Le passage de l’enfance à l’adolescence est une étape obligatoire… Par contre, on ne sait jamais à l’avance comment les choses se dérouleront. Certains jeunes passent au travers de cette période de questionnement sans trop de dommages (pour eux et leurs parents), alors que pour d’autres, c’est vraiment la crise!
Qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui ne l'est pas? Comment éviter ou minimiser les conflits? Comment faire confiance sans être laxiste? Où trouver de l'aide quand on ne sait plus quoi faire?
L’adolescence : une période de changement
On appréhende toujours le passage de nos enfants vers l’âge adulte : cette étape communément appelée la crise d’adolescence fait peur aux parents, parce qu’on ne sait pas trop comment réagir quand on voit cet être dont on s’occupe depuis des années réclamer son indépendance.
En plus des changements physiques évidents dus à la puberté, les ados vivent une période trouble durant laquelle ils essaient de définir qui ils sont vraiment face au monde qui les entoure et quelles sont leurs convictions et aspirations pour l’avenir. On exige d’eux qu’ils deviennent responsables et en même temps, on a parfois du mal à les considérer comme des personnes capables de faire des bons choix. On les voit grands, mais en même temps si petits… Et cela n’aide en rien qu’eux-mêmes ne soient pas toujours certains de ce qu’ils sont.
À quoi s’attendre?
À l’adolescence, il faut s’attendre à entrer en conflit avec nos ados… sur à peu près tout : les sorties, les permissions, l’école, les fréquentations, l’habillement, etc. Les jeunes tentent de trouver leur place et de se définir en tant qu’individus au sein de leur famille et de la société, et cette quête de soi passe presque systématiquement par l’opposition et les conflits. Évidemment, l’ampleur des discussions et des disputes varie selon les personnes (parents et ados) et les caractères de chacun, mais dites-vous bien que si vous ne vivez aucun conflit du tout, c’est qu’il y a anguille sous roche! Ce n’est pas normal!
De plus, ne pensez pas qu’il existe une seule solution à un problème donné : les jeunes changent d’avis d’un jour à l’autre, ce qui était « cool » hier lui semblera terrible demain. Les émotions d’un ado changent du jour au lendemain, sans préavis, et sans que l’on puisse lui en faire la remarque… Et si on essaie, on est certain d’essuyer quelques remarques bien senties, voire insolentes!
Une autre caractéristique propre à l’adolescence, c’est le besoin d’être entouré de se ses pairs. Les ados ont souvent l’impression que les adultes ne comprennent rien à ce qu’ils vivent (c’est souvent vrai, on oublie vite…) et que les plus jeunes sont trop bébés. Ils ne se sentent bien qu’entre eux et ont besoin de ces discussions interminables pour se comparer les uns aux autres, de sorties, de défis à relever, etc.
Comment gérer la crise?
Certains parents trouvent que la gestion de cette période est particulièrement compliquée parce que les techniques d’éducation ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’elles l’étaient il y quelques décennies. À la discipline exclusive s’est souvent substituée une relation d’amitié ouverte entre les enfants et leurs parents : on discute, on argumente sur le bien fondé de telle ou telle conséquence, on ordonne rarement… Et le résultat, c’est qu’on ne sait plus quoi faire lorsque vient le moment d’interdire aux ados de faire certaines choses : ils n’ont pas l’habitude de devoir suivre des règles strictes.
La bonne nouvelle, c’est que même si cette période est difficile à vivre (des deux bords), elle est aussi passagère. Après quelques années plus ou moins mouvementées, les ados parviennent à établir qui ils sont vraiment.
En attendant, voici quelques trucs pour les parents désemparés :
- Encourager le dialogue, montrer qu’on les aime.
- Écouter les jeunes, même si on n’est pas forcément d’accord avec leurs plaintes.
- Poser des limites claires (sorties, respect, langage utilisé à la maison, etc.), ce qui n’empêche pas qu’elles seront transgressées à l’occasion.
- Les jeunes doivent savoir quelles sont les conséquences lorsque les règles ne sont pas suivies.
- Respecter l’intimité de vos ados : on ne fouille pas dans leur chambre, on ne lit pas leur journal intime, leurs textos ou leurs conversations internet.
- Faire confiance le plus possible : essayez de vous rappeler votre propre adolescence. Nous avons tous fait des bêtises, mais était-ce vraiment dramatique? Ce sont souvent ces moments qui constituent nos plus beaux souvenirs.
- Aborder les sujets importants : toxicomanies et dépendances, sexualité, mauvaises fréquentations. Ils seront peut-être mal à l’aise et ne voudront pas discuter avec vous, mais votre implication leur montrera que vous prenez à cœur leur situation,
- Leur laisser des libertés. Par exemple, on peut leur donner la permission de gérer leur heure de coucher eux-mêmes, à condition qu’ils se lèvent à l’heure et ne ratent pas systématiquement leur autobus!
- Montrer l’exemple : si vous fumez deux paquets de cigarettes par jour, vous n’êtes pas particulièrement en position de leur interdire de fumer… Votre interdiction leur semblera hypocrite!
Et si ça dégénère?
On entend toujours des histoires de crises d’adolescence incontrôlables : fugues, troubles de l’alimentation, consommation de drogues et d’alcool, absence scolaire, violence verbale et/ou physique, isolement social et symptômes de dépression, etc. Heureusement, ces extrêmes sont moins fréquents que les crises d’adolescence normales, mais si votre jeune semble sur une pente descendante et que vous ne savez plus comment gérer la situation, il peut être nécessaire de consulter un spécialiste.
Vous pouvez en parler au personnel scolaire de l’établissement que fréquente votre ado (professeur, psychologue scolaire, etc.) ou aviser un travailleur social à votre CLSC.
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie