Le 14 juin prochain, le passage de la plupart des régions du Québec en zone jaune (c'est déjà le cas pour certaines) signifiera la fin du télétravail obligatoire pour tous ceux qui peuvent effectuer leurs tâches à distance.
Comment et quand se fera le fameux « retour au bureau » très attendu pour certains, mais si redoutés par d'autres? Et... se fera-t-il systématiquement? Qu'est-ce que la pandémie va avoir changé après presque un an et demi à la maison?
Un exemple concret
À la mi-mars 2020, mon conjoint qui travaillait habituellement dans une grande tour du centre-ville de Montréal s’est installé à la maison. «Pour quelques semaines, peut-être un mois…» était sur le moment l’état d’esprit de la compagnie. (Notre naïveté du début de la pandémie m'émeut presque.)
Près de 16 mois plus tard, il y est toujours... et l'horizon du retour au bureau n'a même pas encore été bien défini. La fin de l'été semble une date probable de fin du travail à la maison exclusif... Ce qui coincidera avec la vaccination complète de la plupart des employés. Mais même si ce retour arrivera forcément, il sera probablement partiel et (très) progressif. Et ce, peut-être définitivement.
Il s'agit simplement d'un exemple parmi d'autres provenant d'une compagnie "de services" comptant une soixantaine d'employés, mais je le trouve assez représentatif et intéressant. Voici entre autres ce qui s'est passé pour eux durant la pandémie:
- Une personne est déménagée à temps plein à son chalet dans les Cantons de l'Est, et a commencé à louer sa maison en ville
- Plusieurs personnes ont été engagées mais comme c'était dans un contexte de télétravail, quelques-unes n'étaient pas "locales". Deux employés vivent donc en Colombie-Britannique et un au Yukon!
- Les bureaux étaient déjà limite surchargés avant la pandémie, donc il n'y a tout simplement plus assez de place pour tout le monde.
La direction étudie donc présentement différentes options, comme des changements de locaux -une situation qui est plutôt inévitable de toute façon. Sauf qu'après avoir payé "pour rien" un bail pendant presque un an et demi, et avec la preuve faite que la productivité pouvait être tout à fait au rendez-vous même lorsque 100 % à distance, le réflexe n'est pas de déménager dans un bureau plus grand comme ça aurait été le cas avant... Mais plutôt de considérer des locaux plus petits et disons-le, surtout, moins coûteux. Dans ce scénario, il ne serait pas possible pour tous les employés d'être en présentiel en même temps. Le modèle qui se dessine semble donc privilégier un travail hybride, avec les employés qui viennent à temps partiel et en rotation.
Le télétravail n'est pas pour tout le monde... Tout comme le travail en présentiel
J'ai les deux types de personnes autour de moi :
- Celles qui n'en peuvent plus d'être à la maison. Peut-être qu'elles redoutaient d'avance le télétravail, ou peut-être que cette lassitude s'est installée après une euphorie initiale (Dormir plus! Gagner du temps en transport tous les jours! Travailler en mou tout le temps!) Ces personnes, souvent plus sociales, s'ennuient franchement chez elles, ressentent de l'isolement, bénéficieraient de plus de structure dans leur journée, ont hâte de recommencer à "s'habiller pour de vrai" et sont généralement dues pour un changement de beat! Pour certaines, c'est également une question d'organisation et de logistique: leur chez soi ne leur procure tout simplement pas les meilleures conditions pour travailler (ou/ne les inspire pas du tout!).
- Celles pour qui la seule pensée du retour au bureau provoque un serrement de gorge et une vague d'anxiété. Pour celles-ci, le télétravail a révélé des avantages incroyables qu'elles ne sont pas prêtes à laisser aller. Elles sont bien à la maison, elles apprécient à fond leur qualité de vie, elles ont maximisé leur productivité et pour toutes sortes de raisons, elles préfèreraient drôlement que ça dure!
Le modèle hybride, dans les deux cas, semblent donc vraiment être la solution idéale.. Puisqu'il permet à ceux qui s'ennuient de retrouver leur routine dans une certaine mesure, tandis qu'il permet aux autres de conserver en partie leur confort! Une sorte de compromis acceptable pour tout le monde, finalement! C'est donc bien ce que beaucoup d'entreprises pourraient privilégier non seulement à court, mais également à moyen et long terme.
