Au cours de sa vie, une femme aura ses règles mois après mois (pour la plupart d’entre nous) pendant 39 ans en moyenne. C’est autour de 450 à 500 menstruations, pour un total allant jusqu'à 3 500 jours (ou presque 10 années cumulées)!
Tout cela, évidemment, ça génère des déchets. Par exemple, une personne menstruée utilisera en moyenne entre 5 000 et 15 000 tampons ou serviettes hygiéniques dans sa vie, ce qui produit environ 96 kilogrammes de déchets sanitaires.
Et les femmes n’ont pas le choix! C’est le cœur du problème : il y a encore énormément de tabous et même de honte autour des menstruations. Ces produits d’hygiène féminine sont nécessaires et ajouter en plus la carte de la culpabilité environnementale ne passe pas nécessairement toujours bien. Il existe, de plus, encore une perception forte chez les gens que les options réutilisables sont « un retour en arrière », comme nos arrières grands-mères qui étaient obligées d’utiliser des guenilles inconfortables et pas très absorbantes!
Mais une fois que l’on passe par-dessus cette perception, on se rend bien vite compte que les options réutilisables sont désormais à des années-lumière des « moyens du bord » de l’ancien temps, qu’elles sont non seulement écologiques, mais remplies de bon sens en plus! Elles méritent donc qu’on s’y attarde à nouveau.
Il existe, en gros, 3 types de produits d’hygiène féminine réutilisables sur le marché en ce moment : la coupe menstruelle, les serviettes lavables et les culottes. Si ces produits sont encore un peu marginaux, ils ont beaucoup gagné en popularité ces dernières années, et ce n’est certainement pas parce que toutes les femmes qui les utilisent sont masochistes! Elles comportent de nombreux avantages, en plus d’être « zéro déchet » (ou presque).
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La coupe menstruelle
Parmi les options réutilisables, c’est sans doute la plus populaire. Il existe différentes marques, mais celle que l’on retrouve le plus souvent est la Diva Cup, qui est disponible dans presque toutes les pharmacies.
Celle-ci se vend en 2 tailles (qui ont 4 mm de différence) : pour les femmes de moins de 30 ans et pour celles qui ont eu un enfant OU pour celles qui ont plus de 30 ans. Elles coûtent environ 30$ et peuvent durer jusqu’à 10 ans!
Il s’agit d’une petite coupe en silicone flexible, qui peut contenir 60 ml de liquide (la quantité totale de sang perdue durant les règles peut varier entre 30 ml et 125 ml).
J’utilise cette méthode depuis 5 ans. J’ai hésité pendant quelques années, parce que ça m’intriguait, mais en même temps ça me rebutait un peu. Maintenant je regrette beaucoup de ne pas l’avoir acheté dès la première fois que j’en ai entendu parler! Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle a changé ma vie, mais presque. Je ne reviendrai plus jamais en arrière.
Les avantages de la coupe menstruelle
- Dans le cas de règles « normales » (c’est-à-dire pas particulièrement abondantes), on n’a besoin de la vider que deux fois par jour. C’est tout! Je le fais en me levant le matin et avant de me coucher. Puis, même pas besoin d’y penser pour le reste de la journée. Cette liberté est véritablement fantastique. Plus besoin de m’assurer d’avoir des tampons ou des serviettes dans la maison, plus besoin de passer à la pharmacie un peu en catastrophe. Plus jamais. Du tout!
- Je n’ai jamais rien eu à acheter depuis 5 ans! Vous imaginez l’économie? C’est sans aucun doute la méthode la moins chère.
- Pas besoin de m’assurer d’avoir quelque chose dans mon sac à main avant de sortir de chez moi… Ni de me rendre à la salle de bain avec ce dernier, affichant ce classique air un peu embarrassé. Lorsque je travaillais dans un bureau, un gars de l’équipe m’avait déjà crié devant tout le monde : « Mais pourquoi tu vas aux toilettes avec ta sacoche? »
- J’apprécie la coupe dans mon quotidien de pigiste qui travaille désormais à la maison, mais sa flexibilité se révèle encore plus justement lors des moments hors de la maison ou de la vie de tous les jours. Par exemple, durant les journées de 11 heures d’auto en revenant de vacances (pas d’arrêt à faire pour ça). Pendant les journées de voyage en avion avec des escales (pas besoin de me préoccuper de rien ni de courir les toilettes). Et que dire que cette fois où mon fils a été opéré d’urgence pour une appendicite et que j’ai dû passer la nuit à l’hôpital sans avoir rien apporté avec moi ni préparé? J’ai pu vider et rincer ma coupe dans les toilettes (la cabine comportait un lavabo) puis oublier complètement ça pour le reste de notre séjour et me concentrer sur lui, sans avoir à chercher des tampons (ni quitter son chevet pour les changer aux 4 heures).
