Il arrive un moment ou tous les parents se demandent s'il est bien de donner de l'argent de poche à leurs enfants. Bien sûr, il existe différentes opinions sur le sujet et elles sont toutes pertinentes. En effet, lorsqu'il est question d'éducation, beaucoup de choses doivent être prises en considération. Chaque famille est différente, tout comme les manières de procéder. Alors, que faire, en donner ou pas?
Est-ce recommandé?
Il n'y a rien qui prouve qu'un enfant qui reçoit un certain montant chaque semaine ou chaque mois soit plus épanoui qu'un autre. Ainsi, tout dépend beaucoup de votre propre conception de l'autonomie chez vos enfants, de votre système de valeurs personnel, de vos convictions et, bien évidemment, de vos moyens financiers. Certains parents préfèrent ne jamais offrir de montant fixe, tout en étant plus ouverts à acheter le jeu, la gâterie ou le chandail qui fait rêver leur enfant à l'occasion. D'autres donneront un billet de temps à autre sans raison précise, d'autres encore versent un montant important lors des occasions spéciales (Noël, anniversaire) et c'est tout...
De la même façon, un enfant qui a reçu une petite allocation chaque mois depuis l'âge de 10 ans ne pensera pas forcément que l'argent pousse dans les arbres. Chaque situation est différente. Il convient simplement d'aborder le sujet avec vos jeunes de façon claire et ouverte. Qu'attendez-vous d'eux exactement? Qu'ils prennent en charge toutes leurs menues dépenses? Qu'ils vous consultent avant d'acheter quoi que ce soit? Autant de points à clarifier avant de « signer le contrat ».
Pourquoi verser de l'argent de poche à nos enfants?
La plupart des parents affirment que verser une allocation régulière à leurs enfants leur permet de leur enseigner certains rudiments de la planification financière (épargne, choix des achats, etc.) Ainsi, les jeunes sont en mesure d'apprendre à économiser pendant plusieurs semaines pour un jouet ou un vêtement qu'ils aiment. Ils peuvent également apprendre à gérer leur argent dans le temps : s'ils veulent acheter des popsicles ou des bonbons au dépanneur, ils ne disposent que d'un certain montant par mois pour le faire... Une fois le tout dépensé, plus de sucreries jusqu'au prochain versement! D'ailleurs, pour éviter ce désagrément, il est parfois recommandé de verser la somme prévue une fois par semaine... au moins au début!
Parfois, les parents des enfants qui réclament constamment de nouvelles choses préfèrent les laisser se rendre compte par eux-mêmes de la vitesse à laquelle disparaît l'argent. Cette leçon vaut mille mots, et les jeunes verront assez vite que lorsque maman affirme ne plus avoir d'argent, c'est peut-être vrai.
De plus, disposer d'une certaine somme à dépenser comme on le souhaite apporte une certaine autonomie au jeune et lui permet de prendre des décisions par lui-même. Vous pourrez en profiter pour le sensibiliser aux publicités « agressives », et l'aider à différencier ses besoins (que vous comblez déjà) de ses désirs.
Enfin, les discussions que vous engagerez avec votre enfant sur la meilleure manière de gérer et dépenser son argent lui seront assurément très profitables pour l'avenir. Vous pourriez même offrir de lui ouvrir un compte et de partager son allocation en deux : une partie qu'il verse chaque mois dans le compte en vue d'un « gros » achat (bicyclette, animal de compagnie, console vidéo ou lecteur mp3), et une autre dont il dispose pour les petites dépenses occasionnelles.
Donner « pour rien » ou en échange de tâches?
Généralement, on s'entend pour dire que payer les enfants pour une tâche « normale » n'est pas recommandé. Il est normal qu'un jeune de 12 ans range sa chambre régulièrement (même s'il fait les coins ronds et que vous devez repasser après lui), qu'il aide à certaines tâches ménagères comme faire la vaisselle, sortir les poubelles, promener le chien et qu'il participe à la vie domestique du foyer.
En tant que parents, nous avons parfois peur « d'exploiter » nos jeunes, mais sachez que le « travail des enfants » que l'on peut qualifier d'exploitation malsaine n'a rien à voir avec l'occasionnel accrochage-décrochage de linge ou le coup de vadrouille sur le plancher de la salle de bain après l'avoir transformé en zone sinistrée! Maintenant, il est possible que vous n'appréciiez pas la façon dont votre enfant accomplit certaines tâches, mais ça, c'est une autre histoire! La somme d'argent que vous lui versez ne devrait pas être dépendante du nombre de tâches « normales » dont il s'acquitte, et ne devrait pas non plus être supprimée totalement s'il refuse de ramasser le contenu de sa garde-robe qui a élu domicile sur le tapis de sa chambre à coucher.
Par contre, vous pourriez ensemble décider d'un montant supplémentaire pour certaines charges particulièrement rébarbatives, comme tondre la pelouse, déneiger l'entrée, nettoyer la cour, ramasser les feuilles, etc.
