Comme c’était le cas « dans la vie d’avant », il y a toute sorte de rencontres. Celles que l’ont fait en temps de pandémie auraient-elles un sens plus ou moins profond, un but ou une raison d’être plus particulière qu’avant? Je n’en sais rien, mais je sais que le mystérieux dating en temps de pandémie n’en finit plus d’intriguer les gens. Parce que malgré que ce soit loin d’être le bon moment de se rapprocher d’inconnus, ironiquement, on n’a jamais autant eu besoin de chaleur humaine.
Des gens rencontrés en date depuis le début de la pandémie, il y en a eu dans nos vies - la mienne, celles de mes ami(e)s et celles de nombreuses connaissances. Des histoires aux balbutiements, aux déroulements et aux conclusions souvent improbables, parfois impossibles, mais toujours surprenantes. Assez pour écrire un livre ou une série de livres, tiens! Assurément assez pour - sans jamais généraliser - pouvoir décrire, classer, soupirer et sourire ici.
Il y a d’abord eu ces gens qu'on a rencontrés pour un pique-nique ou un verre dans un parc. La date parfaite, merci à l’été qui nous a permis de faire des rencontres extérieures en profitant des rayons. Ce soleil qui se foutait bien, lui, qu’on soit en temps de pandémie, de ce beau temps emprunté, telle une relation que l’on savait vouée à l’échec, mais de laquelle on décidait d’extraire la douceur jusqu’à la moelle.
Il y a eu ceux avec qui on est allé faire une longue marche et avec qui on s’est arrêté à la crèmerie, pas mal comme dans les films. Il y a aussi eu ceux avec qui on a osé s’asseoir à la terrasse d’un café ou d’un bar du quartier, alors que c’était permis. Mi-anxieux, mi-heureux de se trouver là et de prétendre que les choses - les rencontres, la vie - étaient comme avant.
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Il y a eu ceux qui avaient envie de bouger, ceux avec qui on est allé rouler à vélo ou encore marcher en forêt. Ceux avec qui il n’y a souvent pas eu de suite, mais avec qui les moments et la journée avaient été doux et normaux.
Avec le froid sont arrivés ceux qui n’ont aucun problème à faire des kilomètres à pied ou en voiture pour venir te rencontrer dans ton quartier, simplement pour discuter le visage et les rires au grand vent. Ceux qui t’attendent devant un café - toujours en dépit du froid glacial - et avec qui tu marches, les pommettes glacées.
Il y a ceux que tu acceptes de faire entrer chez toi, dans ton intimité, dans ta bulle de sécurité. Ils sont peu nombreux et triés sur le volet (bon parfois, le volet aurait pu être un peu mieux trié, mais quand même…) En ces temps de pandémie, le simple fait de leur ouvrir la porte veut dire beaucoup. C’est un acte de confiance quasi absolue, ou la prise d’une grande chance diront certains. C’est certainement la démonstration bien tangible que l’être humain n’est pas fait pour être seul et que la chaleur humaine vaut bien quelques sacrifices calculés.
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Il y a ceux qui te jouent de la guitare au premier rendez-vous, ceux qui t’éblouissent par leur talent et qui jouent - c’est le cas de le dire - le tout pour le tout. Il y a ceux qui te font rire, assez pour que tu te dises qu’en temps de crise, cela suffit amplement. Il y a ceux qui font des fautes d’orthographe impardonnables et que tu ne rencontreras donc jamais, parce que tu ne peux juste pas, même en pleine pandémie.
Il y a ceux qui parlent constamment de leur ex et qui racontent leur coeur brisé sans qu’on n’ait rien demandé. Ceux-là, tu ne les reverras pas, parce que tu ne peux tout simplement pas te faire ça. Il y a ceux qui rapidement te tirent vers le bas avec leurs angoisses de confinés, ceux qu’on ne saurait aider.
