La vie moderne défile à une vitesse vertigineuse et c'est bien souvent notre santé qui en fait les frais : stress, épuisement et burn-out sont désormais le lot de bien du monde. Pourtant, partout en Occident, on entend de plus en plus parler de personnes qui choisissent de vivre « autrement » et de se démarquer de la masse afin de se simplifier la vie et ne plus se laisser entrainer dans le tourbillon.
Mais en quoi consiste exactement cette philosophie de vie, plus connue sous le nom de simplicité volontaire? Comment l'appliquer au quotidien? Quelles en sont les implications et les conséquences? Voici un petit guide de la simplicité volontaire « pour les nuls »...
Définition
La simplicité volontaire est une façon de vivre qui privilégie la qualité de vie intérieure, en opposition à l'importance vouée à l'apparence et à la course à la consommation. Ainsi, les personnes « adeptes » tâcheront d'orienter leur vie quotidienne (dépenses, intérêts, valeurs, etc.) en fonction de leur bien-être réel et pas en vue de s'adapter à ce que la société attend et à l'image de réussite sociale qu'elle projette.
La simplicité volontaire (SV) englobe donc tous les aspects de la vie quotidienne, familiale et collective. Bien plus qu'une façon d'économiser au jour le jour, elle prône aussi :
- L'indépendance face à la course aux richesses
- La fin de l'endettement massif (hypothèques, cartes de crédit, etc.)
- L'allègement de la vie
- Une hygiène de vie en accord avec le corps et la nature
- L'équité entre tous
- Le respect des ressources naturelles et de la nature
- Le partage
- La participation citoyenne
- La communauté et la solidarité
- Etc.
Évidemment, comme c'est le cas avec toutes les « philosophies de vie », il s'agit ici d'un idéal et il peut sembler compliqué pour M. et Mme Tout-Le-Monde de suivre à la lettre tous ces principes... Mais c'est justement là que les choses se simplifient : la SV n'est pas un code de vie inébranlable, elle permet à chacun de s'ajuster selon ses valeurs, ses priorités et ses objectifs. Le but consiste surtout à se sentir globalement mieux, plus en harmonie avec nous-mêmes et ceux qui nous entourent, sans se laisser influencer par les diktats externes.
Les implications
Encore une fois, puisque chaque personne ou famille « crée » ses propres règles, les implications seront celles qui vous semblent convenables dans votre cas personnel. La démarche se fait seul, en couple ou en famille et vise simplement à se « sentir mieux. »
Sur les blogues traitant du sujet, les termes « liberté » et « choix » reviennent très fréquemment : les adeptes de SV estiment ainsi qu'ils veulent être libres de vivre comme ils le souhaitent, sans se soucier du qu'en-dira-t-on et des critiques extérieures.
Pour vous donner quelques exemples :
- Certaines personnes adoptent l'alimentation biologique et végétarienne parce que cela fait partie de leur vision personnelle de la SV, et d'autres continuent à manger de la viande en s'assurant que celle-ci est élevée et abattue de façon éthique.
- Certaines personnes choisissent de conserver leur vieille voiture, car elles ne souhaitent pas dépenser avant que cela soit réellement nécessaire, d'autres préfèrent acquérir une voiture neuve qui dépense moins d'énergie, et d'autres encore optent définitivement pour le transport en commun et la bicyclette.
- Certaines personnes choisissent de ne plus se mêler du tout aux fêtes commerciales (Noël, Saint-Valentin), et d'autres préfèrent leur donner une nouvelle signification qui se rapproche de leurs valeurs et s'éloigne de la surconsommation à outrance.
En bref, les changements à apporter dans votre vie quotidienne sont ceux qui vous permettront de vivre en harmonie avec vous-mêmes!
Concrètement, on fait quoi?
Il existe de nombreux ouvrages sur le sujet, et certaines actions peuvent parfois sembler extrêmes à des « nouveaux venus », mais il ne faut pas oublier que la SV est un processus en évolution. On commence doucement, avec ce qui nous semble facile et évident, et on laisse « faire les choses »... Voici quelques points de départ :
L'alimentation
- On choisit des aliments sains, non préparés, non modifiés.
- Si possible, on cultive un potager et on met en conserve les surplus de récolte.
- On cuisine le plus possible.
- On évite le restaurant.
Les transports
- On privilégie les transports en commun, le covoiturage, Communauto, la bicyclette, etc.
Le travail
- On s'assure que notre travail nous satisfait psychologiquement.
- On envisage un changement de carrière si on est trop stressé.
- On envisage des solutions alternatives : télétravail, travail à temps partiel, horaires variables.
