Aujourd'hui, Canal Vie propose une entrevue avec Jean-Marc Labrèche, psychologue, qui nous explique comment on peut lâcher prise sur des événements dont on n'a pas le contrôle. Plus facile à dire qu'à faire...
Comment peut-on apprendre à lâcher prise, concrètement?
Éviter le contrôle à tout prix
Le désir de contrôler les autres, comme notre conjoint, nos enfants ou notre milieu, afin qu'ils se conforment à notre mode de fonctionnement et nos valeurs, est un travail épuisant et néfaste. Cet acharnement peut miner notre paix, notre détente et notre acceptation du bonheur.
Lorsque deux personnes choisissent de former un couple et vivre ensemble, leur projet ne devrait pas être de transformer l'autre. On le sait tous, mais on ne le répète jamais trop. Notre objectif en couple devrait plutôt être de s'ouvrir à l'autre, de le laisser vivre et s'épanouir avec ses richesses et aussi ses faiblesses.
Il faut arrêter de se demander qu'est-ce qu'on peut contrôler, et il faut même plutôt comprendre qu'on ne peut rien contrôler véritablement et que ce qu'on contrôle, on le contrôle si peu. Il est donc important de, consciemment, chaque jour, prendre un moment dans la journée pour s'arrêter et être présent à nous-mêmes.
Savoir prendre du recul
Je pense qu'il faut savoir prendre un recul sinon c'est le sentiment d'envahissement qui prend le dessus. Et c'est à ce moment-là que les sentiments d'inconfort, de panique, d'enfermement, d'insécurité et d'angoisse prennent le dessus. Il n'y a pas de détente possible lorsqu'on se sent trop pris par quoi que ce soit.
Apprendre à se confier
Bien sûr je prêche pour ma paroisse, mais je crois que parfois il est important que les gens consultent ou du moins parlent à quelqu'un d'autre. En effet, nous sommes tous un peu psychologues puisque nous essayons tous de mieux comprendre la vie.
Ils peuvent donc choisir de parler de ce qu'ils vivent à un ami en qui ils ont confiance ou quelqu'un d'autre, afin de discuter et d'expliquer leurs impasses ou leurs difficultés. Très rarement vous rencontrerez quelqu'un qui se réjouira de vos difficultés.
Au contraire, vous recevrez beaucoup plus souvent de la compassion, ce qui vous fera dire : « Eh bien, ça ne va pas si mal. » Parce que fréquemment, lorsqu'on partage un gros problème avec quelqu'un de compatissant, on se rend compte que l'importance de la problématique est en réalité très relative.
Parler de ce que l'on ressent est une très bonne façon de prendre une pause de notre quotidien, de sortir de l'activité de la routine. Par exemple, on peut demander à notre enfant comment il se sent, s'il est bien et s'il se sent heureux.
Lorsqu'on partage ainsi des sentiments on entre alors dans le monde de « l'état d'être » qui est constitué d'émotions et non dans le monde du « faire » et de l'accomplissement, du succès, du contrôle et des choses à faire. On évacue quelques instants l'idée que nous sommes ici sur terre pour réussir des choses puisque nous ne sommes que de passage.
Se défaire de la réussite à tout prix
Bien sûr, c'est difficile d'être totalement zen, presque comme un maître spirituel, lorsqu'on a une marmaille et des besoins concrets à remplir au quotidien, mais il faut tout de même éviter de se laisser envahir par ces dimensions des nécessités quotidiennes.
Les enfants vivent dans le même monde que nous et c'est un monde qui est matérialiste. La compétition, le vedettariat, l'idée de se réaliser et de réussir à tout prix ainsi que le désir d'avoir de l'argent et des biens matériels sont des valeurs qui créent beaucoup de tensions et les enfants ressentent les tensions des parents.
Si les enfants ne sont pas très calmes, souvent c'est parce que les parents ne le sont pas eux-mêmes. Il faut donc envisager, lorsqu'on demande à un enfant de changer, que ce soit d'abord le parent qui transforme son comportement envers son enfant.
Accepter l'autre comme il est
Lorsque quelqu'un nous tape sur les nerfs, il faut comprendre que bien souvent, c'est qu'il y a quelque chose en nous qui nous tape sur les nerfs. En effet, si un geste ou comportement de l'autre nous agace, c'est qu'il vient nous rappeler une histoire qui nous appartient.
Pour l'enfant, l'important n'est pas qu'on le fasse sentir bien à l'instant même avec tel cadeau ou qu'on le punisse avec telle pénalité, c'est plutôt qu'il sente qu'on le regarde et qu'on reconnaisse son existence. Avant même de voir s'il fait le bien ou le mal, il faut voir qu'il est là, présent dans notre vie et que ça c'est merveilleux.
Parfois, on peut rencontrer des parents qui ont mauvais caractère ou qui ont des difficultés économiques ou des problèmes psychologiques personnels qui font qu'ils sont de mauvaise humeur, mais ils restent présents à leur enfant. Les enfants sont en effet capables de laisser passer tout ce qu'ils voient de souffrances ou de difficultés chez leurs parents si celui-ci est présent pour lui.