Et si nous pouvions obtenir un diagnostic grâce à notre haleine? Ce procédé semble digne d’un film de science-fiction, mais est pourtant bien réel.
En attendant de pouvoir glisser un gadget pas plus gros qu’un tube de rouge à lèvres dans votre sac à main, le groupe japonais Toshiba a récemment innové en présentant le prototype d’un analyseur d’haleine de la taille d’un four à micro-ondes, destiné pour le moment aux professionnels de la santé.
Cet outil ne date en fait pas d’hier puisqu’il a déjà fait l’objet de nombreuses études qui se sont avérées concluantes dans le diagnostic de certaines maladies. Encore mieux, il pourrait même éviter aux patients des examens souvent lourds, couteux et intrusifs.
Ce que cache notre haleine
Comme les empreintes digitales, l’haleine est unique à chaque individu. Cependant, sa composition change au cours de la vie à cause, entre autres, des différentes maladies affectant le corps humain.
Les effluves qui émanent de la bouche lors de la respiration sont composés d’air, de vapeur d’eau, de gaz carbonique et de molécules issues des systèmes pulmonaire et buccal. Les plus petites d’entre elles peuvent aisément passer du sang aux voies respiratoires, et finir leur course dans le souffle.
Le prototype va donc, à l’aide d’un faisceau infrarouge, mesurer les gaz rejetés et en faire l’analyse afin d’identifier les molécules problématiques. Par exemple, on sait que le dispositif de Toshiba reconnaît déjà trois types de gaz :
- l’acétone, ce composé à l’odeur fruitée que l’on trouve chez les diabétiques;
- le méthane, un indicateur des problèmes digestifs;
- l'acétaldéhyde, présent dans l’organisme après une grande absorption d’alcool, et responsable des maux de tête.
Un « nez électronique »
Le groupe japonais n’est pas le seul à croire en cet outil puisque des chercheurs des quatre coins de la planète tentent aussi de percer le mystère de l’haleine.
Hippocrate, le père de la médecine, avait lui aussi établi un lien entre l’odeur qui émane de la bouche et l’état de santé de l’organisme, qui transparait dans les expirations.
Au fil de leurs recherches, les scientifiques ne cessent de progresser dans l’identification de marqueurs présents dans le souffle et relatifs, par exemple, aux troubles respiratoires et gastriques, aux cancers et aux maladies du système nerveux.
Encore mieux : ce nez électronique pourrait même indiquer la gravité, ou encore, à quel stade de la maladie les patients atteints seraient rendus, facilitant par le même coup les choix de traitements.
Des chiens qui ont du flair
Et si ce genre d’appareil est à la veille de changer la face de la médecine, c’est aussi grâce aux chiens.
Le flair des chiens, largement utilisé pour détecter les gaz, les explosifs ou encore les drogues, a également fait ses preuves dans la reconnaissance de certaines maladies. En effet, ils auraient la capacité de différencier les composés organiques volatils sains des marqueurs problématiques.
Des études ont démontré qu’ils pouvaient détecter, à l’aide d’échantillons d’haleine ou d’urine, la présence de cellules tumorales responsables des cancers colorectaux, du sein, de la prostate ou encore des poumons.
Et leurs habiletés ne s’arrêtent pas là puisqu’ils atteignent même des scores presque parfaits dans la reconnaissance de troubles comme le diabète et l’épilepsie, pouvant même déceler, une fois dressés, les signes avant-coureurs des crises de leur maitre avant qu’elles ne se déclenchent.
Mais malheureusement, même si ces fidèles animaux représentent un atout de taille pour la recherche, leur précieuse aide comporte des limites, notamment à cause des conditions d’hygiène, vitales dans le domaine de la santé.
Philippine de Tinguy, rédactrice Canal Vie