- Chloé relève quant à elle son côté écologique et surtout plus « santé ». « Je préfère tellement ça aux tampons ultra blanchis au dioxyde de chlore! », m’a-t-elle, dit, ajoutant à la blague que le seul désavantage qu’elle voyait était le dégoût sur le visage des gens à qui elle en parle!
Les points négatifs de la coupe menstruelle
- Elle demande une certaine adaptation pour savoir comment bien la placer. Souvent, il faut 2 à 3 mois avant de finalement trouver « la bonne manière », qui permet de la rendre complètement étanche et de ne plus la sentir. Durant ce temps, l’utilisation de serviettes est souvent nécessaire. Note personnelle : persévérer durant cette période vaut, dans la plupart des cas, VRAIMENT la peine!
- Depuis 5 ans, l’épisode de l’hôpital a été la seule fois où j’ai dû la vider dans une toilette publique. Normalement, ça ne devrait pas être une situation fréquente, puisqu’on peut la garder jusqu’à 12 heures, donc toute une journée de travail sans problème. Par contre, si vous avez besoin de le faire, il vaut mieux trouver si possible une cabine avec un lavabo qui permet de la rincer. Si ce n’est pas le cas, le manufacturier recommande simplement de la vider dans la toilette, puis de l’essuyer le mieux possible avec du papier et de la remettre. Ça dépanne, mais on s’entend que ce n’est pas l’idéal.
- Elle devient moins parfaite pour celles qui ont des règles très abondantes; dans ce cas il faut la vider plus souvent, ce qui enlève au côté pratique de la chose (voir le point précédent). Ça a été le cas pour Élise, dont les menstruations sont devenues beaucoup plus abondantes après son accouchement. « J'avais souvent des problèmes de débordement. Il me fallait parfois la vider après 1h-1h30. J'ai taché mon lit comme une gamine, » m’a-t-elle expliqué. Je la comprends de s’être découragée…
- Comme ce n’est pas un produit qu’on peut essayer avant d’acheter (!), on n’est jamais certaine de si elle va nous faire. C’est arrivé à Marie Josée, qui, étant dans la trentaine mais sans enfant, s’est fiée aux indications sur l’emballage et a acheté le format plus grand. Mais il ne lui fait pas bien, malgré de nombreux essais. Elle voudrait tellement que cette méthode lui convienne, mais peine perdue. C’est aussi ce qui est arrivé à Mélanie, qui a quand même décidé d’en racheter une 2e et ne le regrette pas! Mais c’est certain que devoir essayer plusieurs modèles pour finalement trouver le bon, ça devient moins économique et moins écologique.
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Les serviettes hygiéniques lavables
Il existe de plus en plus d’options de serviettes réutilisables, notamment de très beaux produits québécois tels de Omaiki et Marie Fil. Il y en a de tous les styles, de tous les formats, de différents niveaux d’absorption et de tous les prix. Leur point commun : comme elles ne collent pas, ces serviettes ont toujours des ailes pour vous permettre de tes fixer.
Je remarque qu’il y a un certain lien naturel entre les couches lavables et les serviettes réutilisables. Les mamans qui font l’expérience des couches en tissu vont peut-être être plus naturellement portées vers cette méthode pour elles-mêmes.
C’est en tout cas la méthode de choix de Caroline Vallières, la blogueuse de Maman Consomme, qui les utilise depuis 10 ans. Pourquoi les a-t-elle choisies? Elle les trouve plus confortables et vraiment supérieures aux serviettes jetables du point de vue de l’humidité et des odeurs. Durant ce temps, elle en a essayé une panoplie et ses préférées restent celles faites à la main par une gentille dame de Drummondville qu’elle s’était procuré dans un salon il a de nombreuses années. Selon Caroline, elles sont parfaites parce qu’elles sont bien épaisses, confortables, qu’elles se moulent bien à son corps et qu’elles n’ont pas besoin d’être frottées. Un bonus : elles contiennent un insert qui se glisse au milieu et qu’on peut retirer par la suite puis continuer avec la serviette de base : c’est comme un deux-en-un!
