Même si la pandémie de la COVID-19 perdure depuis plus d’un an, les répercussions sont encore peu connues sur l’impact du virus sur les femmes enceintes et leur fœtus. Bien que de manière générale les données soient rassurantes, on constate cependant une augmentation des naissances prématurées et des naissances par césariennes.
Des données rassurantes, mais...
Dès le début de la pandémie, les premières études se sont montrées rassurantes. Effectivement, on a pu constater que la COVID-19 avait un plus faible impact chez les femmes enceintes et leur fœtus que les deux derniers virus majeurs associés au coronavirus soit le SRAS (Syndrôme respiratoire aigu sévère) et le SRMO (Syndrôme respiratoire du Moyen-Orient). 1 an plus tard, les données abondent toujours en ce sens.
À ce jour, plus de 6 400 personnes enceintes au Canada ont reçu un diagnostic de COVID-19 (vous pouvez suivre, en temps réel, l’évolution du nombre de cas sur ridprogram.med.ubc.ca/cancovid-preg).
Les données préliminaires indiquent que, en général, la plupart des personnes enceintes qui contractent la COVID-19 pendant la grossesse éprouvent des symptômes légers à modérés et ont un bon pronostic, selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC).
Le CHU Ste-Justine, dans un guide écrit spécifiquement pour les femmes enceintes, mentionne que : « La majorité des femmes enceintes infectées sont peu ou pas malades, et très peu de femmes enceintes sont hospitalisées à cause de la COVID-19 ».
Des chiffres plus inquiétants
Toutefois, même si de manière générale les femmes enceintes ne sont pas plus à risque que la population générale, les chercheurs montréalais qui se sont attardés aux études faites à travers le monde font ressortir ces éléments :
- La COVID-19 doublerait le risque de naissance prématurée.
- Elle augmenterait de 50 % le risque de naissance par césarienne chez les femmes enceintes ayant une COVID-19 symptomatique, comparativement aux femmes asymptomatiques.
- Chez les femmes enceintes atteintes d’une forme grave de la maladie, le risque de prééclampsie et de naissance prématurée est multiplié par 4. Ces bébés sont, malheureusement, plus susceptibles de se retrouver à l’unité des soins intensifs.
De plus, la SOGC mentionne que les données issues d’études de grande envergure révèlent que :
- 8 à 11 % des femmes enceintes doivent être hospitalisées en raison d’une morbidité liée à la COVID-19.
- 2 à 4 % des femmes enceintes doivent être admises aux soins intensifs.
- Comparativement aux femmes non enceintes atteintes de la COVID-19, les femmes enceintes présentent un risque accru de ventilation invasive.
Des facteurs de risque mis en lumière
Ces complications s’expliquent par des facteurs de risque précis :
- Être âgée de 35 ans et plus.
- L’obésité (IMC supérieur à 30).
- L’hypertension chronique préexistant à la grossesse.
- Le diabète préexistant à la grossesse.
- L’asthme.
Un système immunitaire plus faible
Les femmes enceintes ne sont donc, pour la plupart, pas nécessairement plus à risque de contracter le virus que l’ensemble de la population. Néanmoins, puisqu’il est reconnu que leur système immunitaire est plus faible, elles doivent redoubler de vigilance afin d’éviter de contracter toutes formes de maladies.
De plus, comme dans les cas associés à la grippe, il peut s’avérer plus difficile de traiter les symptômes provoqués par la maladie, en particulier la fièvre et les troubles respiratoires. Effectivement, la prise de médicament est déconseillée à la femme enceinte et certains traitements pour les troubles respiratoires peuvent avoir un impact sur le bon déroulement de la grossesse. Aussi, la SOGC rappelle que : « les femmes enceintes atteintes d’une infection des voies respiratoires inférieures présentent souvent une évolution plus préoccupante par comparaison aux personnes non enceintes. »
Retrait préventif et vaccination
Alors, même si de prime à bord, les femmes enceintes ne font pas partie des groupes à risque liés à la pandémie du COVID-19, et même si elles ne sont pas touchées par les facteurs de risque, elles doivent éviter toutes sources de contagion. Il en va de même pour toutes les maladies, qui peuvent avoir des répercussions plus grandes durant la grossesse.
Sachez toutefois que plusieurs pays, dont les États-Unis, incluent les femmes enceintes dans les groupes à risque concernant la COVID-19.
Au Canada, comme au Québec, les femmes enceintes ne se retrouvent pas sur la liste des groupes à risque. Néanmoins, l’INSPQ suggère qu’elles soient sur la liste des personnes susceptibles de développer davantage de complications. Pour ces raisons, elles ont maintenant droit à un retrait préventif ou à une réaffectation lorsque les risques de contracter la maladie sont élevés.
La SOGC recommande également de vacciner toutes les femmes enceintes, et ce, de manière prioritaire. Au Québec, la vaccination pour les femmes enceintes est ouverte depuis le 28 avril 2021.
