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Elles sont est un balado original de Noovo Moi qui donne la parole à des personnes ayant pour point commun d'avoir des parcours atypiques et parfois souffrants. Cet article se veut un complément de l'épisode 1 et concerne l’infidélité et les relations toxiques.
Merci infiniment à l'animatrice Mélissa Bédard et à ses deux invitées, Jeanne (un pseudonyme) et Ismaëlle.
Jeanne, avec beaucoup d’émotions, raconte que depuis 10 ans, elle est en relation avec un homme marié. Elle est « en amour par-dessus la tête » avec cette personne, avec qui elle décrit avoir une excellente chimie et un grand naturel.
Lorsque leur histoire a commencé, il était déjà en couple, mais lui a dit « que ça n’allait pas bien ». Pourtant, au fil des ans, il est resté avec cette personne, s’est marié avec elle et a même eu un enfant. Chaque fois, Jeanne, qui a toujours l’espoir qu’il quitte sa femme pour être avec elle, a encaissé le coup et est restée quand même.
Un jour, Jeanne est tombée enceinte, en même temps que la femme de son amant. Elle a alors dû vivre à la fois la peine immense de réaliser que l’homme qu’elle aime tant allait avoir un enfant avec une autre, mais aussi avec celle de devoir se faire avorter. « Pourquoi pas moi?, » qu’elle se disait… Ça a été le début de sa réalisation qu’elle se faisait manipuler. Parce qu’elle s’est dit : « Si tu n’aimes pas ta femme, si ça ne va pas bien avec elle, pourquoi continuer et lui faire un enfant? »
Ismaëlle, de son côté, en entrée « à reculons » dans une relation toxique. La relation s’est terminée au bout de 6 mois, ce qu’elle considère comme « une chance », qu’elle ait pu s’en sortir sans trop de dommages.
Dès le départ, elle a vu des signes que quelque chose « clochait », mais qu’elle a choisi d’ignorer. Tout en énoncant des limites à cet homme qui s’est plus ou moins imposé à elle, elle s’est fait embarquer dans cette relation. Elle lui a dit qu’elle n’était pas intéressée à rencontrer un amoureux, mais il a transgressé sa volonté de demeurer amis. À leur 3e rendez-vous, il l’a violée. Dans le déni et pour se protéger elle-même dans un sens, elle a donc conclu qu’ils étaient désormais en couple et que cette agression « était leur première fois ».
Cet homme avait un passé violent et lui avait dit : « Si on a un conflit, ne discute, va-t’en, éloigne-toi de moi ». Même si au final ça n’est jamais arrivé, c’est ainsi qu’elle affirme que la trame de fond de toute leur histoire, ça a été son sentiment de peur et d’insécurité.
Pendant leurs 6 mois de relation, il l’a trompé 3 fois avec la même femme. Au final, après la 3e infidélité, elle lui a demandé « une pause, » n’osant pas trop le laisser tout d’un coup. C’est en fin de compte lui qui a rompu, par texto, ce qui l’a autant enragé que soulagé.
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Jeanne et Ismaëlle s’entendent pour dire que ces hommes « ont le meilleur des deux mondes », voire même « le beurre et l’argent du beurre ». En effet, la dynamique de pouvoir fait qu’ils peuvent profiter de la situation sous tous les angles, pouvant toujours compter sur l’amour, l’admiration et les faveurs sexuelles de deux femmes différentes en même temps.
Ce genre de relation demande que ce soit toujours la femme qui fasse les sacrifices. Jeanne, même si elle dit qu’elle est « heureuse » et « que leur relation n’est « que du bonheur sans routine et sans conflits » a quand même bien conscience qu’elle fait du sur place dans sa vie. Elle aimerait être en couple pour de vrai, avoir quelqu’un sur qui compter, se marier, avoir un enfant… Mais son amant refuse qu’elle rencontre ou qu’elle voit d’autres hommes.
Les deux femmes s’entendent pour dire que ce qui leur a fait du bien, c’est tout simplement une présence bienveillante, le fait de se sentir écoutées et encouragées, sans pour autant se faire juger.
Jeanne, par exemple, affirme que « ses amies essaient de la brasser » et de l’aider à laisser cet homme pour de bon. Mais en même temps, « elles ont aussi accepté sa décision » [de rester avec lui depuis tout ce temps] et compris qu’au final, c’était sa vie à elle ».
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Ismaëlle répète que cette situation malheureuse qu’elle a vécue a quand même eu du positif : elle lui a permis de « se mettre en priorité » pour la première fois de sa vie. Même si pour Jeanne le pas est plus difficile à faire, les deux femmes s’entendent pour dire que la porte de sortie d’une relation toxique, c’est « de se choisir ». Ce genre de situation demande « aux femmes d’être très fortes » pour pouvoir le faire, fait remarquer Ismaëlle avec beaucoup de justesse.
Aujourd’hui, Ismaëlle travaille fort pour retrouver son bien-être, elle apprécie sa liberté et elle a fait « le choix du célibat assumé ». Elle n’a plus « peur de blesser quelqu’un » en lui fermant la porte. De son côté, Jeanne affirme que si elle pouvait revenir dans le passé et parler à la femme qu’elle était avant, elle lui dirait « de ne pas aller là, » de ne pas embarquer dans cette relation.
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Elles sont est un projet qui nous a énormément tenu à cœur comme équipe éditoriale, parce que nous considérons que ce sont des réalités difficiles, mais qu'il demeure nécessaire d'en parler.
Depuis le début du projet, et avant même sa réalisation, nous l’avons porté avec amour et espoir. Mais même en sachant à quoi nous attendre, nous avons été renversées par la puissance des épisodes. Ceci est dû d’une part à l’animation si fine, sensible, empathique et intelligente de Mélissa Bédard. Nous n’aurions pas pu choisir une meilleure personne pour piloter ce projet particulier! Mais c’est également dû aux personnes invitées si pertinentes, éloquentes et attachantes, qu’on aurait toutes envie de prendre dans nos bras. Loin d’être des victimes, elles présentent chacune à leur façon un modèle de courage et de résilience.
Elles sont est une série magistrale, que tout le monde devrait écouter sans faute et dont nous sommes extrêmement fières.
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