Il n'est pas facile pour le parent d'un adolescent d'aborder avec lui une question aussi sensible que celle de la consommation de drogue.
D'une part, les parents connaissent souvent mal les problématiques rattachées à la drogue, en plus d'être inquiets à l'idée que leur jeune pourrait avoir des problèmes graves.
D'autre part, les adolescents, en quête d'émancipation, ne sont pas toujours aussi réceptifs aux conseils de leurs parents que ceux-ci le souhaiteraient.
Ne soyez pas alarmiste
Tout d'abord, qui dit consommation de drogue ne dit pas nécessairement consommation abusive. Nombreux sont les adolescents qui tenteront l'expérience une ou quelques fois, sans conséquence sur leur vie, leur comportement ou leurs études. Il s'agit d'un rite de passage tout ce qu'il y a de plus normal, comme le premier amour, la première relation sexuelle ou le premier contact avec l'alcool.
Par ailleurs, certains jeunes maintiendront pendant un certain temps une consommation récréative qui, malgré un caractère plus ou moins soutenu, n'affectera pas nécessairement les autres sphères de leur vie.
Il est essentiel de ne pas dramatiser ces expériences; une réaction excessive risquerait de briser le lien de confiance qui existe entre vous et votre enfant. Or, pour que vous soyez en mesure de le comprendre et de l'aider au besoin, il est essentiel que vous mainteniez un dialogue sain avec lui.
Un rôle de prévention
Le rôle des parents est avant tout un rôle de prévention. Nous l'avons dit, vous ne pourrez probablement pas empêcher votre enfant de consommer de la drogue à un moment ou à un autre. Toutefois, vous pourrez peut-être l'aider à retarder quelque peu l'expérience.
Or, des études ont démontré que les adolescents qui essaient la drogue trop tôt sont plus à risque de développer un problème de consommation. En établissant des règles claires, en sachant dire non à votre enfant à l'occasion, en ayant avec lui des discussions d'égal à égal et en gardant un oeil sur lui sans le surprotéger, vous aiderez peut-être à retarder le moment fatidique. Mais pas indéfiniment...
Évitez la moralisation
Lorsque vient le temps d'aborder le sujet de la consommation de psychotropes, il ne sert à rien de la diaboliser. Les parents sont parfois tentés d'adopter un discours très moralisateur relativement à la drogue; ils disent à leur enfant que c'est mal d'en prendre, mais sans bien argumenter cette prise de position. Une autre approche répandue consiste à faire peur au jeune en employant un discours alarmiste, par exemple en lui disant que l'usage du cannabis le mènera à celui de drogues dures ou en exposant de façon radicale les conséquences nocives de l'usage de drogues sur la santé.
Ces façons de faire ne donneront rien, au contraire. Il vaut mieux avoir des discussions rationnelles avec le jeune, lui expliquer que vous comprenez qu'il puisse avoir un attrait pour les drogues, tout en lui présentant les risques que comporte la consommation.
Il est surtout important que l'adolescent sente qu'en cas de besoin, il pourra vous parler de sa consommation sans se sentir jugé. Si vous lui avez laissé entendre que le fait d'essayer la drogue est un acte monstrueusement répréhensible, il est peu probable qu'il se tourne vers vous par la suite.
Évitez l'intrusion
Si vous croyez que votre adolescent consomme, ne soyez pas trop intrusif. C'est le meilleur moyen pour qu'il se détache de vous. Par exemple, si vous trouvez des drogues dans son sac ou dans sa chambre, il vaut mieux qu'il ne sache pas que vous avez fouillé dans ses affaires.
Restez à l'affût des indices de mal-être, essayez de parler avec lui, posez lui des questions, mais ne lui jetez pas à la figure les pièces à conviction que vous avez trouvées. Il risquerait de ne plus vous faire confiance.
Dans le même ordre d'idée, il est normal que vous désiriez être mis au courant de ses allées et venues, mais si vous l'appelez vingt fois au cours d'une soirée ou que vous surgissez par hasard au parc où il devait rencontrer ses amis, il risque de se méfier de vous par la suite.
Demandez de l'aide
Finalement, si votre enfant présente des signes de consommation excessive et qu'il n'est pas réceptif à vos efforts pour l'aider, n'hésitez pas à demander du renfort. Parfois, le simple fait pour le jeune d'avoir l'occasion de parler à un adulte de confiance qui n'est pas un de ses parents pourra avoir des bénéfices surprenants.
Pour vous, il existe des groupes de soutien pour parents ainsi que des lignes téléphoniques où des spécialistes sauront répondre à vos interrogations.
Vous devriez également savoir que plusieurs centres de réadaptation en toxicomanie offrent des services adaptés aux jeunes.
D'autres ressources ne devraient pas être négligées, par exemple les psychologues scolaires, les intervenants en toxicomanie ainsi que les travailleurs sociaux qui exercent dans les CLSC.
Jeanne Dompierre, rédactrice Canal Vie