La perte d'un être cher est sans aucun doute l'un des événements les plus pénibles que l'on puisse vivre. Si chaque personne vit son chagrin à sa manière, tous passent par les étapes du deuil que nous vous expliquons ici.
La mort a beau faire partie du cours normal des choses, rien ne peut nous mettre à l'abri de la douleur qui accompagne un deuil. C'est un passage obligé, mais on y est bien mal préparé.
Depuis quelques générations, la mort a été évacuée de notre quotidien. Il y a cent ans, la plupart des mères avaient perdu un enfant en bas âge. Les gens mouraient à la maison, entourés de leur famille. La mort faisait partie de la vie. Et puisque la religion était omniprésente, la mort avait un sens pour les croyants. Elle n'était pas une fin, mais une autre étape. Et les rituels entourant le décès et visant à faire nos adieux se faisaient entourés de nos proches.
Or, de nos jours, avec la laïcisation de nos vies et les progrès médicaux qui isolent souvent le mourant, la mort est un événement dépouillé de tout sens, qui tient plus du macabre. Il est donc difficile, dans ces circonstances, de vivre son deuil ou d'aider un proche à passer à travers cette épreuve. Or, il n'y a pas de recette miracle; le processus de deuil prend du temps et il est important de comprendre comment se déroule cette longue guérison. Un deuil mal vécu peut avoir des effets dévastateurs sur notre santé physique et mentale. Inversement, plusieurs endeuillés ayant terminé leur « traversée du désert » affirment que cette épreuve a été une occasion pour eux de se connaître davantage et de changer pour le mieux
Les étapes du deuil
Les spécialistes affirment qu'il faut en moyenne deux ans pour vivre un deuil. L'intensité de la douleur dépend grandement de la relation qu'on entretenait avec la personne décédée et les circonstances de la mort. Tous s'entendent pour dire que la mort d'un enfant est une des pires souffrances psychologiques qui soient.
Malgré ces variables, tous les endeuillés passent plus ou moins par les mêmes étapes. C'est Elizabeth Kübler-Ross, une psychiatre suisse, qui a été la première à les identifier. Depuis, différentes écoles ont modifié quelque peu le nombre et l'appellation de ces étapes, mais on ne s'éloigne jamais beaucoup de la proposition initiale de Kübler-Ross.
1. Le choc / le déni
À l'annonce de la mort, on entre dans une sorte de bulle. On se sent anesthésié et détaché. On se sent exclu de la vie normale et du monde des vivants. Certains refusent de croire ce qui arrive et vont continuer à planifier des activités avec le disparu.
2. La colère
On en veut à l'être aimé d'être « parti », on en veut à la vie, aux circonstances, au personnel médical, bref on ressent une vive colère. La culpabilité est souvent très présente dans cette étape.
3. Le marchandage
On veut retrouver notre vie normale, notre vie « d'avant » et on est prêt à changer pour que cela arrive. Il s'agit d'une autre forme de déni de la réalité. Bien qu'on ne croie pas réellement au retour du défunt, on imagine que si on avait agi autrement lors de tel ou tel événement, le décès ne serait pas arrivé. La culpabilité nourrit aussi cette étape.
4. La dépression/la tristesse
La réalité nous rattrape. On comprend qu'on ne reverra plus jamais la personne décédée. On réalise que des rêves et des projets communs ne se réaliseront jamais. La tristesse nous submerge et fait parfois place à la dépression.
5. L'acceptation
On a fait le deuil de notre vie avec le défunt, de notre vie d'avant. On s'habitue graduellement à notre nouvelle réalité. On a de nouveaux projets, de nouveaux rêves. On pense toujours à la personne décédée, mais de façon de moins constante, avec une douleur moins vive.
Il est important de comprendre que chaque deuil est unique. Certaines de ces étapes peuvent être vécues avec plus d'intensité ou plus longuement que d'autres. Et surtout, il ne s'agit pas ici d'étapes qui suivent un ordre précis. On peut éprouver de la colère un jour, une grande tristesse le jour suivant, puis de la colère à nouveau ou de la culpabilité le lendemain.
Des conseils pour vivre son deuil
Soyez indulgent avec vous-même
Le processus de guérison prend du temps et, comme on vient de le voir, il n'est pas linéaire. Il faut accepter que certains jours seront plus difficiles que d'autres. Quand on se retrouve dans un creux de vague, on prend soin de soi, on se ménage. Inutile de tenter de prouver à soi et aux autres qu'on est fort. Oui, on allait bien la semaine passée, mais cette semaine, c'est plus difficile.
Exprimez ce que vous ressentez
Si vous êtes incapable de verbaliser vos émotions, écrivez, dessinez. Il est important d'extérioriser votre peine.
Demandez de l'aide à vos proches
Ne soyez pas surpris si, après quelques mois, le téléphone cesse de sonner. La mort est un sujet qui rend beaucoup de gens très mal à l'aise. Vos amis pensent encore à vous, mais ne savent sans doute pas quoi faire ou quoi dire. N'hésitez pas à leur dire que tout ce dont vous avez besoin, c'est de leur écoute et de leur présence.
Consultez
Allez consulter un professionnel de la santé mentale ou joignez-vous à un groupe de soutien aux endeuillés, si nécessaire. Il est important de briser l'isolement.
Henri Michaud, rédacteur Canal Vie