Très important : il ne faudrait jamais offrir de l'argent à vos enfants en échange de ses résultats scolaires. Il doit comprendre que bien travailler à l'école et faire ses devoirs est primordial, mais pas qu'il doit étudier pour gagner plus de sous. Par contre, rien ne vous empêche de lui faire un cadeau-surprise (en argent, si vous le souhaitez) si vous êtes particulièrement fier de ses résultats dans une certaine matière ou de son année scolaire au complet.
Combien donner, selon les âges?
Encore une fois, il est difficile de répondre à cette question puisque chaque famille dispose de revenus différents... Selon votre façon de procéder, il faudra également prendre en compte les besoins de vos jeunes. Par exemple, si l'argent ne sert qu'à d'occasionnelles gâteries, votre enfant n'aura pas besoin d'un montant exorbitant. Si, par contre, vous vous attendez à ce qu'il gère lui-même ses repas à la cafétéria (au secondaire), il vous faudra lui allouer plus d'argent.
Voici quelques trucs qui devraient vous aider :
6 ans et moins :
Un enfant qui ne sait pas bien compter (6 ans et moins) n'a pas besoin d'argent régulièrement. Vous pouvez lui donner une pièce de 1 ou 2 $ à l'occasion qu'il mettra dans sa tirelire, ou vous l'accompagnerez directement au dépanneur pour qu'il s'achète une crème glacée.
Entre 6 et 10 ans :
Votre enfant est encore très jeune et ne réclame pas beaucoup de choses. Vous pourriez lui offrir de 3 à 5 $ par semaine, et l'encourager à épargner pour quelque chose qu'il souhaite vraiment. Il sera fier de payer par lui-même son nouveau jouet ou d'offrir un cadeau pour la fête de son meilleur ami (même si ça vient du magasin à 1 $).
Entre 10 et 12 ans :
Tout dépend ici du caractère de votre jeune. Certains se contenteront encore de leur 5 $ sans rechigner, particulièrement ceux qui ne connaissent aucune dépense supplémentaire. Dans tous les cas, il est possible d'augmenter graduellement l'allocation à chaque anniversaire, en fonction de vos moyens. Le jeune sera fier de voir que vous êtes conscient qu'il « grandit », même s'il n'a pas réellement besoin de plus d'argent.
Entre 12 et 15 ans :
Les choses se corsent! En effet, dès les débuts de l'adolescence, vous remarquerez que votre jeune souhaite être plus autonome. Il veut faire comme ses amis, essayer différents looks vestimentaires, organiser des sorties (au cinéma, etc.), acheter les derniers jeux à la mode, avoir un téléphone cellulaire ou un ordinateur portable! Ouf! Ça joue sur le budget tout ça! Votre jeune va surement commencer à demander beaucoup plus, et quelle que soit votre réponse, il ou elle sera probablement insatisfait!
Vous devrez donc poser des balises claires avec votre enfant et élaborer ensemble un budget réaliste qui prend en compte vos revenus et ses besoins réels. Par exemple, s'il réclame de l'argent pour manger chaque midi au casse-croute du coin avec ses amis, accordez-le-lui une fois de temps en temps, mais expliquez-lui que même vous, vous amenez votre lunch au bureau et qu'il n'y a donc aucune raison pour qu'il soit traité différemment! Pour les petits besoins et les sorties occasionnelles, une allocation de 35 à 40 $ par mois semble généralement suffisante, à condition que vous n'exigiez pas également de votre enfant qu'il paye ses fournitures scolaires et ses vêtements. Certains parents préfèreront parfois fournir 100 $ ou plus par mois à leur jeune, afin de réellement les responsabiliser, mais alors ils ne se chargeront de leur fournir que la nourriture et le coucher (une chance!)
Si vous vous asseyez ensemble et mettez par écrit le prix de chaque chose et la fréquence à laquelle il les réclame, votre jeune devrait comprendre... Et si elle ou il n'y parvient pas, n'ayez pas peur de « tenir votre bout ». Après tout, vous êtes le parent responsable (on espère) et il n'est pas question de prendre du retard dans le paiement de votre loyer parce que votre enfant désire une paire de bottes à 300 $, comme la voisine!
Comment gagner de l'argent supplémentaire?
Si, pour une raison ou une autre, votre enfant souhaite vraiment obtenir plus d'argent que vous ne pouvez lui en offrir, encouragez-le à trouver des moyens créatifs pour en gagner. Quel que soit son âge, il y a plein de petits services qu'il peut offrir au voisinage, par exemple : arracher les mauvaises herbes du jardin, déneiger l'entrée (pour les plus âgés), ramasser les feuilles mortes, promener les animaux domestiques, vendre ses jouets inutilisés dans une vente de garage improvisée, laver les vitres, etc.
Surtout, rappelez-vous que, quelles que soient vos belles paroles, les enfants copient leurs parents. Ainsi, si vous-même croulez sous les dettes, mais continuez à dépenser sans compter (merci les cartes de crédit!), il y a de fortes chances que votre enfant fasse la même chose, et qu'il développe un mauvais rapport avec la planification financière... Peut-être pourriez-vous profiter de l'occasion d'inculquer la valeur de l'argent à votre enfant pour revoir vos propres méthodes de gestion!
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie