson
Charles Gibson était un illustrateur important de l’époque, qui a travaillé pour de nombreux magazines et journaux. Sa représentation de l’idéal féminin, inspirée par sa propre femme et ses quatre belles-sœurs, est devenue emblématique du tournant du siècle. Elle mettait de l’avant de belles filles urbaines et cultivées, libres d’esprit et habillées de manière plus « relax » (oui oui!) que les conventions de l’époque le souhaitaient.
On a même lu quelque part que les filles Gibson étaient l’équivalent des Kardashian de leur époque!
Robert Huffstutter/Flickr
Physiquement, leur plus grande caractéristique était une chevelure massive portée en chignon sur le dessus de la tête. Elles avaient aussi une petite taille, surtout à cause de leur corset « en S » , qui faisait une silhouette avec un ventre plat, une poitrine proéminente et des hanches poussées vers l’arrière.
1920 : Les années folles
C’est durant cette décennie que les femmes ont obtenu le droit de vote dans de nombreux pays (sauf au Québec...), alors les mot-clés de cette période sont l’indépendance et la liberté.
Vers 1920, les femmes ont enfin laissé tomber le corset et la silhouette idéale est donc un rectangle, sans courbes. Il va sans dire que la femme « parfaite » de cette époque est mince, voire très mince. Les femmes portent les cheveux courts et les vêtements ont généralement une taille très basse, pour cacher la taille naturelle.
Par contre, en l’espace de quelques années seulement, les jupes et les robes sont devenues beaucoup plus courtes, permettant de dévoiler les mollets jusqu’aux genoux. Scandale!
1930 : La Grande Dépression
Twitter de Joan Crawford's Best
Encore une fois, en quelques années seulement, tout a changé : les courbes plus « naturelles » sont de retour. Mais comme il s’agit d’une décennie de privation et de sobriété, on n’est pas dans l’exagération. La femme idéale a donc des seins, une taille et des hanches, mais ces formes sont préférablement assez subtiles.
La plus grande tendance de cette décennie, ce sont les robes et les jupes coupées en biais, c’est-à-dire dans la diagonale du tissu. Cette nouvelle coupe épousait les formes féminines comme jamais auparavant.
1940 : La Guerre
Les hommes partis à la guerre, les femmes vont travailler dans les usines et prennent le contrôle. C’est donc une décennie sous le signe des femmes fortes et vaillantes. Les épaules larges et les bras musclés sont prisés, puisqu’ils prouvent la participation à l’effort de guerre.
Du côté des vêtements, la silhouette idéale est le sablier; les angles sont plus importants que les courbes, alors les femmes « trichent » avec des épaulettes et des soutiens-gorge qui donnent aux seins une forme de torpille.
Même la mode a une influence militaire : chemisiers, vestons et manteaux très structurés. On voit aussi apparaître le pantalon, plus pratique pour le travail manuel.
1950 : La pin-up
Du point de vue de la silhouette idéale, les années 50 marquent l’exagération de la décennie précédente, avec le sablier ultime : grosse poitrine, petite taille et hanches bien marquées. Ce n’est pas la décennie des femmes très minces; lorsqu’elles n’avaient pas assez de courbes, les femmes se faisaient conseiller de prendre du poids!
Le style privilégié est la jupe et la robe ample, avec la taille bien cintrée. Les fesses charnues sont également un atout, que l’on dévoile avec des shorts courts, des maillots de bain taille haute et des robes plus près du corps.
1960 : La gamine
Plus ça change, plus c’est pareil : la femme idéale dans les années 60 est petite de taille et surtout de stature, avec une poitrine menue et des hanches étroites. C’est depuis cette période que la minceur est considérée comme un idéal par la société en général. Twiggy, la mannequin la plus célèbre de l’époque, mesurait 5' 6'' (1,68 m) et avait très peu de formes!
De belles jambes élancées sont importantes, puisque c’est l’apparition de la mini-jupe. La mode devient aussi plus éclatée, avec des couleurs vives et des imprimés plus audacieux. Le vêtement le plus symbolique de cette décennie : la robe trapèze.
1970 : La femme « relax »
C’est une décennie où les pantalons (surtout les jeans) sont à l’avant-scène. Leur taille est très haute et la jambe est très large. La femme idéale est mince, avec à peine plus de courbes que pendant la décennie précédente. Tout à coup, le style casual devient plus acceptable et montré en public.
C’était également important de paraître plus grande, ce qui explique en partie les « pattes d’éléphant », puisqu'on croyait que avoir beaucoup de tissu au bas du corps allongerait la silhouette. Les cheveux font un grand retour comme point focal du style : ils sont de préférence bouffants et dégradés.
1980 : La supermodel
L’idéal féminin devient de plus en plus spécifique et de plus en plus inatteignable! La femme « parfaite » est alors très grande, très mince, avec un corps ferme et bronzé. C’est la décennie de l’aérobie; les femmes veulent améliorer leur physique et font de l’exercice un « passe-temps ».
Du côté de la mode, cette décennie est parmi les plus éclatées, avec des couleurs néons, des chevelures crinière, des jeans délavés à l’acide, des épaulettes énormes et des looks androgynes.
1990 : La waif
La principale caractéristique de la décennie, c’est la minceur extrême dans les idéaux de beauté. La taille n’est plus tellement importante, mais la maigreur prend toute la place. Le terme « waif », qui signifie en anglais une petite fille itinérante et mal nourrie, est couramment utilisé. Kate Moss, la mannequin vedette du moment, est connue pour maintenir sa silhouette en mangeant très peu et en fumant des cigarettes à la chaîne. La femme idéale n’a donc pratiquement pas de courbes et son pourcentage de gras est au minimum.
Côté mode, c’est l’époque des pantalons à taille basse portés avec des crop tops, des petites jupes à carreaux style écolière, des salopettes en jeans et des pinces en papillons dans les cheveux!
2000 : L’amazone
La minceur et les courbes sont encore importantes, mais à cela s’ajoute aussi l’importance d’un corps musclé. Des bras et des abdominaux bien définis sont très prisés. La femme « idéale » est forte et un peu rebelle!
Malheureusement, il y a encore peu de place dans les médias pour les femmes qui dérogent de cet idéal.
2010 : Le derrière généreux
Depuis quelques années, une petite révolution s’est opérée dans l’espace public, puisque la minceur à tout prix et le corps « parfait » ne sont plus au centre du discours. On voit d'ailleurs apparaître un nouveau type féminin considéré comme étant désirable : des fesses bien rondes avec une taille plus petite.
Mais en règle générale, on voit enfin plusieurs types de corps dans les médias, ce qui on l’espère va peut-être aider à l’estime de soi des jeunes (et moins jeunes) femmes!
Vous l’aurez compris les filles : ce qu’on essaie de vous dire ici, c’est qu’il n’y a PAS de corps idéal. Tout ceci est à la fois complètement subjectif, aléatoire et surtout très différent d'une époque à l'autre. D'ailleurs, sauf pour la très grande minorité d’entre nous, c'est complètement impossible à atteindre.
Donc même si c’est toujours intéressant de retourner en arrière pour comparer, la seule chose à faire, c’est d’essayer de s’aimer telle qu’on est! ❤️