Selon une étude menée par Lucia O'Sullivan auprès de 400 jeunes de 16 à 21 ans au Nouveau-Brunswick, la vie sexuelle des jeunes adultes serait décevante. Il semblerait que 3 jeunes adultes sur 4 considèrent avoir une vie sexuelle décevante comportant au moins une dysfonction sexuelle «persistante et bouleversante» selon les chercheurs. Essayons de mieux comprendre ces statistiques.
Cette première fois
Il faut savoir qu’au Canada, l’âge moyen de la première relation sexuelle est de 16 ans. À cet âge, on est en pleine découverte de la sexualité et, bien entendu, la satisfaction ne peut être à son apogée. La première fois est souvent décevante et ce l’est pour tout le monde! Que ce soit à 16, à 30 ou à 55 ans, la première fois avec quelqu’un n’est jamais la meilleure! Il faut du temps pour se connaître et s’adapter aux désirs de l'autre et à ses réactions.
L’insatisfaction des jeunes hommes
L’étude mentionne également que les problèmes les plus courants chez les jeunes hommes sont une faible satisfaction sexuelle, un faible désir et des difficultés érectiles. Évidemment, je ne peux passer sous le silence «l’auto-éducation sexuelle» reliée au visionnement de pornographie qui peut effectivement teinter les attentes sexuelles. Un jeune qui consomme de la pornographie avant même de débuter sa vie sexuelle risque davantage de perdre ses repères lors de sa première fois «dans la vraie vie». D’autant plus que la stimulation pornographique peut être si intense que lorsqu’il se retrouve avec une partenaire, l’excitation n’est pas à la hauteur de ses attentes et résultat: faible désir et difficulté à avoir et maintenir son érection. La pornographie peut tout autant agrémenter une sexualité que l’affecter. J’en vois malheureusement les conséquences avec les jeunes hommes que je rencontre à mon bureau.
Celles des jeunes femmes
Les jeunes femmes de l’étude, quant à elles, démontreraient une difficulté à atteindre l’orgasme, de la douleur et un faible désir sexuel. Contrairement à ce que l’on croit, chez la femme, l’orgasme ne s’atteint pas aussi facilement que l’on pourrait l’espérer. Il faut du temps et de l’exploration avant de connaître cet état de jouissance et, bien souvent, les jeunes femmes n’ont pas nécessairement ce lâcher-prise total pour faciliter l’orgasme. Nous aussi, on a une certaine anxiété de performance et elle peut grandement nuire à la satisfaction sexuelle et diminuer la lubrification vaginale fondamentale pour éviter la douleur à la pénétration. Bref, l’équation de l’insatisfaction peut être relativement simple à évaluer: faible plaisir sexuel + douleur à la pénétration = diminution de l’envie de répéter l’expérience et donc, baisse du désir sexuel possible à long terme.
Quelles sont les dysfonctions sexuelles possibles chez la femme?
Conclusions de la sexologue
Cette étude démontre surtout une chose, qu’il faut du temps pour apprécier pleinement la sexualité. Il ne faut pas croire que la sexualité qu’on vit en début d’âge adulte est représentative de celle qu’on vivra tout au long de notre vie. Oui, ça se peut que ce soit décevant, mais donnez-vous une chance! Rendez votre plaisir sexuel le plus authentique possible en explorant ce qui vous allume, mais surtout en affirmant vos limites. Acceptez que ce ne soit pas la perfection et discutez de ce qui pourrait être fait pour vous en approcher.
N’hésitez pas à rencontrer un(e) sexologue pour en parler!
Véronique Larivière, sexologue
Clinique de Psychologie de Québec