Avec l’école viennent les premières amitiés significatives… et les premières chicanes et peines d’amitié. Voici comment les gérer.
Je ne calcule plus le nombre de fois où ma fille me racontait le matin comment elle aimait jouer avec MissV et où le soir, elle m’avouait avoir eu une «méga chicane qui ne finira JAMAIS de toute la vie» avec MissV. Le lendemain? Toujours en grosse chicane. Puis, oups, vendredi arrive et qu’est-ce que j’entends : «Maman, je peux inviter MissV tout le weekend?».
Au début, ces chicanes me faisaient beaucoup de peine. Je trouvais que ma fille exagérait, que MissV était un peu susceptible et que les deux étaient fort têtues. Difficile pour moi de croire qu’elles pouvaient passer une récréation entière à se bouder, à s’ignorer ou encore à se tenir tête. Au fond de moi, je me disais que c’était une perte de temps. Je me rappelais comment petite je jouais durant mes récrés, en profitant au maximum pour ne pas rater une minute. Je n’avais pas le temps de me chicaner. Mais les temps ont simplement changé, je crois. C’est plus vers la fin du primaire que je me rappelle des premières grandes chicanes de filles. En plein ce que vit ma fille quelques années en avance.
Au fond, n’importe quelle chicane si elle se déroule dans un minimum de respect peut être bénéfique. Et mieux vaut apprendre tôt à nos enfants comment «bien se chicaner» et comment «sortir» d’une chicane.
Choisir les bons mots
Quand on exprime un désaccord, on parle au «je» et non au «tu».
Choisir le moment
Juste avant d’entrer dans la classe, ce n’est pas le moment de se parler, bien souvent. Il vaut peut-être mieux attendre
S’excuser
Parfois, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin. Il se peut que notre enfant ait des torts et on doit lui apprendre à les admettre.
Bien écouter et poser des questions
On apprend à notre enfant à écouter ce que l’autre a à lui dire. On lui apprend aussi qu’il est bon de poser des questions pour savoir s’il comprend bien ce que l’autre essaie de lui dire.
Notre boulot de parent est de transmettre ces trucs à nos enfants, mais surtout à ne pas banaliser ni amplifier la chicane. Et «ne pas trop s’en mêler» me disent mes amies aussi mamans. On les aiguille doucement sans s’immiscer dans leurs chicanes à moins d’un grave déraillement. En les écoutant, la plus grande partie de notre boulot est fait. On peut aussi leur poser des questions qui les amèneront à réfléchir et possiblement à voir les deux côtés de la chicane. Souvent, dans la peine d’amitié, les enfants sont tristes et peuvent la vivre comme une trahison ou même un abandon. Ils se sentent mis de côté. Ils anticipent aussi les changements («On dînait ensemble, avec qui je vais manger?») et voient certains rêves se briser («On voulait aller au camp d’été ensemble. Ça ne marchera plus!»). Bien sûr, il ne faut pas leur faire croire que tout va être comme avant, mais il faut leur expliquer qu’il est normal de ne pas toujours être d’accord, que c’est permis d’avoir plusieurs amis à la fois selon nos différents intérêts et qu’on ne peut pas exiger l’exclusivité de quelqu’un. On leur rappelle aussi que le temps fait bien son œuvre… Au fond, c’est l’apprentissage des rouages de l’amitié et des relations sociales.
Nadine Descheneaux, rédactrice