« Elle est jolie, comment peut-il encore lui plaire. Elle au printemps, lui en hiver »
Ces jolies paroles, tirées de la chanson Reggiani, illustrent bien un des nombreux préjugés dont sont victimes les gens qui partagent leur vie avec un conjoint plus jeune ou plus vieux. Ces relations sont-elles sincères? Peuvent-elles durer? Et comment faire face aux préjugés?
Possible, mais pas facile
Les experts s'entendent pour dire qu'une différence d'âge importante entre les conjoints n'est pas un obstacle insurmontable et qu'une relation durable est possible. Mais une relation « printemps-hiver » comporte un lot de défis qui s'ajoute aux embûches de base de toutes relations.
Les préjugés
Les premiers que vous devrez affronter sont les vôtres ou ceux de votre conjoint. Il se peut qu'un des partenaires refuse de croire que la relation est possible ou nourrisse un malaise face à la différence d'âge. Si la relation survit à cette étape, ce seront les préjugés et commentaires de l'entourage qui mettront la relation à l'épreuve. La meilleure façon de désamorcer le malaise, c'est de prendre le taureau par les cornes et d'aborder le plus tôt possible le sujet avec nos proches.
Mettre toutes les chances de notre côté
S'il n'est pas nécessaire de faire tout un plat de la différence d'âge, il ne faut surtout pas la balayer sous le tapis et se faire croire qu'elle n'existe pas. Notre âge fait partie de notre identité. La renier ne ferait que créer de la frustration.
La communication et le partage des valeurs, des buts et les intérêts sont un gage de succès à long terme. Il ne faut pas nier nos rêves ou nos aspirations au profit de notre couple. Même si les sujets de la vieillesse et de la santé sont délicats, il faut éventuellement les aborder et se préparer à cette réalité à laquelle les deux conjoints devront faire face.
Les enfants
Ils peuvent être une grande source de tension et ce, pour diverses raisons. Les enfants adultes d'un premier mariage peuvent être très réfractaires à l'arrivée du conjoint plus jeune qui a parfois leur âge.
Les responsabilités qui viennent avec des enfants en bas âge peuvent créer de la tension si le conjoint plus jeune n'a pas encore d'enfant ou si le plus vieux est passé par là il y a longtemps.
C'est le désir d'enfant qui joue le rôle le plus déterminant. On connaît ce genre d'impasse : le conjoint qui a déjà des enfants refuse de « s'embarquer » à nouveau, alors que le plus jeune ne peut se résoudre à faire sa vie sans enfants.
Après la lune de miel
Les problèmes liés à la différence d'âge apparaissent habituellement après quelques années de vie commune, la plupart du temps quand la dynamique de la relation s'en voit modifiée. Et plus la différence d'âge est grande, plus grand sera le décalage Le conjoint plus vieux peut souhaiter ralentir son rythme de vie, sortir moins souvent. L'apparition des premiers problèmes physiques est aussi un brutal retour à la réalité.
La dynamique même de la relation peut être à la source de l'usure. Au début de la relation, à cause de la différence d'âge et d'expérience, le couple fonctionnait peut-être sous le modèle de protecteur/protégé. Or, ce rôle peut s'avérer contraignant pour le conjoint plus jeune qui au cours des années a pris de l'assurance.
C'est aussi souvent après des années de vie commune que les frustrations liées à la négation de nos aspirations et désirs (enfants, carrières, loisirs) peuvent réapparaître et mettre la relation en péril.
La pression pour rester jeune, désirable, actif peut également user à la longue. On se demande si on brime notre jeune conjoint dans ses activités, si on le force à ralentir.
On le voit, l'âge joue un rôle important dans ces relations, peut importe le niveau de maturité ou de vitalité des conjoints. Il n'en demeure pas moins qu'avec une communication ouverte et une bonne dose de franchise, une relation durable est tout à fait possible.
Caroline Bouffard, rédactrice Canal Vie