Passer au contenu principal

Début du contenu principal.

Sexualité

La non-binarité : vivre son identité de genre selon ses propres standards

Te sens-tu parfois perdu.e sur les réseaux sociaux lorsque tu vois les mots non-binaire et iel? Je suis là pour t’aider puisqu’aujourd’hui on jase de non-binarité : qu’est-ce que c’est et quels sont les mythes entourant cette identité de genre dont on entend de plus en plus parler?

Tu verras, c’est très simple de comprendre la non-binarité lorsque tu ouvres ton esprit aux différentes réalités. La non-binarité est une identité de genre, au même titre qu’homme ou femme. Dans la plupart des cas, elle exprime un sentiment de neutralité par rapport à son expérience du genre.

Qu'est-ce que c'est, la non-binarité? 

  • Comme le mot queer, « non-binaire » est un terme parapluie qui inclut, entre autres, les personnes qui s’identifient à la fois comme homme et femme, ou encore à ni l’un ni l’autre.
  • Une identité de genre 100% légitime.
  • Une expérience intime et profonde.

Ce que n’est pas la non-binarité :

  • Une phase ou une personne confuse.
  • Une condition médicale, comme les personnes intersexes (même si une personne intersexe peut également être non-binaire).
  • Un « troisième genre », puisqu’il en existe une pluralité infinie!

Des définitions pour mieux saisir la non-binarité

Voici quelques définitions d’identités de genre qui font partie du spectre non-binaire. Et si tu peux apprendre le nom de tous les participant.e.s d’Occupation Double, tu peux certainement retenir ces informations-là!

Non-binaire : terme parapluie qui inclut toute personne qui ne s’identifie pas exclusivement dans la binarité du genre homme et femme.

Agenre : identité de genre qui existe à l’extérieur du concept du genre, puisqu’une personne agenre ne s’identifie à aucune identité de genre.

Genderfluid : identité de genre changeante, à travers laquelle les personnes se sentent parfois homme, parfois femme, parfois les deux et parfois aucun des deux.

Ça va jusqu’ici? J’en étais sûre! Prenons désormais le temps de déconstruire des mythes attribués aux personnes non-binaires.

Mythe 1 : la non-binarité est une mode

Si tu es sur TikTok et que tu as un intérêt pour les sujets queer, tu as probablement remarqué une certaine montée en flèche de la visibilité des personnes non-binaires, voire de la communauté LGBTQIA2+ toute entière. En effet, il existe une multitude de contenus sur internet à ce sujet. Certaines personnes (souvent des générations précédentes à la Gen Z) vont toutefois affirmer que l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un individu change... selon la tendance de l’heure! 

On associe à tort le phénomène de trend (souvent passager) au processus long et psychologiquement très lourd pour la plupart des personnes de la diversité sexuelle.

Les prises de parole se sont par contre mutlipliées. Et depuis plusieurs années, on retrouve de plus en plus de forums en ligne, de groupes et de communautés tissées serrées sur les réseaux sociaux qui s'entraident et abordent la détresse liée à l’homophobie et la transphobie vécue à la maison, au travail ou dans le secteur de la santé. Cela leur permet de trouver refuge, d’utiliser ces groupes en tant que « safe-space ». 

Bien qu’elle soit souvent cible des médias et des compagnies qui souhaitent s’enrichir pour la cause, la non-binarité n’est pas une mode de passage. Les personnes de la diversité sexuelle existent depuis toujours, et continueront d’exister.

À lire aussi : J'ai peut-être l'air d'une femme, mais je ne me considère pas comme telle

Mythe 2 : les personnes non-binaires ont un look androgyne

Faux! L’androgynie réfère simplement à l’allure d’une personne qui n’est ni masculine ni féminine, ou bien un mélange aléatoire des deux. Sais-tu ce qui est vraiment génial avec le concept du genre comme on l’entend aujourd’hui dans la sphère des sciences sociales? C’est que tu peux être qui tu veux! Toi seul.e détient le pouvoir de déterminer ton appartenance à un genre et ton apparence n'a pas besoin de fitter un stéréotype.

