Votre conjoint a un problème de consommation d'alcool, il marmonne des mots incompréhensibles, se conduit de facon peu raisonnable ou pire, vous abreuve d'injures. À ses côtés, des bouteilles de bière, de vin, voire de spiritueux, jonchent le sol. Vous êtes malheureuse... mais il ne voit rien. Que faire?
L'alcoolisme, une maladie
D'abord, sachez que l'alcoolisme est un trouble de santé. Selon le Groupe français Merck :
- - « C'est une maladie, un comportement pathologique qui présente des signes physiques, psychiques et biologiques permettant le diagnostic, et qui entraîne des complications graves et parfois mortelles. L'alcoolisme relève de causes biologiques, génétiques, psychologiques et sociales. Il est également redevable d'un traitement préventif ou curatif bien souvent efficace. Il relève d'une intervention médicale et, à ce titre, il s'agit bien d'une maladie, » au même titre que le cancer ou la sclérose en plaques.
Statistiques
- Selon Santé Canada, 4 à 5 millions de Canadiens « se livrent à une consommation d'alcool à risque élevé, laquelle est associée aux collisions de véhicules automobiles, aux troubles causés par l'alcoolisation foetale et autres affections physiques, aux problèmes familiaux, au crime et à la violence ».
- Dans le monde, une personne sur dix serait aux prises avec un problème de dépendance liée à l'alcool.
- Et lorsqu'on songe qu'au moins trois personnes sont affectées par la surconsommation d'un proche, plus de 16 millions d'individus - la moitié de la population du pays - sont, ou seront touchés, de près ou de loin, par la surconsommation d'alcool.
Les causes de la maladie
Santé mentale
L'alcoolique est généralement victime d'un mal de vivre, voire d'une dépression ou de problème jamais résolus thérapeutiquement. Il peut être anxieux par rapport à la vie, angoissé par ses craintes, ses attitudes, ses faiblesses, ses traumatismes. Lorsqu'il consomme, il devient un autre individu, capable de faire face à la réalité ou d'oublier ce mal qui le tourmente. Au début, il sera mieux dans sa peau. Et ça peut durer quelques années... Puis, un jour, sa consommation le rattrape!
Dépendance
Généralement, l'alcoolique aime le goût de l'alcool et les sensations qu'il procure. Il est malade, qu'à cela ne tienne. Il vomira, puis se remettra à boire. Il prendra aussi son véhicule, car il est persuadé qu'il sera capable de conduire dans cet état... Rien ne pourra l'en empêcher, même pas les campagnes de prévention... Car l'alcoolique n'accorde pas d'importance à ces publicités destinées au grand public.
D'ailleurs, selon un sondage effectué par Léger Marketing, 10 % des Canadiens (14 % des Québécois) auraient conduit un véhicule alors que leurs facultés étaient affaiblies par l'alcool, au cours des trois dernières années.
Vivre avec un alcoolique
Codépendance
Vivre avec un alcoolique n'est pas une sinécure. Parallèlement à l'évolution de la maladie, la conjointe (ou le conjoint) développe parfois un processus appelé codépendance : on essaye de protéger son conjoint (« il travaille beaucoup, il a des soucis... »), puis, on dissimule quelques épisodes de sa vie liée à la consommation d'alcool et lentement, on perd confiance.
La situation se détériore souvent, au fil des beuveries et des périodes de répit (de plus en plus courtes et de moins en moins fréquentes). La personne qui vit avec un alcoolique aura tendance à s'isoler et penser qu'elle est seule à vivre cette situation toxique.
Il est difficile aussi d'affirmer à son partenaire qu'il est alcoolique. Bien souvent, il refusera cette idée, trouvera des excuses (cent plutôt qu'une) et accusera sa conjointe de tous les maux. L'alcoolique doit prendre conscience, par lui-même, de sa maladie.
Que faire pour s'en sortir?
Demander de l'aide : une seule règle s'applique : « accepter que je ne peux arrêter de boire, ni me faire soigner, à sa place ». Vous pouvez faire appel à certaines ressources (Al-Anon, le CLSC de votre quartier). Trouvez un endroit pour exprimer vos peines, vos rancoeurs, vos incertitudes, vos colères, mais ne le faites pas en présence de votre conjoint.
Lâcher prise
Il peut vous sembler inhumain de laisser votre conjoint se détruire de la sorte, mais c'est la seule façon pour lui de prendre conscience de son problème et d'envisager les moyens pour se faire soigner. S'il accepte de se faire aider professtionnellement, épaulez-le autant que votre énergie le permet. Donnez-lui une chance de changer, surtout s'il est capable de nommer sa souffrance et d'analyser son comportement à jeun.
Par contre, s'il est violent psychologiquement ou physiquement avec vous, partez. Vous ne lui devez rien s'il vous manque de respect à répétiion.
Acceptez-le dans son changement
Un autre phénomène risque de se produire. Une fois abstinent, l'alcoolique en rémission voudra reprendre le contrôle de sa vie, parfois avec excès. Il reprendra les responsabilités qu'il a délaissées lorsqu'il était entraîné par sa consommation. Le meilleur moyen de l'aider, c'est de vous préparer à l'accepter sans alcool.
Et, souvent, cette étape s'accompagne de ruptures professionnelles, amicales et/ou conjugales. C'est souvent la seule façon, pour l'alcoolique, de reconquérir sa place et sa dignité. Certes, ce geste sèmera l'incompréhension dans l'entourage.
Et s'il recommence?
N'oubliez pas que l'alcoolique peut être abstinent durant plusieurs années, mais il n'atteindra pratiquement jamais la sobriété. D'ailleurs, qui peut se vanter d'être complètement sobre dans toutes les facettes de sa vie? Et s'il retouche à l'alcool, il n'aura besoin que de six à neuf mois, parfois moins, pour retomber dans l'état où il était lorsqu'il a cessé de consommer. C'est humain.
Un ami m'a illustré ce phénomène voilà plusieurs années : « Imaginez une automobile qui a 300 000 kilomètres au compteur. Rangez-la au garage. Bichonnez-la. Peignez la carrosserie tous les ans, mais ne touchez pas au moteur. Puis, remettez-la sur la route dix ans plus tard. Elle aura encore 300 000 km, et pourrait tomber en panne à un coin de rue, sans crier gare! »
D'autres ressources pour vous aider :
Al-Anon (aussi dans diverses régions du Québec)
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