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Témoignages

J'ai 22 ans et la crise climatique m’inquiète chaque jour

Alors que les feux de forêt et les inondations font ravage à travers le monde, que les milliardaires dépensent des sommes inimaginables pour une petite promenade dans l’espace et que le GIEC a récemment publié son rapport le plus alarmant, les jeunes générations se sentent dépassées, fâchées, désarmées, et plus que jamais prêtes à faire bouger les choses pour de vrai pour l'environnement.

Alice Morel-Michaud nous livre ses réflexions sur cette crise climatique qui prend beaucoup de place dans sa vie, et à justre titre.

Je suis née en 1998. À cette époque, ça faisait déjà un an qu’une centaine de puissances mondiales avaient signé le protocole de Kyoto, s’engageant à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre afin de lutter contre les changements climatiques. J’ai donc grandi dans un monde conscient de l’importance de préserver notre environnement

Pourtant, depuis les dernières années, l’ampleur de la crise climatique se dessine devant nous et celle-ci semble être irréversible. Je me retrouve donc, à 22 ans, avec un énorme sentiment d’impuissance et d’angoisse face au futur de notre planète.

Ma maison brûle

Comme toute bonne citoyenne, je composte, j’utilise le transport en commun, je traîne avec moi une paille réutilisable, et je m’indigne sur Instagram chaque fois qu’on annonce la construction d’un pipeline. 

Mais devant l’ampleur de la crise climatique, je me demande sincèrement si mes actions individuelles ont un impact. Je suis au courant du principe de pouvoir d’achat et de l’effet papillon bien sûr, sauf que tout ça semble bien futile devant la grossièreté des actions de ceux qui contrôlent la majorité des ressources (oui, je m’adresse à Jeff Bezos et son voyage dans l’espace). 

Comment rejoindre ces individus qui semblent vivre sur une autre planète que la mienne et qui pourront fuir les impacts de leurs actions grâce à leurs fortunes? Nous sommes victimes des problèmes que les multinationales et les pétrolières ont causés, et on nous demande de trouver nous-mêmes les solutions.

Souvent, devant tant d’inaction, j’ai envie de prendre un porte-voix et crier haut et fort : « Ma maison est en feu et c’était évitable ».

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Il reste alors à se tourner vers nos dirigeants en exigeant des changements imminents.

Vont-ils sacrifier l’intérêt collectif afin de garantir le soutien de puissants lobbyistes? Les élections fédérales de cet automne nous le diront peut-être.

D’ailleurs, ça fait très longtemps que c’est « à la mode » pour les politiciens de promettre un avenir plus vert, sans toutefois prendre des moyens concrets pour y arriver une fois au pouvoir. Pourtant, la crise de la COVID-19 nous a permis de constater que lorsque nécessaire, les gouvernements sont en mesure de déployer des mesures d'urgence. 

Selon moi, c’est ce que ça prend, puisque la crise climatique est exactement ça : une urgence. 

Nous sommes victimes des problèmes que les multinationales et les pétrolières ont causés, et on nous demande de trouver nous-mêmes les solutions.

De plus, je trouve qu’il serait grand temps que les journalistes qui couvrent la politique talonnent davantage les politiciens avec des questions à ce sujet. Les changements climatiques représentent sans doute la plus grande crise de notre époque, et il faut arrêter de voir la protection de l’environnement comme un courant de pensée. Ça nous touchera tous un jour ou l’autre!

Protéger l’environnement, un geste à la fois, à défaut de pouvoir faire plus

Les actions citoyennes sont-elles donc complètement obsolètes? Je ne crois pas, mais ça peut être difficile de se convaincre de l’efficacité de notre bouteille d’eau réutilisable lorsque les incendies ravagent nos forêts...

Personnellement, je pense que le plus grand impact individuel qu’on peut avoir est d’être un acteur de changement dans nos communautés. Chaque milieu de travail et de vie comporte son lot de défis quant au gaspillage, à la pollution, à la surconsommation, etc.

Je crois qu’il est possible d’influencer son environnement de façon positive en proposant des initiatives selon nos capacités. Par exemple, les enseignants ont le pouvoir de rendre leurs classes plus vertes, les employés des restaurants peuvent travailler à réduire le gaspillage alimentaire, les résidents d’un immeuble peuvent mettre en place un système de compost, etc. 

Dans mon milieu, j’essaye notamment d’encourager les plateaux de tournage à moins produire de déchets et je travaille à éduquer les gens sur la culture polluante qui vient avec le mode de vie de certains influenceurs (constamment voyager par avion, le fast-fashion, etc.).

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De cette manière, ce sont des actions qui ont une portée plus grande que notre propre vie et qui peuvent, je l’espère, créer des mouvements de groupes. C’est ça, la force du nombre.

Tout ceci aurait pu être évité il y a déjà des années...

Ce qui me frustre le plus de tout ça revient à mon point de départ : les conséquences de cette crise étaient prévisibles et évitables. 

Avant même l’accord de Kyoto, rappelons-nous que les peuples autochtones réclamaient la préservation de notre planète. Ces décennies d’inactions sont décourageantes, certes, mais le plus inquiétant pour moi reste les prochaines décennies. 

En tant que grande anxieuse, je me suis souvent fait répéter que nos pensées anxieuses sont irrationnelles. Sauf que malheureusement, l’écoanxiété est l’exception à la règle; nos craintes sont valides et justifiées. C’est pourquoi baisser les bras n’est tout simplement pas une option. Devant la peur, il faut agir. Il faut continuer d’exiger davantage de la part de nos dirigeants de se mobiliser, de prendre la rue et d’écouter les recommandations des scientifiques. 

C’est épuisant de se battre contre quelque chose de plus grand que nous, mais c’est nécessaire : il n’y a pas de vaccin contre cette crise-là. Je crois en ma génération et en celles qui nous suivront et je crois en la force du nombre. Ma maison brûle, mais je ne l’abandonnerai pas.

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