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Bien-être

Les médias sociaux sont la «junk food» de la vie sociale

PAR : Anne-Lovely Étienne

Double tap. Ouhhh, je veux ce manteau. Je défile l’écran. Double tap encore. Non, mais cette fille a un corps de rêve!

Rafraîchir l’écran. Mes statistiques sont bonnes: 525 «J’aime» pour ma photo. 10 000 vues pour ma vidéo.

En attendant, Jeremy (mon amoureux) me poignarde des yeux. Mon attention n’est pas dirigée sur lui, ni sur notre conversation du moment, mais bien sur le nombre de Like

Et l’autre jour, à un souper de filles au resto, pendant que je revenais des toilettes, j’ai surpris mes trois amies en silence, autour de la table, concentrées sur leur téléphone. Pas de rires, pas de potins, pas de discussions…On dirait qu’elles étaient zombifiées.

Et je me suis demandé à ce moment-là si c’était désormais ça la vie; les médias sociaux ont-ils hissé un mur devant la véritable socialisation entre les êtres humains?

People sitting in a cafe in Denmark

Comme la malbouffe…

J’écoutais attentivement l’épisode Introducing The Happiness Lab: Build the Life you Want (Introduction au laboratoire du bonheur: construire la vie que l’on désire) du balado Oprah’s Super Soulde l’unique et célèbre Oprah Winfrey.

Le professeur Arthur Brooks, de la Harvard Business School, se joignait à la populaire animatrice pour faire la promotion de son livre, mais également pour une conversation puissante et enrichissante sur les divers facteurs du bonheur chez l’être humain.

Selon lui, l’un des paramètres du bonheur est l’amour, et l’amour provient du contact visuel et du toucher qui déclenche une hormone du cerveau appelée ocytocine.

PVI – l’ocytocine est l'une des quatre hormones du bonheur (dopamine, endorphine, adrénaline et ocytocine). C'est celle qui est responsable de la tendresse, de la confiance envers les autres, des liens sociaux et de l’amour. (référence du livre Vos Hormones du Bonheur en Lumière: Dopamine, Endorphine, Ocytocine, Sérotonine par la docteure Loretta Graziano Breuning)

M. Brooks est catégorique: «Elle (l’ocytomine) ne provient pas d'une interaction virtuelle. Elle ne vient pas de Zoom. Cela ne vient pas des médias sociaux. Et cela ne vient pas, non plus du sentiment que vous obtenez sur une application de rencontres. Les médias sociaux sont la malbouffe de la vie sociale».

BOOM! J’ai reculé de 10 secondes. «Les médias sociaux sont la malbouffe de la vie sociale»... Ça m'a rentré d'dans.

Autre point troublant: Monsieur Brook sprécise qu’une étude américaine a relevé que l’amitié est en déclin, précisément chez les jeunes adultes âgés entre 20 et 30 ans. Ce phénomène serait causé par l’adhésion massive des réseaux sociaux de ces derniers, en 2008 avec l’arrivée de Facebook. 

La Floride avec deux ados

C’est vrai que ces «Likes», ces snaps, ces statuts ou encore ces tweets sont comme un repas de malbouffe: ils bouchent un trou, mais ne nourrissent pas vraiment l’interaction humaine.

À titre d’exemple anecdotique, j’ai dû user de stratégies multiples pour nourrir la vie sociale de deux ados (mon beau-fils et mon neveu), accros à leur téléphone, lors de mes dernières vacances en Floride.

D’abord, mon hubby et moi nous avons acheté des jeux de société pour nos soirées pluvieuses, mettant leurs connaissances générales à rude épreuve. Lors d'une partie, les ados ont remporté le point final, lorsque je n’ai pas su ce qu’était la danse «griddy».

La compétitrice en moi était en furie d’avoir perdu la victoire, mais la belle-mère, elle, était heureuse qu’ils aient oubliée leur TikTok le temps de quelques heures.

Puis, un jour, mon neveu de 17 ans, a décidé de laisser son téléphone au condo, alors qu’il se préparait à jouer une partie de golf. Savourant sa détox digitale, il a répété l’exercice en m’accompagnant à l’épicerie.

Résultat? Je lui ai soutiré des confidences (surtout concernant les filles) et probablement qu’on se rappellera de ces moments toute notre vie…sans téléphone.

Mais franchement pensez-y: lorsqu'on savoure les plus grands moments de bonheur (voyage, mariage, naissance, anniversaire), on ne pense pas à Instagram, ni Snapchat, ni TikTok, mais aux personnes avec qui on les a partagés.

C’est comme savourer le meilleur repas de sa vie; on ne se rappelle que rarement d’un burger rapidement englouti à 6$, mais on se souvient toujours d’un plat concocté avec amour par quelqu’un que l’on aime. 

Anne-Lovely
PAR : Anne-Lovely Étienne