Peu de risques de transmission vers le fœtus
En ce qui concernant les inquiétudes par rapport à la transmission verticale soit de la mère vers le fœtus, les études sont de plus en plus nombreuses. Tout porte à croire que les risques sont faibles, mais tout de même présents. Donc, advenant une situation où une femme contracte la COVID-19, le fœtus n’en sera pas nécessairement atteint, mais des répercussions sont possibles.
Une étude réalisée en Chine auprès de 4 femmes porteuses du virus démontrait qu’à la naissance, les bébés de celles-ci n’étaient pas atteints par la maladie. Une étude précédente laissait sous-entendre les mêmes conclusions.
Cependant, à la suite de ces premières études, un nouveau-né a été testé positif à Londres. Sa mère avait été admise à l’hôpital quelques jours auparavant pour traiter une pneumonie. Elle a également reçu un diagnostic positif associé à la COVID-19. Il est impossible, à ce jour, de savoir si le nourrisson a contracté le virus pendant la grossesse ou lors de l’accouchement.
Une autre étude, publiée dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics, réalisée en Chine auprès de 33 femmes de la ville de Wuhan, démontre que 9 % des nouveau-nés étaient déjà infectés à la naissance. Les chercheurs en arrivent à cette conclusion puisque les accouchements se sont déroulés en suivant un protocole strict afin qu’il n’y ait pas de transmission possible lors de l’accouchement et dans les minutes qui ont suivi. Tout porte donc à croire que les souches de SARS-CoV-2 [le nom scientifique du virus qui déclenche la COVID-19] trouvées dans l’appareil respiratoire et dans l’anus des bébés étaient d’origine maternelle.
Bien qu’il y ait eu des complications à la naissance pour 3 de ces nourrissons, avec entre autres de la fièvre et des difficultés respiratoires, voire même une pneumonie, ils ont tous survécu et ont reçu un diagnostic négatif quelques jours après leur naissance.
À ce jour, tous les bébés qui sont nés d’une mère atteinte du virus se portent bien. Les données se font donc rassurantes, bien qu'il soit encore tôt pour en tirer un bilan sans équivoque. La prudence est encore et toujours de mise.
L’allaitement lorsque la mère est atteinte de la COVID-19
Au niveau de l’allaitement, les experts à travers le monde ne s’entendent pas sur une seule et unique directive.
Alors que les États-Unis et la Chine recommandent de cesser l’allaitement et d’isoler le nourrisson; l’OMS, plusieurs pays européens, ainsi que le Canada préfèrent conserver la dyade mère et nouveau-né.
En ce sens, même si la nouvelle maman reçoit un diagnostic positif à la COVID-19, la SOGC mentionne que les femmes qui souhaitent allaiter devraient pouvoir le faire, après, bien sûr, s’être bien lavé les mains et en portant un masque. L’allaitement devrait permettre la transmission d’anticorps au nouveau-né, les bienfaits potentiels surpasseraient donc les risques. Le peau à peau de la maman avec son nouveau-né est aussi préconisé.
D’un pays à l’autre, d’un établissement à l’autre, les médecins font différentes recommandations, influencées par l’état de santé de la mère et du bébé. L’évolution de la pandémie et l’apparition de nouveaux variants ont également une incidence par rapport aux recommandations.
Pas d’inquiétude, mais un maximum de mesures de précaution
Les femmes enceintes ne semblent pas particulièrement menacées par la COVID-19. Toutefois, comme pour toutes les infections, elles doivent porter une attention particulière à la propagation. Sans s’inquiéter outre mesure, elles sont tenues de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter autant que possible de contracter la maladie. Malgré tout, advenant une situation où elles recevraient un diagnostic positif à la COVID-19, les données actuelles démontrent que dans la majorité des cas, elles poursuivront leur grossesse sans problème et leur bébé naitra en pleine santé.
Évidemment, les femmes enceintes ne doivent courir aucun risque. La COVID-19 constitue un nouveau virus, en constante évolution. Il est encore trop tôt pour en tirer un constat définitif et précis.
Celles qui réfléchissent à une future grossesse doivent prendre en considération la nouvelle réalité imposée par la COVID-19 et le peu de données par rapport aux variants. Au Brésil, le ministre de la Santé recommande dorénavant aux femmes qui le peuvent de repousser leur projet de grossesse. Il semble que le variant P1 soit encore plus virulent. La situation est très différente au Canada, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle vague de cas et de nouveaux variants. Chaque projet de grossesse est différent, tout comme la réalité de chacun.
Dans le doute, vaut mieux prendre toutes les précautions possibles et continuer de consulter les recommandations émises par le Gouvernement du Québec, ainsi que La société des obstétriciens et gynécologues du Canada.
Sources : Gouvernement du Canada, Gouvernement du Québec, La Presse, Guide grossesse et arrivée de bébé en temps de COVID par le CHU Ste-Justine, Info Grossesse (SOGC), Opinion COVID-19 et grossesse (SOGC), rfi.fr, Vaccination et grossesse (SOGC)
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