Je viens d’envoyer une photo de mon pain au levain à ma BFF, comme si c’était la chose la plus naturelle au monde. Elle le fait souvent aussi, et on compare nos réussites. La seule chose à laquelle je dois penser, c’est aux 3 heures de décalage : je suis plutôt matinale et lors de mes élans spontanés, il faut que je fasse attention de ne pas la réveiller!
Tout comme moi, ma meilleure amie vient du Saguenay. Mais elle vit beaucoup plus loin de notre région natale : pour la job de son chum, elle est déménagée à Los Angeles. Et sa petite famille s’est fait toute une vie là-bas.
Compte Instagram de @marieevel
Malgré tout, on a quand même réussi à se voir relativement souvent; la dernière fois, c’était à l’automne 2018. C’est présentement la plus longue période sans se voir depuis son déménagement – qui risque de se prolonger pas mal à cause de la pandémie. Je suis allée en Californie 10 fois dans ma vie; disons que ça aide beaucoup d’avoir un endroit où rester là-bas!
C’est certain que les contacts en personne sont importants : il y a même des années où on a réussi à se voir à plus d'une reprise. Une fois, elle et son chum ont tous les deux célébré leur fête chez nous, à quelques mois d’intervalle – je ne peux même pas en dire autant d’aucun de mes amis qui vivent ici!
Mais en fait, notre relation est essentiellement virtuelle. Et je sais que ce n'est pas tout le monde qui accepterait ça, ni qui accepterait ma personnalité qui n’est pas neurotypique. Par exemple, le fait que je déteste parler au téléphone ou que parfois, je peux passer un certain temps sans donner de nouvelles. Je suis comme ça.
Le truc avec elle, c’est que depuis le début, elle me comprend parfaitement, sans même que j’aie besoin de m’expliquer. Elle a toujours été là pour me soutenir et célébrer toutes mes victoires - par exemple lorsque j’ai enfin réalisé mon rêve de lâcher ma job stable pour me lancer à mon compte comme pigiste - comme personne d’autre autour de moi ne l’a fait. J’aime autant sa présence bienveillante que le fait que constamment, on se challenge de façon créative l’une et l’autre, et qu'on souhaite toujours se dépasser. Dernièrement elle m’a fait un des plus beaux compliments ever : « Tu mets toujours la barre très haute et j’adore ça! »
Depuis le début de la pandémie, je me suis toujours tournée vers elle spontanément quand ça allait moins bien, et j’ai l’impression qu’on n’a jamais été aussi proches. Oui, malgré la distance physique. C’est quand même incroyable quand on y pense! Juste un texto ou une vidéo Messenger réussit à rebooster mon moral pour le reste de la journée.
Marie-Ève Laforte
La photo ci-haut est une de mes préférées de nous deux : elle a été prise chez elle, dans sa vieille décapotable bleu poudre. On partait souper juste nous deux chez Yamashiro, un resto japonais historique situé dans les Hollywood Hills, où on peut souvent croiser des vedettes. On était toutes deux des jeunes mamans, alors cette sortie était encore plus spéciale et rare... Je me souviens encore de mon feeling presque euphorique, celui d’être en Californie, une des places où je me sens le mieux au monde, à me promener dans cette voiture avec cette personne que j’aime tant, et à avoir l’impression de profiter à fond de cette soirée de break.
Dernièrement, mon chum et moi avons fait quelque chose dont personne ne revient : on a loué un camion et on est descendus de Montréal au Saguenay juste pour aller chercher des meubles pour elle. Ce sont des meubles Mid-Century qui appartenaient à ses grands-parents, entreposés depuis quelques temps chez sa tante qui déménage, donc elle ne pouvait plus les garder. Depuis des mois, mon amie se torturait à propos de ces meubles dont elle avait plein de souvenirs, mais dont personne d’autre dans la famille voulait. Même si ça n’avait rien de rationnel, ça lui tenait tellement à coeur de les faire venir chez elle; encore plus parce qu’elle demeure si loin, son chum et elle ont très peu de patrimoine familial et pour eux, c’est probablement encore plus important. Ça faisait donc des mois et des mois qu’ils essayaient de trouver une solution, une compagnie qui accepterait d’aller les chercher et de les livrer, sans succès. Alors on leur a simplement offert de les aider.
L’aventure n’est pas terminée : les meubles sont maintenant dans notre sous-sol et ils le demeureront certainement pendant un bout puisque la frontière est fermée. Ça va sans doute prendre plusieurs mois avant qu’on puisse les traverser pour les confier à une entreprise de déménagement américaine… Mais so what? Maintenant, elle sait qu’ils ne risquent plus de finir dans un centre de dons et qu’éventuellement, ils arriveront à bon port.
Pourquoi on a fait ça? Sa cousine, que j’ai rencontrée lors du transfert des meubles et qui me suivait sur les réseaux sociaux, me l’a exactement dit en peu de mots : « Vous vous ressemblez tellement. Vous aimez les mêmes choses, vous avez un tempérament pareil. Je comprends pourquoi vous ne vous êtes jamais perdues de vue! »
Elle a tellement raison! Distance ou pas, quand on a la chance de rencontrer une personne comme ça, ce qui n’arrive pas si souvent dans une vie, on ne peut tout simplement pas la laisser aller. ♀️