La trilogie 50 Nuances de Grey t’a suscité beaucoup d'intérêt, mais surtout énormément de questionnements entourant les pratiques sexuelles liées à la domination et au sadisme? Le fait de te sentir dominé et/ou d'être la personne dominante dans tes rapports sexuelles t'excite énormément? Comment introduire un jeu de pouvoir de façon sécuritaire dans une relation sexuelle? Sache qu'une sexualité de ce genre a des causes et des conséquences. On fait le tour de la question.
L'agressivité comme énergie sexuelle
Dans la culture occidentale, la société transmet que la sexualité ne doit pas être ponctuée d'agressivité, mais plutôt de douces caresses, de tendresse et de sensualité. Pourtant, pour plusieurs, lorsqu'une certaine agressivité consentante fait son entrée dans la relation sexuelle, l'excitation monte d'un cran. C'est la surprise, l’inattendu, une sorte de perte de contrôle qui rend l'agressivité agréable. C'est comme un doigt d'honneur à ce que la sexualité nous a toujours dicté.
L’affirmation de soi a sa place dans toutes les sphères de la vie, même la sexualité. Elle t’aide à faire ta place, à prendre conscience de tes capacités et à utiliser ton pouvoir personnel. Cependant, l’affirmation de soi agressive est à éviter. Il est vrai que tu peux avoir tendance à refouler cette partie de toi, car pendant des siècles, l'agressivité a été signe d'oppression chez les femmes. Les courants féministes ont aidé les femmes à atteindre une sexualité active et non passive.
Agressivité = domination?
Pas tout à fait. Tu peux vouloir « prendre ta place » au lit sans nécessairement désirer dominer l'autre et prendre emprise sur lui, elle ou iel. La domination sexuelle peut devenir un jeu si les deux partenaires sont consentant.es. Si le dominateur ou la dominatrice rencontre quelqu'un qui prend plaisir à se soumettre, il n'y a pas de problème qui se pose.
Par contre, si dans le jeu s’immisce de plus en plus de malaise, et que le plaisir n'y est plus, il faut réagir, car plus la personne dominée en donnera à son partenaire dominant, plus l'escalade de la domination va s'intensifier. La clé, tu l'auras compris, c'est la communication. Ce genre de jeu érotique n'est pas anodin et tu dois t'assurer que la ou les personnes avec qui tu entreprends un tel rapport soient à l'aise et enthousiastes.
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Pourquoi ce désir de dominer?
En toute honnêteté, des causes possibles, il y en a des tonnes! Chaque individu a son histoire et le désir de domination réside surtout dans l'éducation et l'histoire personnelle de chacun. Cet érotisme peut combler trois fonctions :
- défensive
- complétive
- hédonique
Dans la première fonction, la fonction défensive, le rapport de domination et de soumission aide à gérer ses blessures émotionnelles à travers la sexualité. Attention, c’est un jeu assez confrontant et qui doit être exercé en pleine connaissance de risques. Si tu aimes dominer, tu as potentiellement un désir de contrôle récurrent et une peur de se laisser envahir par ton, ta ou tes partenaires. Lorsque la domination doit absolument faire partie de la relation sexuelle, une thérapie sexuelle est envisageable afin de mieux comprendre les motifs d'un tel comportement.
Dans la fonction complétive, les personnes dominantes ou soumises pensent que cet aspect de leur sexualité les renforce dans ce qu’elles sont vraiment, le BDSM faisant partie de leur identité sexuelle.
La dernière fonction possible est liée à l’hédonisme, tout simplement synonyme de plaisir!
De la domination au sadisme
Le sadisme est la recherche du plaisir sexuel dans la souffrance physique ou morale infligée à l'autre. C'est la domination dans sa version la plus dure. Ce sont surtout les adeptes de la pensée psychanalytique, comme Sigmund Freud, qui se sont penchés sur les causes possibles d'un tel comportement. Certain.es mentionnent que le sadisme est relié à l'angoisse de castration qui se traduit par le fait de blesser l'autre par crainte d'être blessé.e soi-même. D'autres auteur.e.s mentionnent que le sadisme pourrait apparaître lors de la petite enfance où un plaisir sexuel s'est fait ressentir lors de corrections physiques.
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En terminant, sache que la domination sexuelle peut être un jeu, mais que lorsqu'elle dépasse la limite, elle peut comporter certains risques autant sur le plan physique que moral. Garde en tête que c'est toi qui détiens le contrôle de ce qui te convient ou non : ne perds pas de vue cette saine puissance personnelle.
Comment s'assurer qu'une relation dominé-dominant soit agréable et consentie?
Lorsqu'il s'agit d'une relation de type domination-soumission, il faut s'assurer de trois choses :
- Avoir un safeword partagé, c'est-à-dire un mot qui signifie que la pratique (sexuelle ou non) doit s'arrêter. Certaines pratiques empêchent l'usage de la parole, si c'est ton cas, n'oublie pas de déterminer avec ton, ta ou tes partenaires un safeword qui est plutôt physique, comme serrer la main ou bien donner trois petits coups d'index. Respecte également le safeword d'autrui.
- Lire, lire, lire ! Plus tu es informé.e sur les risques (physiques ET émotionnels) du BDSM, plus il y a de chances que tes expériences se passent bien. En plus, c'est excitant, non?
- Ne jamais accepter d'adopter le type de relation dominant.e-soumis.e et/ou de faire un acte pour uniquement faire plaisir à l'autre, alors que tu n'en retires aucun plaisir ou que ça te rend inconfortable.
Mis à jour par Coralie Desjardins, sexologue.
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