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Samedi après-midi, je suis demandée pour un conseil dans le bureau de consultation par une jeune femme au regard apeurée. Il y a eu un party hier soir et elle me raconte qu’elle et son partenaire ont « fait une gaffe ». Elle aurait besoin de la pilule du lendemain. Est-ce qu’en tant que pharmacienne je peux aider cette jeune fille ou bien dois-je avoir l'accord des parents? Quel est l’âge du consentement en pharmacie? On fait le point.
La pilule du lendemain, aussi appelée contraception orale d’urgence, est administrée quand une contraception adéquate n’a pas été utilisée dans le but de prévenir une grossesse non désirée. Elle doit être optimalement utilisée le plus rapidement possible, mais demeure somme toute efficace jusqu’à 72 heures après la relation non protégée. Il est possible jusqu’à 5 jours après la relation non protégée de faire appel à un médecin pour la pose d’un stérilet dans le but de prévenir la grossesse, mais cette procédure est beaucoup plus invasive alors vaut mieux consulter son pharmacien.ne rapidement.
La réponse à cette question est, comme toute problématique éthique, pas tout en noir et blanc.
Premièrement, si la jeune femme est âgée de plus de 14 ans, elle a droit, au Québec, de consentir à des soins de santé requis par son état de santé. Pour la contraception orale d’urgence, dans ce cas, la réponse est assez simple. En effet, les soins prodigués par un(e) pharmacien(ne) tombent toujours dans cette catégorie. Je peux donc, sans avertir ses parents ou tuteurs, lui remettre la contraception orale d’urgence.
Qu’arrive-t-il si la jeune fille devant moi a été victime de violences sexuelles et refuse que je communique avec sa famille? Quel cauchemar! Et si la jeune fille n’a pas les moyens de payer pour le traitement? Il y a bien longtemps que je m’interroge sur la non-gratuité de ce service.
Et s’il s’agit d’une jeune fille de 16 ou 17 ans, mais avec déficience intellectuelle légère, serait-elle apte à consentir à ce moment-là? Il faudrait alors considérer son développement mental, émotif et physique pour s’assurer d’avoir un consentement éclairé.
Et maintenant, si elle a 13 ans? Je dois absolument obtenir le consentement de ses parents ou de ses tuteurs légaux. Il m’est déjà arrivé qu’une jeune fille de 13 ans me consulte pour la contraception orale d’urgence alors qu’elle était en visite chez sa grand-mère et elle refusait catégoriquement qu’on l’appelle! Quelle situation complexe et angoissante.
On pourrait se questionner sur la nécessité du consentement du parent pour la contraception orale d’urgence, car quelle jeune fille de 12 ou 13 ans gagnerait à tomber enceinte? Cependant, comme elle n’est pas jugée encore apte à prendre des décisions pour sa santé selon la loi, cette question se retrouverait hors des mains du pharmacien. Je souhaite ardemment ne jamais me retrouver devant ce dilemme éthique!
Heureusement, les situations de contraception orale d’urgence ne sont pas les seules pour lesquelles un(e) pharmacien(ne) peut être consulté par des adolescents.
Le pharmacien est maintenant habilité à prescrire la contraception orale quand l’accès au médecin est difficile. En effet, mieux vaut prévenir que guérir dans ce cas. Une adolescente pourrait donc d’elle-même décider de voir son pharmacien pour cette raison. Il est aussi possible de changer la contraception pour en assurer la tolérance ou l’efficacité.
Ainsi, je pourrais aider une jeune femme en lui proposant le timbre cutané ou l’anneau vaginal comme contraceptif si elle a tendance à oublier des doses. Ou même changer de sorte de pilule contraceptive si celle-ci lui cause des effets secondaires.
Les ITS (infections transmises sexuellement) sont encore une autre situation pour laquelle, l’adolescent(e) pourrait vouloir consulter sans ses parents. Dans cette situation, les traitements sont entièrement payés par le gouvernement!
Est-ce à dire que le consentement au soin est permis pour tous les soins de santé pour un(e) mineur(e) de 14 ans et plus au Québec? Et bien non! Seuls les soins requis par la santé sont inclus.
Donc si j’étais chirurgienne plastique et que la fameuse consultation était pour une augmentation mammaire... eh bien il faudrait quand même le consentement des parents!
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