Notre façon de consommer la musique a énormément changé depuis les dix dernières années. On ne peut par exemple que constater le raz-de-marée que représente le streaming (diffusion en continu). Les Apple Music, Spotify et autres Deezer ont complètement modifié notre comportement de consommateur. Nous achetons de moins en moins d'albums physiques, nous prenons des abonnements, un ticket d'entrée mensuel (très abordable au demeurant) qui nous donne accès à un flux continu et illimité. Pour une dizaine de dollars, on peut ainsi écouter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 toute la musique qu'on veut et transformer son téléphone intelligent en une discothèque infinie.
Est-ce que le streaming est écologique?
Mais on aura noté que l'heure du tout numérique et du streaming à outrance coïncide également avec l'heure où la planète va mal et où on cherche à limiter notre empreinte carbone sur la planète. Or, selon une récente étude conjointe des universités de Glasgow et d'Oslo intitulé « le coût de la musique », le monde du streaming est loin d'être vert!
Pendant des années, les préoccupations environnementales quand on parlait de musique concernaient essentiellement les emballages en plastique, toutes les pochettes de disques compacts, de jaquettes de DVD, de vinyles et de cassettes audio. Des millions et des millions de kilos de plastique ont ainsi été fabriqués depuis les années 70. Mais qu'en est-il aujourd'hui?
Selon l'étude, l'industrie numérique et cette nouvelle ère du « Tout streaming », produit beaucoup plus de gaz à effet de serre que l'ère précédente, celle des cassettes et des disques compacts. Intuitivement, on aurait pu penser le contraire. Le professeur de musique de l'Université d'Oslo, Kyle Devine souligne ce paradoxe : « Les chiffres peuvent suggérer que l'augmentation des téléchargements et du streaming pourrait rendre la musique plus respectueuse de l'environnement, mais une réalité très différente apparait lorsque nous pensons à l’énergie qui doit être utilisée pour faire fonctionner toute la musique en ligne. Le stockage et le traitement de la musique en ligne consomme énormément de ressources et d'énergie, ce qui a un impact important sur l'environnement ».
Selon l'étude, rien que dans l'industrie américaine du disque, la production de plastique a été ramenée de 58 millions de kilogrammes en 1977 à seulement 8 millions en 2016. L'énergie nécessaire au maintien de toutes les plateformes de l'ère numérique provoque des dommages alarmants, bien plus intenses que ce que le plastique n'a jamais fait. « Du point de vue des émissions de carbone, la transition vers le streaming a entraîné des émissions de carbone nettement plus élevées que jamais auparavant dans l'histoire de la musique », ajoute le spécialiste. L'étude précise aussi que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté : de 140 millions de kilogrammes en 1977 à 157 millions en 2000, et quant aux estimations pour 2016, elles se se situaient entre 200 et 350 millions de kilogrammes rien que pour les États-Unis.
Que faire avec notre consommation de musique actuelle?
Matt Brennan, un des chercheurs principaux qui a travaillé sur cette étude souhaite que celle-ci permette aux gens de prendre conscience de cette réalité. « Le but de cette recherche n'est pas de dire aux consommateurs qu'ils ne doivent pas écouter de la musique, dit-t-il déclaré, mais de mieux comprendre l'évolution des coûts liés à notre comportement de consommation de musique ».
Consommer différemment, comme l'encouragent de le faire les instigateurs du Record Store Day (jour du disquaire), un événement qui revient deux fois par an et qui se déroule dans plusieurs magasins de disques indépendants du monde entier chaque avril et novembre et qui vise à encourager les passionnés de musique à acheter de la musique directement chez des disquaires.
Pour plus de trucs afin de réduire votre empreinte écologique, visitez le Collectif Zéro Déchet.