Depuis 2016, l’Observatoire des tout-petits publie «Dans quels environnements grandissent les tout-petits du Québec?», un portrait annuel qui permet d'en apprendre plus, notamment sur l'environnement familial et le milieu de vie dans lequel les plus petits (les moins de cinq ans) grandissent. Ce document est élaboré à partir des données fournies par l'Institut de la statistique du Québec.
Parmi les faits saillants de la dernière édition de ce document, on apprend notamment que le taux de stress des mères de jeunes enfants est très élevé. Selon l'étude en effet, «39 % des mères de tout-petits de 6 mois à 5 ans présentent un niveau élevé de stress lié à la conciliation des obligations familiales et extrafamiliales».
Des pères moins stressés
Quand on regarde du côté des pères des jeunes enfants, le chiffre du niveau de stress tombe à seulement 23%. Cette disparité entre les deux sexes a par ailleurs tendance à se creuser. «Chez les mères, la proportion est en augmentation depuis 2012, alors que chez les pères elle demeure stable».
Il est important de mettre une autre donnée en parallèle de cette statistique: la situation d’emploi des familles du Québec (avec au moins un enfant de cinq ans ou moins). Cette situation s’est améliorée et on constate que de 2001 à 2016 la proportion des familles où les deux parents (ou le parent seul) travaillent est passée de 60,8 % à 69,7 %. Ce qu'il faut noter c'est que sur cette période, le taux d’emploi des mères a augmenté de façon plus importante.
Le niveau de stress élevé en lien avec la conciliation famille-travail chez les mères est dont malheureusement un effet négatif de ce qui est à la base une bonne nouvelle.
La répartition des tâches au sein du couple a des conséquences très concrètes sur le stress des parents. Selon l’Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans de 2015, «les parents très satisfaits du partage des tâches avec leur conjoint ont un niveau moins élevé de conflits famille-travail».
La conciliation famille-travail, qui est une source de stress importante pour 62% des parents est donc bien le cœur du problème.
L'importance du lien d'attachement
Un parent affecté par le stress serait plus à risque de se désengager à l’égard de son enfant. «Sous l’emprise du stress chronique, le parent peut développer une perception négative de la relation avec son enfant, des difficultés à gérer ses propres émotions, des problèmes à percevoir et à répondre adéquatement aux signaux de détresse de son enfant et un manque de confiance en ses habiletés parentales» indique l'étude.
«Notre société change, et on doit peut-être réfléchir en tant que société sur la façon dont on peut s'ajuster à tous ces changements et travailler d'avantages en ce qui concerne la conciliation travail-famille», a dit Fannie Dagenais, la directrice de l'Observatoire des tout-petits au micro de la journaliste Pénélope McQuade. «On se rend compte que les revenus augmentent, mais que cela baisse le temps de qualité que certains parents peuvent accorder à leurs enfants. Un peu plus du quart des parents trouvent difficile de trouver du temps pour jouer avec leurs tout-petits, discuter, chanter des comptines, faire des casse-têtes avec eux, les amener au parc, toutes ces activités qui vont stimuler leur développement».
La directrice de l'Observatoire souligne également l'importance de développer le lien d'attachement entre les parents et leurs enfants. «Ce lien est un pilier chez les enfants qui va les accompagner toute leur vie et faire en sorte qu'ils vont devenir des adultes capables de se sortir de toutes les situations».
Des solutions à trouver
L'Observatoire met en relief le fait «qu'offrir à tous les parents de jeunes enfants des mesures de conciliation famille-travail, y compris à ceux qui ont des horaires atypiques, serait un moyen de contribuer à réduire le stress chez les parents».
Parmi les nouvelles mesures de conciliation qui pourraient être explorées, l'option de permettre aux parents un retour au travail plus souple après un congé parental est ainsi évoquée.
Une autre piste concernant les solutions à apporter concerne l’intégration des pères dans l’ensemble des politiques, des services et des programmes visant les familles avec de jeunes enfants. Le fait de les impliquer davantage dans l’éducation de leurs tout-petits serait très positif. «Développer des programmes et des services de soutien à la parentalité ciblant précisément les hommes les aide à jouer plus activement leur rôle parental, et ce, dès la grossesse. Valoriser et encourager la prise d’un congé de paternité prolongé permet également d’aider les pères à jouer un rôle parental plus actif».
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