Le télé-travail ne sera bientôt plus obligatoire... Mais demeure recommandé
Tant que la pandémie ne sera pas terminée, il y a fort à parier que le retour au bureau demeurera assez soft. C'est que, mesures sanitaires obligent, l'employeur demeure responsable d'assurer la santé et la sécurité de tous sur les lieux de travail. Ce qui veut dire: masque, distantiation et désinfection des surfaces. Pas l'idéal en général, mais encore plus dans un contexte de grandes tours à bureau qui partagent des espaces communs, des ascenceurs et des systèmes de ventilation, de travail à aire ouverte et de multiplication des contacts.
La Presse fait remarquer qu'après tant de temps à la maison et un tel schisme dans la société, le retour au travail risque d'amener beaucoup d'enjeux: niveaux de confort différents face au risque de la maladie, anxiété sociale bien installée chez certains, problèmes de rétention (autant chez ceux qui sont démotivés par la continuation partielle du télétravail que ceux qui craignent le retour en présentiel) conflits pour établir qui devrait ou ne devrait pas revenir, nécessité de "sévir" si certains ne respectent pas les règles, etc. Tout pointe vers la prudence et la nécessité de prendre le temps de bien effectuer ce retour.
La COVID amène des grands changements dans le monde du travail
Avec la COVID, quelque chose s'est passé dans le monde du travail. Le virage vers le télétravail, prédit depuis de nombreuses années, s’est mis en place à la vitesse Grand V et... n’est peut-être pas près de s’en aller.
Beaucoup de grosses compagnies de ce monde ont déjà pris des décisions qui auraient été très surprenantes il y a quelques années à peine. Amazon, American Express, Microsoft, Paypal, Quora, Reddit, Salesforce, SAP, Siemens, Slack, Spotify, Verizon, JP Morgan Chase, parmi d'autres, ont décidé de mettre en place des politiques (très) flexibles, axées sur le télétravail partiel.
D'autres comme Google, Facebook,Twitter, la canadienne Shopify, Slack et Square vont permettre aux employés qui le souhaitent de demeurer en télétravail... pour toujours!
D'ailleurs, selon le prestigieux magazine Forbes, 70 % des employés pourraient travailler (partiellement ou complètement) à partir de la maison d'ici 2025.
Dans cette optique, les compagnies qui s'en tirent le mieux seront probablement celles qui offriront des options à leurs employés: soit le retour au travail complet en présentiel, soit une formule hybride ou soit le télétravail à volonté, avec des présences ponctuelles au bureau.
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La pandémie a procuré la démonstration de faisabilité que tout le monde attendait
Le passage au télé-travail, tout précipité et imprévu qu’il a été, a somme toute prouvé que pour bien des gens et des secteurs, le travail à la maison peut très bien marcher! Et même si beaucoup d’employés ou d’équipes individuelles le savaient ou le prônaient déjà depuis longtemps, c’est toute une autre étape cruciale que les entreprises elles-mêmes le réalisent et le formulent ainsi. Il s’agit véritablement d’une brèche vers un nouveau paradigme.
Les employés, pour la plupart en tout cas, sont en faveur de demeurer en télétravail le plus longtemps possible : une étude menée en 2017 aux États-Unis a en effet révélé que les employés étaient prêts à accepter une baisse de salaire de 8 % pour avoir l’avantage de travailler à la maison. Ce que ce chiffre (tout de même significatif) suggère, c’est que ce mode de vie leur procure des avantages, voire même une qualité de vie, plus importants que ceux liés à la rémunération.
Même après la COVID, le bureau ne va jamais complètement disparaître… Et même en temps de pandémie, ce ne sont pas toutes les compagnies qui ont suivi le mouvement du télétravail ou qui y sont très ouvertes : Bloomberg entre autres songeait à offrir une prime d’environ 100 $ par jour à ceux qui étaient prêts à revenir au bureau en présentiel. Mais ce qui est certain, c’est que maintenant, le débat est commencé et que le travail ne sera peut-être plus jamais complètement le même.
Un retour massif aux immenses tours à bureaux semble pour l’instant encore un peu incongru, même une fois que la crise de la COVID sera passée… Et il y aura donc des centres-villes, des édifices et d'autres lieux de travail similaires qui devront peut-être se réinventer.
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