Pour ceux qui en souffrent, la timidité est parfois difficile à gérer. On a longtemps cru que ce trait de personnalité avait principalement une origine sociale, qu'il prenait sa source dans l'éducation ou dans les expériences de vie. Les résultats de plusieurs recherches laissent croire que la timidité pourrait être expliquée en partie par des facteurs biologiques ou génétiques.
Le type sensible
La plupart des spécialistes s'entendent pour dire que les timides appartiennent généralement au type sensible. C'est le cas d'environ une personne sur cinq et, en plus d'être timides, ils seraient souvent plus sensibles aux effets de la caféine, en plus d'être plus émotifs et d'avoir une vie intérieure très développée, à défaut d'être à l'aise en public.
Une géographie cérébrale différente
On a observé l'activité cérébrale de sujets sensibles et on s'est aperçu qu'elle présentait certaines différences par rapport à celle du commun des mortels.
Selon certains chercheurs qui ont observé l'activité du cerveau de plusieurs individus placés devant différents stimuli, les personnes sensibles réagiraient plus que les autres aux stimulations visuelles. D'autres ont découvert que les zones les plus actives du cerveau des grands timides étaient celles liées à la mémoire et à la planification, plutôt qu'à la parole.
Ailleurs, on a émis l'hypothèse que le cerveau des timides réagissait plus que celui des autres aux situations stressantes. Enfin, des spécialistes affirment que la timidité serait intimement liée à un gène spécial, qui a une influence certaine sur l'inhibition d'un neurotransmetteur très impliqué dans les troubles de l'humeur : la sérotonine. Bref, les chercheurs ne s'accordent pas tous encore pour dire en quoi le cerveau des timides est différent, mais ils s'entendent souvent pour dire qu'il l'est!
Le gène de la gêne?
Certains spécialistes croient que ces différences dans la géographie et l'activité du cerveau seraient innées et qu'elles auraient une origine génétique. Le cas échéant, certaines personnes seraient, beaucoup plus que leurs pairs, prédisposées à être timides. Bien sûr, l'expérience de ces personnes aurait tout de même une influence non négligeable sur le développement de ce trait de personnalité! Pour d'autres, en revanche, la timidité aurait une origine sociale, mais le cerveau de ceux qui en souffrent évoluerait sous l'effet de ladite timidité. Pour l'instant, la vérité demeure floue. C'est comme la question de l'oeuf et de la poule!
Ça se soigne?
Premièrement, il convient de rappeler que la timidité n'est pas une tare, ni même un vilain défaut dans la plupart des cas. On croit même que les personnes appartenant au type sensible auraient plusieurs avantages sur les autres. Elles auraient plus tendance à réfléchir avant d'agir, seraient plus observatrices et même plus débrouillardes dans certaines situations!
Malgré cela, dans la vie de tous les jours, la timidité peut être vécue difficilement par ceux qui en souffrent. Et, biologique ou pas, il est possible de s'en sortir. Après tout, si certains troubles mentaux diagnostiqués et d'origine partiellement biologique peuvent être très bien contrôlés, pourquoi en irait-il autrement de la timidité?
En fonction du degré de timidité, la solution à préconiser ne sera pas la même. Pour les personnes souffrant de phobie sociale, un trouble très envahissant caractérisé entre autres par une timidité carrément maladive, il sera souvent nécessaire de recourir à la thérapie, voire à la médication (anxiolytiques, antidépresseurs, stabilisateurs, etc.). La méthode cognitivo-comportementale, qui expose le sujet à des stresseurs, permettant ensuite d'agir sur sa manière d'y réagir, est souvent efficace dans les cas de phobie sociale.
Ceux qui sont timides à un moindre degré peuvent vaincre leur timidité par eux-mêmes, au jour le jour. Ils peuvent se donner des petits défis à relever, par exemple saluer le voisin ou parler à une nouvelle personne au bureau. Après tout, ne l'oubliez pas, c'est en forgeant qu'on devient forgeron!
Jeanne Dompierre, rédactrice Canal Vie