Oui, tu peux exprimer ton genre comme tu le désires, n’est-ce pas merveilleux? Je te confirme que ton expression de genre, c’est-à-dire ton style vestimentaire, ta coiffure, ta voix et tes pronoms n’exercent aucune influence sur ton sentiment intérieur. De ce fait, les personnes non-binaires n’ont pas nécessairement un look androgyne ou doivent adopter un style « entre les deux ». Et, inversement, une personne à l'allure androgyne peut être cisgenre (homme ou femme). Tout le monde est libre : c'est aussi simple que ça!

Le genre est un continuum d’auto-identification qui s’étend généralement sur deux pôles, le masculin et le féminin, mais toutes les nuances à l’intérieur ou à l’extérieur de ces deux concepts sont valides.

Mythe 3 : les personnes non-binaires sont seulement confuses

Ce mythe tend à rester sur les lèvres de plusieurs personnes qui croient que la non-binarité n’existe pas réellement. Mais si tu as des questionnements concernant ton identité de genre, je te rassure : tu n’es pas seul.e. De plus, c’est tout à fait normal de ne pas être sûr.e de soi, puisque les institutions te montrent que d’être cisgenre serait la seule option. Dès la naissance, la société place les bébés dans une boîte en déterminant son sexe.

Le genre est un continuum d’auto-identification qui s’étend généralement sur deux pôles, le masculin et le féminin, mais toutes les nuances à l’intérieur ou à l’extérieur de ces deux concepts sont valides. Le genre n’est que binaire parce que les constructions sociales en ont décidé ainsi. On peut alors croire que plus de personnes s’identifieraient non-binaires si elles comprenaient réellement la signification…

Être non-binaire, c’est unique : deux témoignages

Pour te guider un peu, j’ai pris l’initiative de passer une petite entrevue à deux personnes non-binaires. Pour des soucis de confidentialité, leurs initiales ont été modifiées. Les personnes que j’ai interviewées possèdent une vision propre de leur genre et l’expriment de différentes façons.

Quels pronoms utilises-tu?

H : J’utilise il et iel ainsi que les accords masculins.

B : J’utilise le pronom iel exclusivement, mais j’accepte de me faire genrer au féminin par les personnes qui sont proches de moi par manque d’ouverture de leur part.

Si on devait apposer une étiquette, quelle identité résonne-t-elle le plus en toi?

H : Je m’identifie comme trans non-binaire.

B : Je m’identifie plus au côté agenre de la non-binarité. Je me perçois comme n’ayant pas de genre, je me sens comme un être humain par défaut. Je ne comprends pas la binarité homme-femme, c’est un concept que j’ai été forcé.e d’apprendre quand j’étais enfant et que j’ai dû intégrer, mais au final, je ne ressens d’appartenance à ni un ni l’autre, car je ne comprends pas qu’on dichotomise les gens par rapport à leurs organes génitaux.

À lire aussi : De nouveaux émojis avec plus de diversité des genres

Que signifie la non-binarité pour toi?

H : Ne pas entrer dans les stéréotypes de genre qui sont imposés par la société. Ça serait aussi de me sortir de l’échelle dans laquelle on grade l’homme et la femme aux deux extrêmes. Je ne peux pas être 30% homme et 70% femme. C’est quelque chose qui ne me rejoint pas. Toutes les personnes non-binaires sont différentes les unes des autres.

B : Je crois que c’est subjectif à chacun.e, mais c’est d’aller au niveau intrinsèque de la personne, de voir son ressenti et de quelle façon iel se sent euphorique. Pour moi, les vêtements servent à me couvrir et à être confortable et ne servent généralement pas d’expression de mon genre. Mon identité n’est pas accordée avec mes organes génitaux. Ils sont seulement un aspect de mon corps comme mes seins, comme mon nez et mes deux mains.

Veux-tu me parler un peu plus de ton parcours vers l’affirmation de ton identité sexuelle?

