Lorsque l'on fait face à un diagnostic de cancer, beaucoup de questions viennent à l'esprit du malade, ainsi que de ses proches. Que sera la vie dorénavant? Comment mettre en place toute la logistique liée aux traitements contre la maladie? Comment réagir devant un conjoint malade? Comment le soutenir?
Parmi toutes ces interrogations auxquelles il faudra trouver une réponse, il y a aussi la question de la sexualité, souvent reléguée en fin de liste. Pourtant, malade ou non, chaque personne devrait pouvoir expérimenter une sexualité satisfaisante.
Bien sûr, certains changements surviendront tout au long de la maladie et il sera nécessaire d'effectuer des ajustements en conséquence, de modifier les habitudes sexuelles, tant pour les personnes souffrantes que pour leurs conjoints...
Maladie et estime de soi
Bien souvent, et ce, qu'il y ait maladie ou non, l'estime de soi joue un rôle primordial dans la pratique d'une sexualité épanouie et satisfaisante. Lors d'un diagnostic de cancer, beaucoup de choses changent sur les plans physiques, bien sûr, mais aussi sur le plan mental.
Passée la (mauvaise) surprise, il devient nécessaire de s'habituer à vivre avec la maladie et la perception que l'on a de soi en prendra souvent un coup. En effet, le (ou la) malade se trouvera confronté(e) à plusieurs insécurités, souvent difficiles à exprimer de vive voix au conjoint :
- Est-ce que mon partenaire sera encore attiré malgré les changements comme la perte des cheveux, les cicatrices ou l'ablation d'un sein, par exemple?
- Est-ce qu'il ou elle me voit encore comme son amoureux(se) ou seulement un(e) malade à soutenir?
- Si je suis trop épuisé(e) pour entretenir des relations sexuelles, est-ce une porte ouverte à l'adultère?
- Je n'aime pas le nouveau « moi », je ne me sens pas désirable... Comment un autre pourrait-il m'aimer?
Intimité vs sexualité
On mélange très souvent l'acte sexuel en lui-même (c'est-à-dire la pénétration) avec la notion de sexualité saine et épanouie. Or, il convient de se rappeler que cette notion implique bien plus : les caresses, les baisers, les attouchements, les étreintes font partie du processus. Il est possible que vous deviez, pendant une période plus ou moins longue, exprimer votre sexualité d'une manière différente de celle dont vous aviez l'habitude, ce qui peut être satisfaisant.
Dans le cas de faiblesse extrême ou de grandes douleurs, il faudra peut-être minimiser encore plus les rapports, mais il est primordial de se souvenir que, même malades, nous avons tous besoin de contacts physiques. Tenir la main de votre partenaire, ou simplement caresser doucement son visage reste une alternative lorsque rien d'autre n'est possible. L'important est de conserver l'intimité, quelle qu'en soit la forme, dans le couple.
Quelques problèmes possibles
Dépendamment du type de cancer, de la fréquence des traitements et de l'évolution de la maladie, il y a plusieurs difficultés auxquelles vous pourriez être confrontés :
- Fatigue
- Perte de libido, degrés différents de désir sexuel
- Peurs
- Relations sexuelles douloureuses
- Dépression ou symptômes dépressifs
- Changement d'apparence : perte ou prise de poids, cicatrices, ablation d'un membre, etc.
- Troubles de la fertilité
- Pour les hommes : difficultés érectiles, trouble de l'éjaculation
- Pour les femmes : ménopause précoce, sécheresse et rétrécissement vaginal
Des questions?
Surtout, n'hésitez jamais à consulter votre personnel médical : les médecins, les infirmier(e)s et les autres professionnels sont à même de vous conseiller et de vous donner de plus amples détails sur les effets secondaires d'un traitement. De plus, ils peuvent vous mettre en contact avec d'autres personnes dans votre situation, vous recommander des ouvrages sur la question, vous encourager, ou vous suggérer de voir un clinicien sexologue spécialisé en oncologie.
Il n'y a aucune préoccupation idiote et vous ne devriez pas garder pour vous quelque chose qui vous perturbe. Voici quelques exemples de questions que vous pourriez avoir :
- Est-ce que le traitement aura une influence sur mes taux hormonaux?
- Quels sont les changements provisoires, les permanents?
- Où trouver un sexologue?
- Devrais-je utiliser un moyen de contraception?
- Pourrais-je avoir des enfants plus tard ?
Vrai ou faux?
Les relations sexuelles peuvent faire en sorte que le cancer se développera davantage.
Faux.
Le fait de reprendre les relations sexuelles après un traitement du cancer n'accroît pas le risque qu'il se développe ou qu'il réapparaisse.
On peut attraper le cancer de son partenaire.
Faux
Le cancer n'est pas contagieux. Vous ne pouvez pas l'attraper de votre partenaire. Le cancer ne peut se transmettre à quelqu'un d'autre par le biais des baisers, des caresses ou des relations sexuelles. Cependant, un certain type de virus appelé virus du papillome humain peut être transmis d'une personne à une autre lors des relations sexuelles, ce qui pourrait accroître le risque de développer certaines formes de cancer, comme le cancer du col de l'utérus chez la femme.
L'importance du dialogue
Comme dans bien d'autres circonstances, c'est au moyen d'une communication ouverte qu'il sera possible d'aller au-delà des problèmes. La sexualité tient une grande part dans la vie de couple, au même titre que l'organisation familiale ou l'horaire professionnel.
Par conséquent, il est important d'entamer la conversation à ce sujet, dès les débuts du diagnostic. Cela ne sera peut-être pas facile, mais c'est absolument nécessaire pour empêcher le repli sur soi de chacun des partenaires.
Peut-être le conjoint en santé craint-il de faire mal à son partenaire en le touchant, alors que celui-ci pense inspirer du dégoût? Ou peut-être que la personne malade n'a plus aucune libido, mais ne souhaite pas en aviser son conjoint, de peur de le blesser? Les suppositions sont infinies... mais comment saurez-vous réellement ce que vous pensez l'un et l'autre si vous ne communiquez pas?
En conclusion...
Vivre avec un cancer est une épreuve difficile, tant pour la personne malade que son partenaire de vie. Cependant, il est primordial de continuer à entretenir une relation saine vis-à-vis de votre sexualité. Saine ne veut pas dire « habituelle » : en effet, certaines de vos habitudes seront chamboulées.
Par contre, il ne faut pas ignorer le problème et faire tout bonnement abstraction de cette partie de la vie intime, nécessaire au bon développement de chaque être humain. Usez de toutes les ressources à votre disposition, communiquez et cherchez conseil auprès de spécialistes, et rappelez-vous que s'il est une chose que la maladie ne peut atteindre, c'est l'amour que vous éprouvez l'un pour l'autre.
Pour de plus amples informations à ce sujet, vous pouvez consulter cette publication de la Société canadienne du cancer.
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie