Ça vous serre dans le ventre. Vous n’auriez pas dû. Pas dû agir de la sorte. Ou peut-être est-ce votre manque d’action. Ne pas avoir fait ce que vous deviez. Ne pas avoir réagi de la façon qu’il aurait fallu. La culpabilité n’est pas un sentiment agréable. Ce peut même être un élément handicapant dans sa journée, monopolisant toute votre pensée, vous empêchant d’avancer.
Qu’est-ce que la culpabilité?
Attardons-nous, un instant, à la culpabilité comme telle. Peu importe ce que vous avez fait ou ce que vous pensez avoir fait, décortiquons l’émotion. Car oui, la culpabilité se classe parmi les émotions négatives. Mais attention de ne pas vous sentir mal de vous sentir coupable! Ce serait entrer dans la «méta-émotion».
D’un point de vue cognitif, les personnes se sentent coupables car elles ont l’impression d’avoir commis un geste fautif. Cela ne signifie pas nécessairement que le geste commis a été fautif en soi pour que l’on voit apparaître des signes de culpabilité. Déjà, peut-être vous sentez-vous coupable mais que personne d’autre sauf vous-mêmes vous en tient rigueur. D’ailleurs, les femmes ressentent davantage de culpabilité que les hommes.
En fait, la culpabilité survient souvent lorsqu’on pense ne pas répondre aux attentes des autres. On va se sentir mal si l’on parle trop fort dans une bibliothèque et qu’on nous lance des regards de reproches, par exemple, puisque dans ce cas, les codes sociaux n’ont pas été respectés. La culpabilité est donc intimement liée à l’environnement social. On passe en moyenne cinq heures par semaine consacrée à la culpabilité, mais j’aimerais vous poser la question: Si vous étiez sur une île déserte, vous sentiriez-vous coupable aussi souvent, voire plus du tout?
Les avantages de la culpabilité
Alors, à quoi ça sert cette émotion désagréable et encombrante qui peut durer des heures, des semaines, voire des années? En fait, de façon surprenante, la culpabilité permet de renforcir ses relations et de respecter ses propres valeurs. C’est elle qui va vous empêcher de commettre un vol, de tromper vos amis ou de skipper votre séance au gym (à moins que ce soit plutôt la peur des conséquences!). La culpabilité est même un bon moteur contre la procrastination! Afin d’éviter le sentiment de culpabilité face aux tâches repoussées, on s’y attaque avec motivation.
Le Dobby-Effect
Il faut prendre garde à ne pas tomber dans ce qui est maintenant appelé le Dobby-Effect. Rappelons-nous le sympathique personnage de la série Harry Potter, Dobby, qui se frappe la tête contre un mur ou un objet dès qu’il désobéit à ses maîtres. Lorsque vous faites l’expérience d’un excès de culpabilité, vous pourriez vouloir vous punir. Au lieu de tenter de vous pardonnez, vous pourriez vouloir vous interdir des plaisirs ou vous tapper métaphoriquement sur la tête, comme Dobby. Vous ne vous sentirez pas seulement coupable, mais aussi avec de la tristesse, de la déception, un sentiment de stupidité, de découragement. Vous pourriez même en venir à penser que vous méritez de mauvaises choses plutôt que souhaiter le mieux pour vous.
Kinga Cichewicz / UnsplashPhoto
Des conseils pour mieux gérer votre culpabilité
Maintenant que vous comprenez mieux les composantes sociales et cognitives de la culpabilité, voici quelques astuces pour diminuer l’émotion négative, ou du moins, l’aborder d’une façon qui la rendrait moins envahissante dans vos vies.
En premier lieu, prenez le temps de revisiter ce qui a causé votre culpabilité. Vous avez oublié de remettre à temps un projet? Vous avez posé des questions indiscrètes à un collègue? Vous avez fait attendre une amie pendant une demi-heure? Essayez de regardez les faits en ayant un regard le plus objectif possible. Car souvent, notre esprit se met à tourner et penser au pire. Vous pouvez avoir peur que votre boss vous en veuille pour le retard, que votre collègue soit blessé et qu’il en parle aux autres, que votre amie ne veuille plus jamais sortir avec vous à nouveau. Même si vous demandez pardon, la culpabilité se loge dans votre cœur. Mais concrètement, peut-être que votre boss comprend la raison du retard de la remise de votre projet, que votre collègue n’a pas pris personnellement la question indiscrète et que votre amie vous a déjà fait attendre, elle aussi, une demi-heure pour un de vos rendez-vous. Quand on se sent coupable, on ne voit pas toujours les faits comme ils le sont. Tout est là pour qu’on se sente mieux, mais se sentir mieux ne voudrait-il pas dire qu’on considère que la façon dont on a agi est sans importance? Au contraire, il faut se rappeler que réduire la culpabilité ne diminue pas l’importance du geste que l’on a commis, mais que ça nous permet de grandir et d’évoluer sans rester pris dans le passé.
Un autre moyen pour gérer votre culpabilité, mais cette fois-ci au quotidien, c’est d’entretenir un journal de gratitude envers vous-même. D’écrire régulièrement pourquoi vous vous aimez, ce que vous avez fait de bien, vos qualités et vos accomplissements, ça permet de nuancer votre vision de vous-même lorsque vous êtes pris dans un moment de dépréciation de votre personne après avoir «mal agi». Ça évite également les phrases violentes et essentialistes comme : «je suis une personne horrible», «je ne mérite plus son amour», etc.
Et finalement, et c’est peut-être le conseil le plus important et le plus difficile à appliquer: il faut se pardonner soi-même. Pardonnez-vous votre erreur. Pardonnez-vous votre moment de manque de jugement. Vous n’avez aucune obligation d’être parfait. Car se pardonner de l’action commise ne veut pas dire oublier ce qui s’est passé. Rappelez-vous que le pardon vient de soi en premier.
Il est important de s’occuper de soi-même. Surtout, ne vous mettez pas de pression pour éliminer rapidement votre sentiment de culpabilité! Mais s’il est difficile de regarder les faits objectivement, et que vous n’aimez pas tenir un journal de gratitude envers vous-même, ou même que la culpabilité est une émotion très abstraite pour vous, tout en vous sentant incapable de la gérer, prenez soin de vous. Aimez-vous. Et peut-être que vous vous rappellerez que les autres vous aiment aussi.