Ahh, la galanterie! À première vue, on peut la trouver séduisante et romantique comme dans toute bonne scène d'amour d'un grand classique du cinéma en noir et blanc. Que ce soit sur grand écran ou dans la vraie vie, quand on voit un homme céder son siège à une dame, lui ouvrir la portière d'une voiture, l’aider à mettre son manteau... on sait qu'on a affaire à un homme galant. Ces gestes «old fashion», souvent considérés comme de bonnes manières, peuvent émouvoir... ou carrément choquer!
Plusieurs croient dur comme fer que la galanterie n'est plus assez courante dans nos interactions avec l'autre sexe, alors qu'au contraire, d'autres pensent que c'est une pratique d'une autre époque, dont on devrait se défaire au plus vite, afin d'atteindre une réelle égalité des sexes. Qui dit vrai?
Puis, on est en mesure de se demander : est-elle exclusivement réservée aux relations hommes-femmes? Existe-t-elle dans des couples homosexuels? Après tout, elle peut même se pointer le bout du nez lors de nos interactions avec des étrangers qu'on croise au centre d'achats et qui insistent pour nous tenir la porte.
La galanterie est-elle sexiste?
Une dame peut-elle, elle aussi, faire preuve de galanterie envers son partenaire masculin? En cette ère où le féminisme continue d'évoluer au rythme des moeurs de la société, est-il pertinent de se demander si la galanterie est carrément... sexiste?
Les femmes ont beau longtemps avoir été associées au «sexe faible», sont-elles encore considérées comme si fragiles qu'elles ne peuvent pas ouvrir une porte elles-mêmes? D'un autre côté, devrions-nous pour autant nous braquer lorsqu'un geste attentionné est commis à notre égard? Peut-on exiger de l'autre qu'il agisse selon ce genre de code un peu stéréotypé? Comment faire pour concilier toutes ces questions et en arriver à une solution qui plaira à tous les partis? Finalement, galanterie a-t-elle toujours sa place parmi nous ou est-elle une source de malentendu?
À l’ère où l’égalité entre les hommes et les femmes ne fait plus de doute dans l’esprit de grand nombre de gens, est-ce que d'avoir un comportement galant dessert la cause féministe? Maintient-elle les femmes dans une position d’infériorité, ou suppose-t-elle plutôt leur supériorité? Tout dépend des points de vue!
Voici quelques pistes pour éclairer le sentier de notre réflexion.
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Tout d'abord, il faut se demander: c’est quoi exactement la galanterie? Parce que... on vient qu'on ne le sait plus.
Si on jette un oeil du côté du Larousse, le terme se définit comme étant une «politesse empressée auprès des femmes» ainsi que des «propos, compliments flatteurs adressés à une femme».
À première vue, ça semble être bien loin de l'égalité des sexes! Tant pour l'homme que pour la femme, la galanterie ressemble à un moule restrictif qui incombe aux hommes forts d'agir au service de la pauvre femme fragile. N'est-ce pas là deux formes de masculinités et de féminités toxiques?
La galanterie est non seulement sexiste, mais elle soumet la volonté des hommes comme des femmes; l'un a la pression de la mettre en pratique alors que l'autre se soumet à la recevoir, tout ça, basé sur les sexes, sans vraiment que ceci ne vienne spontanément mais plutôt par des normes comportementales qui commencent à accumuler la poussière.
Mais abolir les gestes galants n'est pas chose simple, car encore bien des gens de nous jours semblent apprécier l'aspect «vieux jeu» de ces marques d’attention fleurs bleues qui sont associées au romantisme.
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Il semble que le temps est venu pour nous de revoir nos manières de faire d'inspiration moyenâgeuse, et de se questionner au sujet de leur pertinence pour le bien-être de tous.
Par exemple, il m’est déjà arrivé de céder mon siège dans le transport en commun à un travailleur de la construction, même si c’était moi qui portais la jupe. Il a semblé surpris, mais très heureux de finalement pouvoir se reposer avec une longue journée de durs labeurs. Pour moi, qui avais passé la journée assise à un bureau, il aurait été indécent de prétendre que j'ai priorité sur ce divin siège de métro simplement parce que je suis une femme. On a beau apprécier les belles attentions à l'égard de notre personne, l'idée n'est pas de tomber dans l'infantilisation d'un genre ou d'un autre, mais plutôt de trouver un compromis juste pour tous, selon les situations uniques qui se présentent.
Faire preuve d'un bon jugement n'est peut-être pas dans notre manière de concevoir le romantisme, mais il est un excellent moyen de faire un pas en avant en tant que société.
La galanterie, un sujet qui divise
Il arrive que certains hommes n’osent plus faire preuve d'égard envers les femmes suite à une réponse négative à leurs gestes galants. Par exemple, en tenant la porte pour une inconnue, plusieurs déplorent s'être fait répondre par la dame qu’elle n’est pas handicapée et qu'elle pouvait bien s'arranger toute seule. Ouf!
Faut-il souffrir d’un handicap pour apprécier un geste de bienveillance? Chose certaine, si on veut éviter qu’une porte ne se referme au visage de la personne qui se trouve derrière nous, ça ne coûte rien de la retenir lentement, peu importe de quels sexes ou identités de genre il s'agit. Même si on ne doit pas toujours s'attendre à un merci, la plupart des gens apprécieront ce geste délicat de savoir-vivre élémentaire.
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Comment être galant sans être sexiste? En étant courtois envers tous, simplement!
Il semblerait donc que la seule voie de salut soit d'user de courtoisie envers nos contemporains lorsque l'occasion se présente.
D'après le Larousse, on compte deux définitions pour expliquer ce terme :
- Attitude de politesse raffinée, mêlée d'élégance et de générosité ; civilité.
- Notion clé de la civilisation médiévale élaborée dans les cours seigneuriales et fondée sur une théorie et une pratique raffinées des rapports homme-femme.
Bon, si on met de côté l'aspect médiéval mentionné en second lieu (après tout, cette charmante époque où la peste et la sorcellerie étaient très tendance est loin derrière nous) et qu’on porte attention à la première définition, on trouve alors une attitude bienveillante envers autrui, peu importe leur genre. Oh! Comme c'est beau à lire. C'est de la vraie musique aux oreilles de nos yeux de voir qu'il existe un tel concept non genré où la civilité est mise de l'avant.
Donc, pourquoi ne pas nous en tenir à la courtoisie lors des prochains siècles à venir?
Parce qu'être courtois, c’est bon pour tout le monde, c'est souvent gratuit (et payant!) et ce n'est définitivement pas sexiste.