Comme Caroline travaille aussi de la maison, sa routine est bien établie : lorsqu’elle retire une serviette, elle la rince puis elle la met directement dans un seau rempli d’eau, qu’elle change quotidiennement. À la fin de ses règles, elle fait une brassée, tout simplement (avant de les mettre dans la laveuse, elle peut parfois les frotter un peu avec du savon de Marseille).
Pour celles qui travaillent à l’extérieur, le mode d’utilisation est évidemment différent : il faut rouler les serviettes et les mettre dans un « wet bag » jusqu’au retour à la maison. Cette méthode demande évidemment plus de manipulation et d’organisation et constitue sans doute le plus grand désavantage de ces serviettes.
Caroline m’a aussi partagé son truc pour celles qui trouvent que les serviettes ne restent pas en place : « il s’agit de trouver le bon fit! » Certaines serviettes, comme les Omaiki par exemple, sont faites dans un matériel plus doux, qui, si combinées avec une culotte en satin, auront plus tendance à glisser et à se déplacer. Elle conseille donc de choisir ses serviettes en fonction de ses culottes, ou vice-versa!
Pour celles qui souhaitent se lancer
- Il est possible de commencer avec un kit de départ minimum d’environ 6 serviettes, ce qui devrait en théorie permettre de les laver aux deux jours seulement. Maintenant, ceci devrait être adapté à votre flux, aux nombre de changements que vous faites dans une journée ainsi que de votre fréquence de lavage. Caroline en utilise une dizaine pour chaque période de menstruation. Une chose est certaine : ces serviettes sont beaucoup plus absorbantes que leur version jetable, donc vous en utiliserez moins dans une journée.
- Il est conseillé d’en acheter quelques-unes à la fois provenant de différentes marques, ce qui permet de voir ce qui vous convient le mieux.
- Il est, de plus, avisé de mesurer les serviettes jetables que vous utilisez déjà et qui vous conviennent bien. Ce sera ainsi plus facile de choisir la meilleure option lavable, surtout si vous les achetez en ligne.
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Les culottes
Il s’agit de l’option la plus récente et donc probablement la plus rare aussi. Elle a d’abord été mise en marché par la compagnie Thinx, mais il existe maintenant d’autres marques de culottes menstruelles lavables. Parmi les compagnies qui en offrent au Québec, on retrouve notamment Mme L'Ovary, Ora Protections, Ellza et Viita Protection. Il s’agit d’un sous-vêtement ordinaire, mais un peu plus ferme, « comme un maillot de bain », m’a affirmé Janie, qui utilise cette méthode depuis quelques mois.
Janie, qui n’avait pas accroché à la coupe et fait des réactions allergiques aux serviettes, est complètement enchantée de cette méthode alternative. La culotte absorbe l’équivalent de deux tampons, donc elle la trouve « parfaite pour les jours de flux plus légers » qui lui permettent de la garder toute la journée. Lors des jours plus abondants, elle l’utilise avec un tampon comme protection supplémentaire.
Elle m’a assuré que la culotte est confortable (elle aime le sentiment de n’avoir rien et de se sentir « complètement libre », particulièrement lorsqu’elle fait du sport!), mais affirme par contre que ce n’est pas parfait (bien franchement, aucune méthode ne l’est, qu’elle soit traditionnelle ou réutilisable!). Il peut par exemple survenir des taches à l’occasion, et les caillots de sang ne sont pas absorbés, donc il peut à l’occasion y avoir une impression d’humidité.
Le prix de ce type de culotte varie, mais se situe autour de 40 $ à 55 $. Comme on en a besoin de plusieurs, ce n’est donc pas la méthode la plus économique. Lorsqu’on enlève la culotte, on la rince puis on la met dans la laveuse avec une brassée; elle sèche ensuite à l’air libre.
En somme, il s’agit d’une option qui peut être intéressante pour plusieurs, particulièrement celles qui n’ont pas un flux très abondant. On peut également considérer la culotte comme complément avec une autre méthode ou pour certains moments seulement (pour des séances de sport notamment).
Finalement, ce peut être une option à essayer pour les jeunes filles qui commencent leurs règles. Ça peut probablement leur enlever beaucoup de stress et de gêne dans leur journée!
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Pour plus de trucs afin de réduire votre empreinte écologique, visitez le Collectif Zéro Déchet.
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