Il y a bientôt deux ans que j’ai décidé d’arrêter de porter des brassières. Depuis, je me sens tellement mieux dans mon corps et bien moins impostrice. Ouep, avant je me sentais impostrice avec des brassières ultra rembourrage. J’avais l’impression de « mentir » sur la shape de mes seins et surtout, sur la taille de ceux-ci. Depuis, je me sens tellement libre sans brassière, ou simplement avec une belle p'tite bralette cute.
Mais là, depuis quelques mois, j’ai pogné un nouveau trip. Un nouveau trip qui dérange ou du moins, qui fait jaser. Un nouveau trip qui ne laisse pas indifférent : j’ai commencé à flasher mes seins. Oui, oui, à montrer mes seins en public.
Au début, c’était pour rire. Pour ouvrir le débat. Pour provoquer. Pour m’affirmer égale aux hommes en chest.
Faut comprendre que depuis que je suis petite, je m’amuse à montrer mes fesses entre ami.e.s. yink pour rire et aussi pour m’affirmer égale aux garçons qui se flashent les fesses entre eux et en rient.
C’est drôle des fesses, pareil. Ça me fait tout le temps rire une paire de foufounes. Pas vous? Tsé, un ami qui ouvre le frigo et baisse son froc pour dévoiler ses joues, juste pour faire rire. Ou ton frère qui te montre ses fesses pendant que tu regardes la tivi. C’est drôle en tabarouette des fesses.
Mais, déjà enfant, c’étaient surtout des garçons qui faisaient ça. Des garçons qui riaient de ça, entre boys, tsé. Mais une fille? Très rarement. Et encore plus rarement devant des garçons.
Enfant, je me rappelle qu’après m’être bien marrée après avoir exposé mon popotin, je finissais souvent par dire : « Ben là, pourquoi un gars a le droit de montrer ses fesses et rire et pas une fille? ». Très jeune, ça m’agaçait déjà.
J’ai persévéré. J’ai continué à faire rire mes ami.e.s en montant mes fesses à des moments incongrus pour créer des situations cocasses. À ce jour, à l’aube de la trentaine, je continue de fièrement mettre ma craque à l’air. Faut ben, c’est la seule que j’ai.
Depuis les derniers mois, j’ai commencé à faire la même chose, mais avec ma poitrine. Pis je me rends compte que c’est tout aussi drôle et libérateur que des fesses. Je me rends compte aussi que c’est plus politique que je le pensais.
À lire aussi : Déconfiner ses seins : C'est un gros OUI!
Ça défie les normes de genre
Un garçon peut se mettre en poitrine à la plage, mais une femme non. Que ce soit à cause de règlements municipaux ou simplement à cause du choc que ça provoque chez les autres, une femme se doit de cacher sa poitrine.
Donc décider de se mettre torse nu sur un pédalo, entre amis, c’est choquant. Ça défie les gens par rapport à leurs propres croyances sur les normes de gens.
Ça contribue à démontrer la diversité corporelle
Ça fait jaser aussi : « Wow, elle est dont bein game de montrer ses seins et réussir à trouver ça drôle! ».
Ça fait surtout jaser les femmes parce qu’on va se le dire, on sait pas pantoute nos seins ressemblent à quoi, entre nous. On est tellement exposées à des images de beaux seins à taille parfaite, aux mamelons parfaitement symétriques et rosés, à des poitrines qui se tiennent.
Mais la vérité, c’est qu’il y a autant de seins que de femmes. Euh, non. On en a tous en moyennes deux. Bref, il y a beaucoup de seins dans la vie. Ils diffèrent au niveau de la taille, de la forme, de la couleur, du tonus, de l’orientation, de la symétrie.
Pis montrer ses seins, c’est un peu montrer le vrai visage des seins. « Hey check, les miens ont l’air de ça ».
Ça me permet de désexualiser mon corps
Ma poitrine est une partie de mon corps qui n’est pas nécessairement sexuel. J’ai envie d’être torse nu si ça me tente, où ça me tente. Je n’ai pas envie que ma poitrine soit un objet sexuel. Je ne suis ni exhibitionniste, ni aguicheuse. Je suis un humain qui a envie de se vêtir ou non, comme tous les autres humains. Peu importe leur sexe, leur genre, leur âge.
Flasher mes seins me permet de faire ça un instant : désexualiser ma poitrine.
« Quoi dude? Tu te trouves drôle d’être déguisé en infirmière sexy et de pouvoir montrer tes seins parce que t’es un garçon? Ben kin. Voici mes seins. Et je les montre si je veux. Je te les montre si je veux. Je te les montre comme je te montrerai mon coude. Je te les montre sans que je veuille que tu y vois un quelconque signal de séduction ». Ça résume assez bien mon Halloween.
J'ai également une grosse pensée pour les femmes qui allaitent leur bébé en public et qui se font regarder croche, se font dire des propos absolument irrespectueux, voire se fond slut-shamer. Il est temps que ça cesse. Les femmes ne sont pas des objets de curiosité ni présentes pour satisfaire le regard masculin!
Ça me fait rire
C’est drôle et surprenant flasher ses seins. Ça me fait rire. Pis ça, c’est une assez bonne raison pour continuer!
Bon, j’en suis encore au stade où je ne fais que flasher mes boules avec des ami.e.s. Je ne suis pas (encore) rendue au stade où je me promène nues-boules dans un festival ou sur la plage (quoi que la nudité mammaire soit interdite par la plupart des municipalités).
Je ne suis pas rendue là et je ne sais pas si je veux m’y rendre. Je veux juste continuer de choisir moi-même quand j’ai le droit d’être torse nu. Pas me le faire dicter par la société.
Compte Instagram de @karinestmichel_
Continue ta lecture :