Il est environ 22 h. Votre enfant a trois ans, il hurle à tout rompre. Vous vous jetez dans sa chambre, votre coeur bat la chamade, vous vous inquiétez sérieusement de ce qui peut lui causer cette folle agitation. Vous tentez de le prendre dans vos bras, il vous rejette, continue de hurler et vous donne des coups. Il est assis, vous fixe les yeux ouverts, semble terrorisé, mais vous lui parlez et il ne vous répond pas. Il transpire, son coeur bat très fort, il parle de façon incohérente.
Mais que se passe-t-il?
Il est probablement victime de terreurs nocturnes, un trouble du sommeil qui touche 3 à 5 % des enfants âgés de 18 mois à 6 ans. Contrairement aux cauchemars, les terreurs nocturnes ne laissent pas votre petit si perturbé puisqu'il n'est pas conscient de l'émotion qui l'assaille. C'est plutôt vous qui risquez de vivre un moment de forte intensité, impuissant que vous êtes à l'égard de la crise qu'il vit.
Comment réagir
Comme cette situation est déroutante pour l'adulte qui ne connaît pas ce trouble du sommeil, il arrive que certains parents tentent de brasser leur enfant pour le faire revenir à la réalité ou s'enragent qu'il ne réagisse pas à leur intervention. Évidemment, c'est un comportement à proscrire qui risque de faire l'effet contraire et de traumatiser votre bébé.
La meilleure attitude à adopter est de vous assurer que votre petit va bien, qu'il ne se blessera pas en remuant, et d'attendre que la crise passe. Certains enfants se mettent à courir pendant ces crises qui peuvent durer jusqu'à 20 minutes.
- Vérifiez la sécurité des lieux qui pourraient le blesser.
- Verrouillez les portes de la maison.
- Vous pouvez lui caresser les cheveux, lui parler doucement ou lui chanter une chanson tendre.
Il se peut qu'il ne réagisse pas du tout à votre intervention ou la rejette en vous tapant, mais même si vous avez l'impression que ça ne fait aucune différence, cette intervention peut le calmer et lui assurer un reste de nuit plus calme.
Toutefois, il est recommandé de ne pas le réveiller. Il est dans un sommeil profond et le réveil provoquerait un état d'angoisse et de confusion important. Ne lui en parlez pas non plus le lendemain matin. Le fait d'être conscient qu'il a un étrange comportement dont il n'est pas conscient peut amplifier le problème et augmenter l'anxiété. Vous pouvez simplement lui demander comment il a dormi, s'il a fait des cauchemars.
Vit-il de simples cauchemars ou une terreur nocturne?
Question légitime, mais la réponse est assez simple. La terreur nocturne se produit entre 1 et 3 heures après l'heure du coucher et survient lors du sommeil lent et profond. Au petit matin, votre enfant ne se souvient de rien, ce qui peut paraître impossible à vos yeux étant donné l'état de détresse intense dont il a fait preuve pendant la nuit. Et pourtant, c'est bien vrai. Les terreurs nocturnes n'étant pas conscientes, elles ne laissent aucune trace dans les souvenirs de l'enfant.
Les causes des terreurs nocturnes
- L'enfant vit des terreurs nocturnes souvent lorsqu'il est trop fatigué ou qu'il a de la fièvre.
- Elles peuvent être déclenchées lors de périodes de transitions importantes ou stressantes : changement de garderie, arrivée d'un nouveau bébé dans la maison, déménagement, séparation ou disputes des parents...
- Contrairement aux cauchemars et comme le somnambulisme, les terreurs nocturnes seraient héréditaires. Si vous en faisiez quand vous étiez petit, il est possible que vos enfants en vivent aussi.
Les prévenir, les guérir
- Comme les terreurs nocturnes peuvent être causées par une grande fatigue, il est important de revoir les heures de siestes, de voir à ne pas les interrompre, de devancer l'heure du coucher, de diminuer les activités de la journée si elles sont trop intenses.
- Trouvez une routine du sommeil rassurante et constante. Évitez la télévision avant le dodo, lisez-lui une histoire douce qui ne risque pas de le perturber, faites-lui écouter des CD de relaxation le soir, donnez-lui un bain calmant, faites-lui un massage.
- Il n'y a pas vraiment moyen de guérir une terreur nocturne, bien que si la situation se détériore et que les crises se manifestent souvent et longtemps, un psychothérapeute pourrait être appelé à intervenir. Elles cachent peut-être une manifestation plus importante de stress. Sinon, ni l'état mental et physique n'est affecté lors de ces crises. Les terreurs nocturnes sont un phénomène normal dans la vie de certains enfants.
Violaine Dompierre, éditrice Canal Vie