H : Ça s’est fait vraiment graduellement. En bref, j’étais un adolescent dépressif et anxieux et j’ai consulté de 14 à 19 ans. J’ai rencontré un individu non-binaire qui m’a ouvert les yeux. Ça fait 4 ans que je suis en transition, que j’ai commencé mon coming-out et que je vis ma vie hors des stéréotypes. Ça n’a pas été facile, ça l'est un peu plus qu’avant. Tranquillement, l’amour de soi vient remplir des trous que certaines personnes n’ont pas pu remplir. Honnêtement, j’ai l’impression d’être une nouvelle personne. J’ai l’impression d’avoir vécu dans un cadavre pendant 19 ans et que là je vis la vraie vie, un peu comme quelqu’un qui ne voit pas et met des lunettes pour la première fois.

B : C’était une longue réflexion au niveau individuel, je me suis demandé comment je me voyais vraiment à l’intérieur et comment faire du sens avec la personne que je suis. Ça a été plus long de le réaliser parce que j’avais beaucoup de pression à performer la féminité, entre autres avec ma famille. Lorsque j’ai laissé tomber mon ego, je me suis demandé.e « qui suis-je? » J’étais malheureux.euse avant sans savoir pourquoi et je faisais comme les autres sans être moi-même.

À lire aussi : L’éducation non genrée démystifiée : à bas les stéréotypes!

Quelle est la chose que tu aimes le plus chez toi?

H : La chose que j'aime le plus de moi serait ma résilience. J'ai gardé la tête haute par rapport à mon identité de genre lorsque des proches essayaient de m'invalider, sachant très bien que c'était réellement ce qui me permettait d'être moi-même.

B : C’est la réappropriation de mon corps que j’ai faite dans les dernières années. Tout ce que je n’aimais pas avant chez moi, c’est maintenant quelque chose que je trouve précieux. Comme mon poil que j’ai partout sur mon corps et que je laisse pousser maintenant. Je suis vraiment fièr.e et ça me donne vraiment une euphorie de les garder. Sinon, j’aime ma capacité à ne pas vraiment me soucier de ce que les autres vont penser de moi. Au final, si mon identité et mon apparence ne conviennent pas aux autres, ça ne va plus me déranger.

Quelles sont tes meilleures stratégies de protection contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie?

H : Savoir bien s’entourer, avoir seulement autour de soi des gens qui acceptent ton identité et ne pas garder dans ton entourage des gens qui te font faire des concessions par rapport à ton identité de genre ou ton orientation sexuelle. 

B : Parfois, lorsque c’est sécuritaire pour moi, je fais de l’éducation avec les gens, mais je ne dépense pas mon énergie avec les personnes qui veulent seulement déconstruire mes arguments. Il faut être capable de s’écouter et être capable de se retirer de situations qui nous traumatisent.

Que souhaites-tu dire aux personnes qui ont des questionnements quant à leur identité de genre?

H : J’aimerais leur faire savoir qu’illes ont toute la validité du monde. Ça prend énormément de courage afin de sortir de la société hétéronormative et cisnormative et de dire « je ne rentre pas dans ces cadres-là ». Je leur dirais aussi d’aller parler à des gens qui s’identifient non-binaires et d’aller voir si ça résonne en elleux. 

B : J’aimerais leur dire qu’il n’y pas de bon ou mauvais parcours, il n’y a pas de délai de prescription. Tu peux faire de l’essai-erreur, il faut se donner le droit de se tromper, sinon on ne le saura jamais. On n’a tellement pas de représentation et de modèles dans les médias qu’au final, la seule façon, c’est de l’essayer pour savoir si ça colle avec nous. Si tu te poses une question, c’est peut-être parce qu’il y a une raison.

Un dernier petit conseil...

Pour terminer, une des meilleures façons d’être un.e allié.e pour les personnes non-binaires, c’est d’utiliser leurs prénoms et/ou pronoms choisis, puisqu’à chaque fois que tu le fais, c’est l’équivalent de leur donner une petite tape dans le dos, c'est comme leur dire « ton existence est valide ».

Consulter tous les contenus de Juno Desjardins, intervenant en sexologie