L'endométriose se caractérise par des douleurs plus ou moins violentes lors des menstruations. Toutefois, la cause est toujours inconnue et les symptômes peuvent varier grandement d'une personne à l'autre.
De plus, puisque les symptômes ressemblent à ceux de plusieurs autres problèmes de santé, le diagnostic tarde souvent à être établi. Ou encore, on considère les douleurs comme « normales » pour une femme qui a ses règles sans investiguer davantage afin de trouver la cause. Tour de piste de cette maladie dont on parle enfin.
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Qu'est-ce que l'endométriose?
Fréquente et complexe, l'endométriose est un trouble gynécologique qui affecte environ 10% des femmes, en âge de procréer. Elle peut apparaitre dès les premières menstruations ou se développer à l’âge adulte. Elle se caractérise par des douleurs chroniques au bas du ventre, provoquées par la présence de tissu endométrial à l'extérieur de l'utérus.
Causes
Les causes de l'endométriose sont inconnues. Toutefois, les professionnels de la santé émettent certaines hypothèses. Il est possible, chez certaines femmes, que le flux menstruel soit dirigé vers la cavité pelvienne qui renferme notamment la vessie (phénomène d'inversion). D'autres spécialistes estiment que le tissu pourrait migrer par les systèmes lymphatique ou sanguin. Des facteurs génétiques ou environnementaux sont également sous la loupe des chercheurs.
Contagion
L'endométriose n'est pas une maladie contagieuse.
Conséquences sur la fertilité des femmes
L'endométriose a un impact sur la fertilité des femmes. En effet, selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), 50% des femmes qui ont des problèmes d’infertilité seraient atteintes d'endométriose.
En effet, il peut être plus difficile de tomber enceinte lorsqu’on souffre d’endométriose, mais les causes qui y sont associées ne sont pas encore totalement comprises. Lorsque l’endométriose est étendue, du tissu cicatriciel peut bloquer les trompes de Fallope ou rendre inefficace la libération d’ovules par les ovaires. Cependant, il est impossible d’expliquer l’infertilité lorsque l’atteinte des tissus par l’endométriose est minimale ou peu importante. La base du problème se situe peut-être du côté de l’inflammation et de la réponse immunitaire.
Même si l’endométriose a un impact sur la fertilité de plusieurs femmes, d’autres n’auront pas de problème à concevoir un enfant. De plus, leur grossesse leur apportera un soulagement de leurs symptômes.
Quels sont les symptômes?
Plusieurs symptômes sont associés à l'endométriose et ils diffèrent d’une femme à l’autre. Plusieurs ressentent des douleurs dans le bas-ventre qui irradient parfois dans le bas du dos. Ces douleurs s'accentuent lors des menstruations et peuvent également être présentes lors de l'évacuation de l'urine et au moment des rapports sexuels. Certaines femmes atteintes ressentent des douleurs lors de l'ovulation.
L'endométriose est aussi accompagnée de fatigue, d'irritabilité, de pertes prémenstruelles brunâtres, de sang dans l'urine ou dans les selles, voire de saignements rectaux, lors des menstruations. Notez qu'une grossesse élimine temporairement les douleurs tandis que la ménopause assure un soulagement définitif. Toutefois, certaines femmes ne présentent pas de manifestation apparente ni de symptômes de l'endométriose. Celle-ci est diagnostiquée par hasard au cours d'un bilan d'infertilité.
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Voici l'ensemble des symptômes possibles :
- Douleurs plus ou moins violentes lors des menstruations
- Douleurs abdominales basses
- Saignements d'origine génitaux
- Douleurs au niveau des jambes ou du bas du dos
- Rapports sexuels douloureux
- Troubles digestifs et urinaires
- Diarrhée, constipation, douleurs lors de la défécation
- Fatigue chronique
- Nausées, vomissements, vertiges, douleurs pulmonaires
Si vous souffrez d'un ou de plusieurs symptômes décrits plus haut, cela ne veut pas nécessairement dire que vous êtes atteinte d'endométriose. Le diagnostic d'un professionnel de la santé s'avère essentiel. Consultez sans tarder votre médecin ou votre gynécologue qui saura identifier le trouble gynécologique et atténuer la douleur.
Diagnostic
L'endométriose est diagnostiquée grâce à un examen gynécologique approfondi. On peut avoir recours à une échographie (pour déceler les endométriomes), une IRM, une laparoscopie ou une coelioscopie afin d'examiner la cavité abdominale avec un endoscope.
