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Bien-être

La neutralité corporelle : qu’est-ce que c’est et comment ça marche?

Malgré les nombreuses publications qui vous incitent à célébrer votre corps sur les réseaux sociaux, vous avez bien du mal à vous aimer pour de vrai lorsque vous croisez votre reflet dans le miroir? Et si je vous disais que c’est correct? Que vous n’avez pas à aimer chaque partie de votre corps comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art? Seriez-vous surpris.e? Outré.e? Ou peut-être que certain.es d’entre vous seraient tout simplement soulagé.es. Aujourd’hui, on discute de neutralité corporelle.

Il était une fois… l’histoire d’amour avec notre corps

Plusieurs industries dont celles de la mode et des cosmétiques utilisent les insécurités féminines pour nous vendre leurs produits. Les complexes sont devenus une source de revenus indécente. Que l’on parle du « terrible » (et inévitable) vieillissement ou du gain de poids, les compagnies sont toujours prêtes à nous proposer une solution dont nous sommes les seuls responsables de l’échec. 

Nous cessons d’attendre d’avoir le ventre idéal ou de l’aimer assez pour lui composer un poème!

L’unique coût qu’elles évaluent est celui inscrit sur l’étiquette. Les impacts sur la santé mentale et physique ne font tout simplement pas partie de l’équation.

En parallèle, nous sommes bombardés d’images de corps irréalistes, modifiés, mais surtout tous plus similaires les uns que les autres. De Blanche-Neige à Barbie en passant par Wonder Woman, nous n’avons pas été exposés à l’ombre d’une diversité corporelle.

En réponse à tout cela (et à bien d’autres combats que de meilleurs porte-paroles pourraient vous expliquer) sont nés des mouvements comme ceux du « body positivity » et du « self love ». Les principes sont plus que louables: s’aimer, exposer tous les types de corps, célébrer ce que la société a qualifié d’imperfections. Difficile d’être en désaccord avec ces objectifs… à moins de gagner sa vie à coup de thés détox.

Ce qui me questionne, ce ne sont évidemment pas les principes derrière ces mouvements, mais davantage certaines conséquences insoupçonnées qui en ont émergées.

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Suis-je assez bonne pour m’aimer?

En tant que psychologue, l’une des choses qui me fascinent le plus est la tendance de l’être humain du 21e siècle à vouloir performer dans tout… Même dans les domaines où c’est complètement paradoxal! En effet, je reçois régulièrement de la part de mes patients ou abonnés des questions pour les aider à mieux performer dans leur méditation, leur lâcher-prise ou … la gestion de leur anxiété de performance. Paradoxe, quand tu nous tiens!

Les mouvements du « body positivity » et du « self-love » n’ont évidemment (et malheureusement) pas échappé à cette tendance… Certaines femmes ont l’impression d’échouer dans leur processus d’aimer leur corps et le célébrer. Elles regardent leur reflet dans le miroir et se questionnent: comment pourrais-je un jour aimer ce ventre? Ces cuisses? Ces vergetures? 

Elles voient des femmes sur les réseaux sociaux qui semblent libérées des dictats de la société et qui paraissent vouer un culte sans limites à chaque centimètre de leur peau. Et elles viennent à la conclusion qu’elles ont échoué dans ce travail d’amour de soi, de la même façon qu’elles ont cumulé les échecs avec les régimes. Et c’est là où se situe le piège.

Et attention! Je ne suis pas en train de vous dire qu’il n’est pas possible d’aimer sa cellulite ou ses bourrelets! Je pense toutefois que notre choix ne se situe pas à ce niveau-là.

Je vous encourage aussi à célébrer votre corps pour toutes les choses incroyables qu’il vous permet de faire. Après tout, vous lui devez tous ces câlins réconfortants, ces soirées de danse endiablées, etc.

Et si s’accepter était suffisant?

Avec mes patients, je travaille vers l’atteinte d’une neutralité corporelle. Dans cette approche, l’objectif est d’accepter son corps et lui redonner la place qu’il devrait avoir : petite et orientée principalement vers ses fonctions et non son esthétique.

Accepter son corps, c’est être conscient qu’il y a certaines parties que nous aimons, d’autres qui nous laissent indifférents ainsi que des parties que nous acceptons de ne pas accepter.

Oui, oui. Accepter de ne pas accepter! 

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Attention, cela n’implique pas de se résigner. Ce n’est pas l’apologie de la paresse ni une théorie pour se conforter dans nos imperfections. C’est plutôt se libérer, lâcher-prise (c’est donc un processus actif et non passif) et choisir d’accorder à ces parties le plus petit espace possible dans notre tête. C’est principalement faire le choix de limiter leur influence dans notre vie.

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Cela implique, par exemple, d’accepter que nous n’acceptions pas notre ventre et en même temps, choisir de ne plus refuser de sorties à la plage et porter cette robe cintrée qui nous fait envie.

Savoir que les premières fois seront peut-être inconfortables, mais que nous ne voulons plus vivre dans ce purgatoire.

Que nous cessons d’attendre d’avoir le ventre idéal ou de l’aimer assez pour lui composer un poème! Se rappeler aussi que ce ventre sert d’enveloppe à des organes quand même assez pratiques comme l’estomac et le pancréas! Et qu’on peut lui en être assez reconnaissant pour cesser de se réveiller la nuit pour le détester. Mais en lui rappelant aussi qu’il n’est pas assez important pour être le gardien d’une prison dans laquelle nous ne méritons pas d’être enfermés.

Pour atteindre la neutralité corporelle, je vous encourage aussi à célébrer votre corps pour toutes les choses incroyables qu’il vous permet de faire. Après tout, vous lui devez tous ces câlins réconfortants, ces soirées de danse endiablées et ces balades dans des endroits à découvrir. En y pensant bien, il n’est pas un si mauvais compagnon finalement…