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Sexualité

L’asexualité : une orientation sexuelle invisibilisée, mais valide

Savez-vous ce que veut dire la lettre A dans l’acronyme LGBTQIA2+? Vous êtes sur le point d’en apprendre davantage sur l’asexualité. Non, pas la sexualité, mais bien l’asexualité.

On en parle moins, mais les personnes asexuelles existent et leur réalité est totalement valide! Qu'est-ce que l'asexualité? Est-ce correct de ne pas avoir de désir sexuel? Explications.

Je me suis tournée vers Liza, une personne asexuelle afin de récolter son témoignage et d'en apprendre plus sur l'asexualité.

Quelques faits sur l’asexualité que j’ai retenus lors de ma discussion avec Liza :

  • Une personne asexuelle est un individu qui ne ressent pas ou peu d’attirance sexuelle.
  • Pendant plusieurs années, Liza a gardé son orientation sexuelle secrète, puisqu’elle pensait que c’était très rare, qu’il y avait peut-être deux ou trois autres personnes au Québec qui vivaient la même chose Pourtant, elle affirme qu’il y a jusqu’à 5.5% de personnes asexuelles au Québec.
  • Les personnes asexuelles peuvent ou non avoir eu des expériences sexuelles : elles ne sont pas en attente « de la bonne personne ».
  • Les personnes asexuelles ne sont pas « en manque ».
  • Lorsqu’on parle de ne pas ou peu ressentir le besoin d’avoir des connexions romantiques, on parle de l’aromantisme. Attention, il ne s'agit pas de « rien ressentir » : une personne aromantique peut tout de même vouloir donner de l’affection et de la tendresse.
  • Un préjugé répandu est qu’une personne asexuelle ne trouvera jamais l’amour, bien que l’attirance émotionnelle et l’attirance sexuelle soient deux concepts distincts. Une personne asexuelle peut éprouver des sentiments amoureux et peut vouloir fonder une famille.
  • Une personne peut être à la fois asexuelle et aromantique, comme elle peut être aromantique et ressentir du désir sexuel.
  • Les personnes asexuelles utilisent le terme « ace » pour parler de l’asexualité.
  • Il arrive souvent qu’une personne asexuelle se voit forcée de choisir entre sa relation de couple et sa propre sexualité, craignant de perdre son ou sa partenaire.
  • Il est encore difficile pour les personnes asexuelles de se faire accepter par certains organismes ou thérapeutes.
  • Le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM) créé par l’Association Américaine de Psychiatrie catégorise le trouble de l’intérêt ou du désir sexuel comme un problème sauf si vous choisissez d'adopter l’étiquette « asexuelle ».
  • Il n’est quasiment jamais expliqué par les thérapeutes qu’il est normal de ne pas ressentir de l’attirance sexuelle!
  • Il existait il y a encore peu de temps des thérapies de conversion, comme c’était le cas pour les personnes gay ou bi qui doivent « guérir » de leur orientation sexuelle.

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La vie d’une personne asexuelle

J’ai demandé à Liza comment elle s’auto-identifie lorsqu’on parle d’identité sexuelle. Liza m’a répondu qu’elle est queer, mais que si on va dans les détails, elle est une femme cisgenre, biromantique et demisexuelle.

Au quotidien, le fait d’apposer toutes ces étiquettes lui ajoute un stress supplémentaire, en plus de mettre des limites à son identité sexuelle. Et sachez que l'identité sexuelle peut changer chaque jour : ce n’est pas quelque chose qui est immuable, biologique ou figé dans le temps.

Avec sa réponse, on peut se rendre compte qu’en fait, l’asexualité est un spectre. Liza explique qu’en étant demisexuelle, elle ressent de l’attirance sexuelle rarement et uniquement si elle ressent des émotions fortes comme l’amour. Tout cela est valide et normal!

On nous a beaucoup influencé dans les films et séries en nous faisant croire qu'on devait absolument tomber en amour et vouloir une sexualité active... Mais c'est chacun.e sa réalité!

Il n’est pas rare qu’une personne découvre qu’elle est asexuelle à l’âge de 30 ou 40 ans.

Liza mentionne avoir su être asexuelle depuis le secondaire et se considère chanceuse d’avoir pris connaissance de ce terme aussi jeune, car il n’est pas rare qu’une personne découvre qu’elle est asexuelle à l’âge de 30 ou 40 ans.

Lorsque j’ai demandé à Liza comment elle voyait le processus du coming-out en société, elle avoue qu’il est normal que cela prenne du temps, puisque c’est un cheminement très personnel.

L’hétéronormativité étant omniprésente dans les institutions, les lois, les médias et la science, elle indique qu’il est encore fort de dire en 2022 « je ne suis pas hétéro! » et/ou « je ne suis pas intéressé.e par la sexualité ou les relations de couple ». De plus, il revient uniquement à la personne concernée de choisir si elle souhaite en parler ou non, et à qui.

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Une communauté qui fait partie de l’arc-en-ciel LGBTQ2IA+

Quelle est la place des personnes asexuelles dans la communauté LGBTQ2IA+? Liza m’a répondu qu’elle sent qu’il est encore nécessaire de dire : « salut, on existe et on a besoin de visibilité »!

Elle avance que la lutte des personnes asexuelles aujourd’hui pourrait se comparer à la lutte que les personnes gay menaient en 1970, signifiant qu’il reste bien du travail à faire.

Comment respecter les personnes asexuelles?

Un.e bon.ne allié.e pour la communauté asexuelle, c’est quelqu’un qui fait des recherches sur le sujet, qui cultive et célèbre la communauté plutôt que de seulement la tolérer. 

Dans l’intimité, Liza rappelle qu'il est essentiel de respecter le rythme d'une personne asexuelle, de ne pas lui mettre de pression à être en couple ou d’avoir des relations sexuelles. Le consentement reste la base, pour les personnes de toute orientation sexuelle et identité de genre!

Comment savoir si on est asexuel.le?

Pour terminer, j’ai demandé à Liza quels seraient ses conseils pour une personne qui pense être asexuelle sans en être certaine.

Si c’est votre cas, Liza, qui accompagne des personnes en questionnement concernant l’asexualité plusieurs fois par mois de façon bénévole, tient à vous faire savoir que vous n'êtes pas seul.e. Il existe des communautés asexuelles sur les réseaux sociaux qui peuvent vous donner des informations véridiques et vous soutenir sans jugement. 

Elle suggère avant tout de ne pas vous sentir mal d’être qui vous êtes. Sachez que même si vous vous sentez en décalage des normes sociales, vous n'êtes absolument pas anormal.e! Respectez-vous dans votre sexualité et intimité : vous êtes aussi important.e que votre partenaire.

Peu importe comment vous vivez votre sexualité et vos relations, il importe de vivre selon vos propres standards.

Si vous avez besoin d’aide ou de conseils, Liza et d’autres personnes asexuelles sont prêtes à vous recevoir sur leur page Facebook Recueil pour les personnes asexuelles et aromantiques-Québec.

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