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Une belle histoire qui fait du bien (même si le dénouement n'est pas celui que l'on souhaiterait) : le légendaire magazine Sports Illustrated a récemment publié une couverture de son spécial maillots de bain un petit peu inhabituelle… C’est-à-dire celle d'une femme avec un sein dévoilé sans mamelon, qui montrait clairement les cicatrices d’une mastectomie.
Quelle est l’histoire de la femme derrière cette couverture et qu’est-ce que cette couverture change? On vous en parle.
Kelly Crump, une américaine de 43 ans, a senti une bosse dans son sein gauche durant un auto-examen il y a 5 ans. C’était en octobre, le mois du cancer du sein alors après avoir vu une publicité à la télé, elle l’a fait spontanément.
À ce moment, ça faisait déjà un an que Crump, originaire de la Caroline du Nord, ne se sentait pas très bien. Mais comme beaucoup de femmes très actives, elle se disait simplement que ses douleurs étaient reliées au stress et au fait de « brûler la chandelle par les deux bouts ». Crump, qui avait 38 ans, n’était alors pas mannequin : elle travaillait plutôt comme cadre supérieure en administration pour la marque Ralph Lauren à Londres.
Quelques jours après avoir remarqué sa bosse, qui « ressemblait à de la peau d’orange » sur son sein, elle recevait un diagnostic de cancer du sein, de stade 3 (donc assez avancé). C’est à ce moment que Kelly a appris que son cancer était hormono-dépendent, mais aussi qu’elle avait des métastases, donc que le cancer s’était propagé à plusieurs autres endroits dans son corps.
Au lieu de sentir que « son corps la trahissait », Crump s’est concentré à affronter cet incroyable imprévu de la vie, et à s’assurer que sa santé mentale et son équilibre de vie étaient au meilleur point possible.
Krump a dit qu’étonnement, le cancer lui avait donné une nouvelle perspective complète sur son corps. Ayant été adolescente durant les années 90, au plus fort de la glorification de la morphologie du « heroin chic », elle avait toujours souhaité que ses proportions soient plus délicates. Une fois entrée dans la difficile période des traitements contre son cancer agressif, ayant perdu sa santé, ses cheveux et ayant pris 40 livres à cause de la médication, elle a développé une extraordinaire appréciation pour ce corps qui l’avait maintenu en vie jusque-là; tout le reste n’avait désormais aucune importance.
À cause des métastases, le cancer de Kelly a désormais progressé au stade 4 et il est incurable. Elle n’est donc pas une « survivante » du cancer, mais plutôt une « patiente » jusqu’à la fin de sa vie. Elle se décrit comme une « cancer thriver », c’est-à-dire quelqu’un qui prospère et vit pleinement et ce, malgré son cancer.
Ce sont des amies de Kelly qui lui ont suggéré de s’inscrire à un concours du magazine pour devenir « mannequin invitée ». Au début, elle était sceptique : qui serait intéressé à voir une femme dans la quarantaine avec un cancer et une mastectomie, croyait-elle? Mais elle s’est laissée convaincre, parce « que rendu à ce point-là, elle n’avait rien à perdre ».
À sa plus grande surprise, elle a été choisie parmi les 13 finalistes du concours, et invitée à la séance de photos qui s’est déroulée au printemps dernier en République Dominicaine. Elle ne savait même pas, avant de voir l’image sur la couverture, qu’il s’agissait du cliché qui avait choisi par l’équipe éditoriale du SI, puisqu’elle avait également fait beaucoup d’autres photos... avec les seins couverts!
Au début, elle a un peu paniqué de voir sa propre cicatrice sur le papier glacé. Mais très vite, elle a commencé à reçevoir des messages encourageants, alors elle a compris l’importance d’une telle image. L'importance, surtout, de dévoiler au monde entier que cette cicatrice ne la définit pas.
Ces messages, qu’elle reçoit maintenant tous les jours de partout sur la planète, sont « ce qui permet à Kelly de continuer ». Des messages provenant de femmes qui, après leur mastectomie, avouaient n’être plus capable de se regarder dans le miroir, ou encore refusaient catégoriquement que leur partenaire voit leur poitrine…
Les femmes encourageaient donc Kelly à continuer. À garder cette belle assurance, malgré son cancer et sa mastectomie. À montrer qu’elles (les femmes vivant avec un cancer du sein) méritaient encore d’être regardées autrement qu’avec de la pitié.
Depuis ce temps, Kelly continue d’essayer de montrer la réalité d’une femme « qui vit avec le cancer », mais profite réellement du temps qu’elle a, qui n’est pas clouée à un lit et ne se cache pas. Mais attention : elle n’essaie pas de rendre son parcours glamour non plus : elle parle également des difficultés, du fait qu’elle pleure à tous les jours, et du fait que naviguer les deuils et les traumatismes ne devient jamais vraiment plus facile.
Depuis la couverture du magazine, elle a maintenant près de 30 000 personnes qui la suivent sur Instagram, elle se prépare à parcourir une marche de 100 kilomètres dans le désert du Sahara et elle travaille sur un podcast qui traiterait des difficultés que vivent toutes les femmes et des meilleures manières de passer au travers.
Quelle femme magnifique et inspirante!
Le mois du cancer du sein revient chaque année pour sensibiliser les femmes à cet enjeu qui nous concerne toutes. 1 femme sur 8 va en effet dans sa vie développer un cancer du sein. Mais à n’importe quel moment dans l’année, faites vos auto-examens des seins et passez des mammographies régulièrement, selon les recommandations du médecin. L’histoire de Kelly prouve encore à quel point c’est important!