Le glioblastome est un cancer foudroyant dont la période de survie après diagnostic est de seulement 10 mois. Chaque année, ce sont 1 500 Canadiens qui en sont victimes. À l'heure actuelle, le traitement standard est le même depuis plus de quinze ans et celui-ci n'offre pas de perspectives positives. Mais une récente découverte pourrait bien donner de l'espoir aux malades.
Découverte d'une molécule intelligente trompe
Selon un article de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), on apprend ainsi qu'une équipe de chercheurs de cette entité a mis au point une molécule intelligente qui pourrait prolonger considérablement la vie des patients atteints de glioblastome.
Les résultats de cette étude qui a été dirigée par la Dre Siham Sabri et publiée dans le journal Clinical Cancer Research de l’American Association of Cancer Research, semblent très positifs. Elle met en avant la découverte de la molécule ZR2002, administrée par voie orale et qui serait capable de pénétrer la barrière hématoencéphalique avec comme effet de retarder la multiplication des cellules souches du glioblastome résistantes au traitement standard offert aux patients.
«Les cellules souches du glioblastome, extrêmement agressives et fortement résistantes au traitement standard de radiothérapie et de chimiothérapie temodal, seraient à l’origine de la récidive de la tumeur. Elles ont la capacité de se réparer lorsqu’on les attaque avec ce traitement», explique Bertrand Jean-Claude, co-auteur de l’étude et chercheur senior à l’IR-CUSM au sein du Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications.
Les spécialistes canadiens ont développé cette molécule de telle façon qu'elle puisse faire d’une pierre deux coups : «en plus d’attaquer la tumeur, elle détruit son système de défense», explique le chercheur qui travaille depuis plus de 20 ans sur ce concept de molécules capables de déjouer les tumeurs cancéreuses, qu’il a nommées «combi-molécules».
Un traitement standard inefficace
Le traitement standard du gliobastome qui est appliqué actuellement est le suivant: les patients subissent généralement une intervention chirurgicale visant à enlever le plus possible la tumeur dans le cerveau et pour augmenter les chances de tuer les cellules cancéreuses restantes, ils subissent alors environ six semaines de radiothérapie et de chimiothérapie, plus six autres mois de chimiothérapie.
«Chez environ 50 % des patients atteints de glioblastome, les tumeurs sont porteuses d’une protéine appelée EGFR qui favorise la prolifération des cellules tumorales et qui les rend résistantes à la chimiothérapie et à la radiothérapie, explique le Dr Bassam Abdulkarim, co-auteur de l’étude, radio-oncologue au CUSM et scientifique senior à l’IR-CUSM au sein du Programme de recherche sur le cancer.
Cependant, bien que le traitement standard soit capable d’endommager l’ADN des cellules cancéreuses, il ne peut pas contourner les effets de l’EGFR. Par conséquent, chez de nombreux patients, la tumeur recommence à croitre alors que leur traitement est encore en cours.»
Tous les espoirs dans une molécule
La découverte de la molécule ZR2002 est donc porteuse de grands espoirs dans le traitement du glioblastome. Cette molécule révolutionnaire endommage l’ADN cellulaire de la tumeur et bloque de façon irréversible l’action des protéines EGFR.
Pour tester l’efficacité de la nouvelle molécule, les chercheurs ont dû établir des cellules souches du glioblastome résistantes à la chimiothérapie utilisée pour le traitement des patients. «Le défi est non seulement de combattre la résistance des cellules souches du glioblastome, dit le Dr Bassam Abdulkarim, mais aussi de livrer la chimiothérapie au cerveau, car celui-ci est protégé par la barrière hématoencéphalique. Notre équipe a réussi à relever ces deux défis de taille.»
La prochaine étape pour les chercheurs est de poursuivre leurs recherches et tester cette combi-molécule, la première de sa catégorie, dans le cadre d’un essai clinique pour les patients atteints de glioblastome. «Comme il s’agit d’une maladie orpheline, le financement est plus difficile à obtenir, et nous remercions la Fondation du CUSM pour son soutien essentiel, dit le Dr. Abdulkarim. Si nous parvenons à mettre sur pied un essai clinique, ce sera la première fois qu’une molécule conçue et synthétisée à l’IR-CUSM sera testée en clinique à notre Centre de médecine innovatrice, pour le bénéfice des patients.»
Une maladie pas rentable
C'est une réalité désolantes : les maladies orphelines meurtrières n'intéressent pas les compagnies pharmaceutiques. Ce genre de maladies ne sont en effet pas suffisamment lucratives à traiter, le volume de cas étant trop petit pour être rentable. «On a 27 cas diagnostiqués par jour selon le registre canadien. Ça peut toucher de la jeune enfance jusqu'à un âge très avancé. Il n'y a pas d'enthousiasme de l'industrie pharmaceutique d'investir dans des traitements très coûteux» confie le Dr Bassam Abdulkarim à Radio-Canada.
À défaut d'intéresser les compagnies pharmaceutiques, la solution pour que les choses avancent plus vite est que les centres de recherche se financent eux-mêmes et réussissent à débloquer assez de fonds pour enfin traiter efficacement le gioblastome.
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