Un bébé sans couches vous semble une idée farfelue? Elle est pourtant adoptée dans plusieurs pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud et fait maintenant son bout de chemin au Québec.
Si dans le reste du monde on pratique l’hygiène naturelle infantile pour des raisons culturelles et économiques, ici, au Québec, les parents se tournent vers celle-ci pour d’autres motifs. En plus d’être écologique, cette façon de faire permettrait d’établir une meilleure communication avec notre enfant.
Qu’est-ce que l’hygiène naturelle infantile?
Cette méthode consiste à ne pas mettre de couche à bébé et à plutôt repérer les signaux qu’il nous envoie lorsqu’il a besoin d’éliminer. L’objectif : l’amener au-dessus de la cuvette, du lavabo ou du petit pot le plus rapidement possible.
L’hygiène naturelle infantile (HNI) ne veut surtout pas dire apprentissage précoce de la propreté. On ne force en aucun cas l’enfant. Il s’agit plutôt pour le parent d’être à l’écoute. Cette pratique permet également à l’enfant de prendre conscience des besoins d’élimination de son corps. En résumé, le succès de cette méthode réside sur la communication entre le parent et son bébé.
Quand commencer?
Il est conseillé de commencer l’HNI entre la naissance et six mois. Puisque le bébé n’est pas encore trop mobile, il est plus facile de l’observer et de décoder les signaux avant-coureurs de ses évacuations. De plus, durant cette période, il n’est pas encore trop distrait par le monde qui l’entoure, mais davantage connecté à ses fonctions corporelles.
Être à l’écoute et décoder les signes
Cette méthode repose sur l’idée suivante : les bébés communiquent leurs différents besoins tels que la faim, le sommeil, la douleur et l’inconfort. Pourquoi ne seraient-ils pas en mesure de communiquer leur besoin d’élimination?
Selon les adeptes de l’HNI, les bébés, dès leur naissance, émettent des signaux clairs avant d’évacuer : petite grimace, érection, gigotement distinct, mouvement des jambes, air de concentration. Il suffit de savoir les décoder et agir rapidement.
En plus de l’observation de ces signes, les parents peuvent associer des sons à la fonction d’élimination afin de conditionner leur bébé au bon geste. À titre d’exemple, le son « pssss » pour le pipi est propice lorsque bébé est au-dessus du pot pour l’inciter à agir.
Par ailleurs, on peut constater une certaine régularité chez notre enfant. La plupart éliminent au réveil, après avoir bu ou mangé alors que d’autres le font pendant leur repas ou après le bain. Il s’agit de déterminer la routine de notre bébé en tenant bien compte qu’elle n’est pas toujours exacte.
Enfin, l’HNI repose en grande partie sur l’intuition du parent. Après quelques semaines de pratique, il vous sera plus facile de prédire les moments où votre enfant désire aller au petit coin.
Les échecs et déceptions
Il est important de garder en tête que vous vivrez plusieurs échecs lors de l’application de l’HNI. Vous essuierez un bien grand nombre de dégâts. Il faut le faire par plaisir et, surtout, ne pas être stressé, car l’enfant risque de ressentir votre pression et faire tout le contraire de ce que vous espérez. Bref, l’HNI n’est pas une science exacte et bien souvent, on croit reconnaître un signe qui n’en est finalement pas un, et cinq minutes plus tard, bébé se manifeste... dans le fond de son pyjama. L’HNI est un long processus. Vous décoderez graduellement votre bébé, il faut seulement accepter que parfois, vous en louperez certains!
L’HNI à temps partiel
Vous êtes occupé, vous avez une sortie, bébé fait ses nuits? C’est simple, mettez-lui une couche!
Il n’est pas obligatoire de pratiquer cette méthode 24 heures sur 24. L’essentiel, c’est de le faire dans le plaisir. Certains parents optent pour l’HNI uniquement le matin, les soirs ou encore seulement les fins de semaines.
Ayez toujours un paquet de couches jetables ou des couches lavables à la maison et dans votre sac de transport lors de vos déplacements. De nombreux enfants, au cours de leur développement, sont amenés à refuser périodiquement l’incitation à la propreté. Enfin, si votre enfant a subitement des troubles intestinaux, vous serez heureux d’avoir des couches sous la main!
Les avantages
- Renforcer les liens de complicité et de communication avec votre bébé;
- Faire des économies substantielles;
- Appliquer une méthode écologique;
- Éliminer les problèmes d’irritations de la peau (l’érythème fessier);
- Favoriser l’apprentissage de la propreté hâtif (vers 18 mois);
- Éliminer ou diminuer les risques d’infections urinaires et de troubles de constipation;
Les inconvénients
- Cette méthode demande une grande disponibilité de la part des parents;
- Beaucoup de lessive;
- Risque de dégâts à la maison et dans des lieux publics;
- Stress de trouver des toilettes à temps;
- Jugement et critiques des gens;
Les vêtements
L’idéal, c’est que bébé ne porte pas de vêtements du tout! Ce n’est toutefois pas toujours évident au quotidien. Plusieurs options s’offrent à vous : des pantalons avec des trous au niveau des fesses, des jambières portées sans culotte ou encore des robes de nuit. L’essentiel, c’est que les vêtements s’enlèvent rapidement!
Pour en savoir plus
Vous êtes tenté par l’HNI?
- Depuis 2004, l’organisation Diaper Free Baby encourage des milliers de familles aux États-Unis, en Australie et au Canada à adopter l’option sans couche.
- Mélissa Bellemare, maman derrière le blog A Hippy with a minivan, offre des ateliers à domicile ainsi qu’à la boutique Melon et Clémentines afin de vous guider pas à pas vers l’HNI.
- Plusieurs livres ont été publiés dont Sans couches, c’est la liberté! de l’auteure Ingrid Bauer, La vie sans couches de Sandrine Monroncher et Conseils et astuces pour élever son enfant sans couche ou presque de Carine Phung.
Sabrina Hammoum, rédactrice Canal Vie