Il y a ceux qui passent des jours, voire des semaines, à t’écrire de longs messages puis qui disparaissent soudainement, dans le plus violent des silences, te laissant encore plus seul(e) que tu ne l’étais auparavant. Et ceux qui, au contraire, te font te rendre compte que : mon Dieu que tu es bien dans ta petite vie sans drames!
Il y a ceux qui entrent dans ta vie comme un véritable coup d’éclat, avec qui tout clique en un instant et avec qui tout est réciproque. Ils sont de ceux avec qui - dans un véritable et naïf élan de positivisme - on promet de passer à travers toute cette pandémie, de créer la plus privilégiée des bulles afin de se mettre à l’abri. Des promesses que l’on se fait en y croyant sincèrement sur le moment, en repoussant du revers de la main la petite voix qui chuchote quelque chose comme « cela ne met-il pas une pression énorme sur vos frêles épaules d’inconnus confinés? ... ».
Il y a aussi ceux avec qui tu as de bons amis en commun et que tu acceptes de recevoir à la maison (parce que tu as eu la confirmation qu’ils n’étaient pas des meurtriers en série) pour partager un verre ou une bouteille de vin, chacun assis à un bout du sofa. Ils sont parfois de ceux avec qui tu suis à la lettre les conseils de tes ami(e)s : profiter des précieux et doux moments et puis c’est tout. Ils sont de ceux qui te font du bien, de qui tu te refuses d’attendre plus que ce qui est, une ou deux fois par semaine, jamais plus. Ceux qui font partie d’une case à part, que tu as envie de garder dans ta vie d’une manière ou d’une autre et avec qui tu discutes de tout et de rien, mais surtout de rien, car tu ne voudrais en aucun cas risquer de briser la complicité, semer le doute, écorcher les moments précieux. Pour ne pas être déçu(e), n’attendre rien.
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Il a ceux dont l’incertitude en ces temps gris rend anxieux et confus au possible, ceux qu’on aimerait sauver, aider, tout en s’aidant soi-même. Il y a ceux dont on ne comprendra jamais les agissements et, surtout, les désirs. Ceux qui ne se comprennent pas eux-mêmes, tu t'en rends compte assez rapidement.
Il y a ceux qui sont géniaux et allumés par écrit, mais avec qui cela ne clique aucunement en personne. Il y a ceux qui écrivent peu et qui vont droit au but, qu’on rencontre rapidement et dont la discussion s’avère surprenante.
Il y a ceux qui te mènent en bateau et à qui la pandémie n’a rien appris. Ceux qui mentent, qui te font l’amour dans le lit d’une autre et à qui les derniers mois troubles n’ont en rien révélé leur humanité.
Il y a ceux qui ont des manques à combler; de simple présence, d’affection, de compagnie pour cuisiner ou regarder des séries sur Netflix, de sexe, de douceur ou de camaraderie.
Il y a aussi ceux pour (et de qui) un simple texto de bonne journée ou de bonne nuit change tout en donnant un sens à tout cela. Un sourire dans la tempête.
Il y a des dates qui ne seront jamais plus qu’une histoire d’un soir (oui, malgré la pandémie) et d’autres qui se renouvelleront de façon toute naturelle. La plupart, toutefois, évitent de prendre des directions bien précises, car rencontrer à cette époque doublée d’un temps de pandémie invite à tout sauf à se projeter dans l’avenir. Comment savoir si on tombera amoureux et si on s’aimera dans quelques semaines ou quelques mois alors qu’on ignore de quoi sera fait demain?
Il y a des rencontres qui nous font sentir encore plus seule et qui nous découragent de retrouver un jour l’amour. Et d’autres qui au contraire, nous rappellent de belle façon notre juste valeur.
Puis, il y a ceux qui persistent à rêver, qui refusent de se laisser abattre par la réalité. Ceux qui sautent dans l’aventure même s’ils se disent intérieurement que la pandémie n’est pas la vraie vie. Et il y a ceux qui attendent que celle-ci passe, sans savoir que c’est aussi la vraie vie qui leur glisse en ce moment entre les doigts.