Risques de complications
L'endométriose est également responsable de la formation de kystes (qui peuvent atteindre la taille d'un pamplemousse), de tissu cicatriciel, voire d'adhérences qui lient les organes entre eux, augmentant la douleur de la personne atteinte. Ce tissu, quel que soit l'endroit où il se trouve, réagit aux fluctuations hormonales de la femme. Or, comme l'endomètre (la muqueuse utérine), il « saigne » lors du cycle menstruel.
C'est la présence de tissu endométrial à l'extérieur de l'utérus qui entraine des complications. À l'intérieur de l'utérus, il est responsable des menstruations. À l'extérieur de cet organe, les saignements ne peuvent être évacués normalement. Ils provoquent alors l'irritation du péritoine et/ou de divers organes. S'il reste généralement confiné à la région de l'utérus, le tissu endométrial peut atteindre d'autres organes (intestins, vessie, poumons), voire les bras ou les cuisses. Mais il s'agit là de situations exceptionnelles.
Au-delà des complications physiques, la douleur chronique peut avoir de nombreuses répercussions sur la santé mentale. Les femmes souffrant d'endométriose sont souvent touchées par l'anxiété et la dépression.
Risques accrus
Le risque augmente lorsque les règles durent longtemps ou que les cycles sont raccourcis. Les femmes n'ayant jamais eu d'enfant, celles atteintes de malformations congénitales ou celles qui possèdent des antécédents médicaux à ce chapitre sont plus susceptibles d'être atteintes d'endométriose. Toutefois, il ne semble pas y avoir de lien avec le cancer des ovaires.
Prévention
Comme les causes de ce trouble gynécologique sont inconnues, il est difficile de prévenir l'endométriose. Toutefois, des chercheurs prétendent que l'activité physique, qui diminue le taux d'oestrogènes, pourrait être bénéfique.
Quels sont les traitements pour l'endométriose?
Il n'existe aucun traitement définitif de l'endométriose. Même l'hystérectomie ne peut garantir la disparition totale des douleurs puisque le tissu endométrial peut affecter d'autres organes. Toutefois, plus le trouble gynécologique est diagnostiqué rapidement, mieux il est traité.
Certains médicaments peuvent toutefois apporter un soulagement temporaire. Des analgésiques, des anti-inflammatoires ou des traitements hormonaux peuvent soulager la douleur. La pilule contraceptive, le stérilet intra-utérin, l'acétate de médroxyprogestérone (un stéroïde synthétique qui exerce une action progestative) et des hormones agissant sur l'hypophyse peuvent également être prescrits. Auparavant, le Danazol était un médicament de choix pour soulager les symptômes associés à l’endométriose. Toutefois, étant donné les nombreux effets secondaires qu’il provoque, ce médicament n’est plus utilisé comme traitement à long terme.
Toutefois, rappelons que ces traitements réduisent la douleur, sans traiter le trouble gynécologique proprement dit. Des interventions chirurgicales sont également possibles. Dans certains cas, le chirurgien peut retirer les excroissances endométriales, les tissus cicatriciels et les adhérences, souvent par laparoscopie. Malgré l'intervention, la douleur réapparait chez plusieurs femmes.
Comme traitement définitif, il est possible de procéder à l’ablation de l’utérus, des trompes de Fallope et des ovaires. Cette chirurgie provoque la ménopause et est utilisée en dernier recours chez des femmes qui ne souhaitent plus avoir d’enfants. Selon les données de la SOGC, ce type d’intervention chirurgicale soulage les douleurs associées à l’endométriose chez près de 90 % des femmes qui le subissent.
L'endométriose est un mal encore trop peu connu. Heureusement, les recherches sur l'endométriose progressent et une sensibilisation accrue auprès de tous permet de poser un diagnostic plus rapidement. Les femmes et les jeunes filles doivent savoir que ce problème existe et que les douleurs menstruelles ne devraient jamais les empêcher de vaquer à leurs occupations. Normalement, ces douleurs devraient s’estomper avec la prise d’ibuprofène. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à en parler avec votre professionnel de la santé.
Sources : Endoact.ca; Endometriosis.org; Gynecoquebec.com; La Société des obstétriciens et gynécoloques du Canada, Ottawahospital.on.ca; Radio-Canada: Le mal banalisé qui nous déchire le ventre
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