Les loisirs
- On cherche les options gratuites ou à faible coût (dans les Maisons de la culture, par exemple).
- On emprunte au lieu d'acheter : livres, DVD, jeux, etc. Les bibliothèques sont gratuites!
- On encourage des sorties à l'extérieur, qui ne coûtent rien : une randonnée plutôt qu'un ciné, une journée à nager à la rivière plutôt qu'au parc aquatique... Les options sont infinies!
La consommation
- On essaie de se distancer des publicités : ce n'est pas parce qu'une affiche ou un spot affirme quelque chose que c'est vrai! On se concentre sur les besoins essentiels et réels.
- On favorise les produits sans marque ou en vrac (pas d'emballage!).
- On achète que ce dont on a besoin : est-ce que trois postes de télévision ne sont pas exagérés?
- On évite les marques.
- On choisit des objets, vêtements recyclés et usagés.
L'environnement
- On recycle.
- On composte.
- On réduit les emballages et les déchets.
Ménage et organisation
- On évite de tout garder.
- On se débarrasse plusieurs fois par année des vêtements, livres, objets non utilisés.
- On désencombre.
- On nettoie à l'aide de produits peu dispendieux et inoffensifs : vinaigre, bicarbonate de soude, savon végétal, Borax...
Les fêtes et les cadeaux
- On revient à la vraie signification, bien loin du tourbillon médiatique et la course à la surconsommation.
- On privilégie les cadeaux en temps, les objets qu'on fait soi-même, les objets recyclés.
- On offre des cadeaux bons « pour le corps et l'esprit » : livres, musique, cours spécifiques.
Le temps et la famille
- Établir des priorités.
- Manger au moins un repas tous ensemble chaque jour.
- Se réserver du temps pour relaxer : lecture, méditation, sport, etc.
Les conséquences
Tout cela peut sembler bien compliqué à mettre en place, et effectivement, ça l'est... lorsqu'on décide de faire les choses du jour au lendemain! Il faut garder en tête que le but de l'opération consiste avant tout à se sentir mieux dans sa tête, dans sa peau et dans son corps. Si vous paniquez juste à l'idée de prendre l'autobus, ne vendez pas encore votre voiture!
Il faut simplement poser des actions concrètes chaque jour, à notre rythme, afin de « désengorger » notre vie et nous permettre d'apprécier ce qui nous entoure plutôt que se sentir prisonnier d'un mode de vie qui ne nous convient pas (ou plus).
Se questionner
Quand on se questionne sur notre mode de vie, on peut se poser ces questions :
- Est-ce que cet achat, j'en ai vraiment besoin? Parfois, attendre quelques jours ou semaines avant de faire une acquisition peut nous faire réaliser que finalement, cet achat n'était pas une nécessité et que le désir s'est aussi envolé.
- Qu'est-ce que j'aime dans le fait d'aller au restaurant? La nourriture ou l'ambiance? On se rend compte qu'on est souvent déçu de payer cher pour quelque chose qu'on aurait pu se faire chez soi. Bien sûr, on peut avoir envie de prendre une pause et ça se comprend, mais est-ce que l'investissement en vaut la chandelle? On va souvent au restaurant lorsqu'on est fatigué, mais parfois, quand on y pense, se déplacer, attendre le menu, commander et manger prend du temps et de l'énergie qu'on aurait pu économiser en se cuisinant une bonne pâte maison avec des ingrédients frais pour deux fois rien.
- Est-ce que toutes ces choses que je possède me sont nécessaires? Combien de temps par semaine, par mois, par année dois-je passer à les ranger, les classer, tout ce temps où je pourrais profiter de la vie?
- Ce que j'achète à gros prix, est-ce que je pourrais l'acheter usagé ou le fabriquer moi-même?
Un moyen d'économiser?
Il est clair que changer son mode de vie et s'éloigner volontairement de la consommation à outrance permet de faire de sérieuses économies. Bien sûr, il faudra toujours se loger, s'habiller, manger et partir en vacances... Mais à moindres frais! C'est là qu'on se rend compte que les besoins et les envies sont souvent créés de toutes pièces par les médias.
Pourtant, le but en-soi de la SV n'est pas réellement de mettre de l'argent de côté, mais plutôt de « sortir du système » pour enfin se sentir libre. Si votre unique motivation consiste à économiser un certain montant pour un voyage ou un projet professionnel, il y a de fortes chances que vos anciennes habitudes reviennent au galop dès que vous aurez atteint votre but. Au contraire, si vous choisissez d'effectuer des changements précis pour améliorer à long terme votre vie personnelle, vous y gagnerez beaucoup plus... incluant de l'argent!
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV)
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie