Les réseaux sociaux favorisent-ils l’adultère? Les avis sont partagés sur cette épineuse question. Facebook ou Twitter contribuent au développement de relations avec des personnes potentiellement intéressantes. Mais est-ce que ces contacts finissent par créer une entorse à la fidélité?
Selon toute vraisemblance, les impacts des réseaux sociaux varient d’un pays à l’autre. Aux États-Unis, par exemple, Facebook serait utilisé comme preuve d’infidélité dans deux dossiers d’un divorce sur trois, rien de moins. « Les réseaux sociaux ont véritablement troublé la paix des ménages », affirment les chercheurs de l’American Academy of Matrimonial Lawers.
Des retrouvailles?
En fait, ces réseaux permettent des retrouvailles qui ne se concrétiseraient pas autrement. Vous vous souvenez de cet étudiant, de cette étudiante, qui vous faisait craquer jadis. Quinze, vingt ans plus tard, il serait assez difficile de trouver ses coordonnées et de lui téléphoner pour organiser des « retrouvailles ».
Or, avec les réseaux sociaux, il suffit de rechercher le nom de la personne, puis de l’ajouter comme ami(e). Il ne vous reste alors qu’à discuter pour savoir si vos intentions se rejoignent.
La promotion de l’infidélité
Facebook propose une page dédiée à l’infidélité. Mais elle n’est pas très populaire.
En fait, les internautes préfèrent des sites plus discrets lorsqu’ils se préparent à « sauter la clôture ». Vous n’aurez pas à chercher longtemps pour trouver des sites spécialisés qui vous permettront, si vous le désirez, d’entrer en contact avec des personnes qui recherchent des aventures extraconjugales.
Un de ces sites, basés au Canada, épouse même le slogan : « La vie est courte, ayez une aventure ».
Gleeden, un autre site, compte au-delà de 1,7 million de membres répartis dans plusieurs pays.
L’infidélité émotionnelle
Séduire est un besoin pour de nombreuses personnes. Or, il est tentant d’échanger des propos plus intimes avec une personne « intéressante ». Ce phénomène pourrait même modifier la notion même de l’infidélité.
Oui, tromper à une nouvelle signification selon Tracey Cox, une experte britannique en relations humaines. « Ce n'est pas parce que vous n'avez pas de relations sexuelles avec une autre personne que vous ne trompez pas votre conjoint(e) en flirtant avec d'autres, affirme Mme Cox. L'infidélité émotionnelle ne faisait pas partie de la vie de nos grands-parents parce que le seul membre du sexe opposé avec qui on pouvait flirter était soit le meilleur ami de votre époux, soit le mari de votre meilleure amie. (...) Facebook et Twitter sont arrivés, avec leurs flirts en ligne « sans danger » avec des amis qui se préoccupent plus de votre vie que votre époux ou des réunions avec d’anciens coups de cœur. »
Or, cette infidélité émotionnelle est facile... D’ailleurs, au Québec, 30,5 % des participants à une étude ont révélé avoir des comportements de séduction sur Internet. Oui, les internautes jouent avec le feu. Et ils se brûlent parfois.
Une arme à double tranchant
Si les réseaux sociaux favorisent le flirt émotionnel et/ou les rencontres extraconjugales, ils servent aussi à dénoncer des écarts de conduite. En juin 2013, la passagère d’un train a publié, sur Facebook, la photo d’un homme qui se vantait d’avoir cocufié sa conjointe à de multiples reprises. En quelques heures, la photo a été partagée 86 000 fois!
L’épouse trompée est toutefois demeurée discrète.
En outre, il existe un site qui invite les internautes à dénoncer les infidélités dont ils sont témoins. Au moment d’écrire ces lignes, il comptait 13 733 dénonciations.
Sous surveillance
Les Québécois qui tentent de séduire sur les réseaux sociaux seraient toutefois mieux d’être prudents. Alors qu’il est pratiquement impensable de lire le courrier adressé à son conjoint ou sa conjointe, près de 40 % des répondants à une étude menée par la sexologue Anik Ferron ont avoué surveiller le compte Facebook de leur partenaire de vie.
Il y a plus. Des 573 participants à l’étude, 41 % ressentent de la jalousie lorsque leur partenaire navigue sur les réseaux sociaux. Et ces derniers sont responsables de disputes chez 23 % des couples.
Pour la sexologue, Facebook est une porte d’entrée, notamment au niveau professionnel, ou pour retrouver des amis, des connaissances. C’est son utilisation qui risque de nuire à la vie de couple.
Si les réseaux sociaux facilitent l’adultère, la réaction de la personne trompée ne change pas. Incrédulité, colère et peine se mélangent lorsque cette dernière apprend la vérité. Et si la victime de cette duperie fréquente elle aussi les réseaux sociaux, il est préférable, selon les experts, de retirer le nom de l’infidèle de sa liste d’amis.
Henri Michaud, rédacteur Canal Vie