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Témoignages

Je regrette d’être devenue maman

Devenir parent, ça change une vie! Mais qu’advient-il quand ce nouveau rôle ne nous plaît pas? Quand on se rend compte après des mois, voire des années, que malgré tout l’amour que l’on porte à nos enfants, on ne se réalise pas dans son rôle de mère ou de père?

Des femmes témoignent de leur regret d’être devenue maman. Les raisons sont multiples, mais toutes s’entendent pour dire qu’elles aiment plus que tout au monde leurs enfants et que cet amour n’a rien à avoir avec leur regret de les avoir eus.

Ce sentiment très tabou touche plus de parents de votre entourage que vous ne pouvez le croire et il est grand temps de donner la parole à celles qui aimeraient retourner dans le temps.

Pas juste une phase

Kim a 36 ans et deux jumelles de 5 ans. C’est après 3 ans et demi en clinique de fertilité qu’elle a enfin pu se réjouir d’être enceinte de triplettes. Elle en a perdu une à 3 mois de grossesse et l’une de ses jumelles est née avec un syndrome rare qui paralyse une partie de son visage.

«Mon idée de la maternité a été défaite rapidement, indique-t-elle. Mon sentiment d’attachement a été hyper long, ça a pris 1 an et demi avant que je sente quelque chose. J’ai regretté assez rapidement quand j’ai vu que ma vie changeait au complet. Tu ne peux pas savoir comment tu vas te sentir et comment ça va se passer et de quelle façon tu vas gérer tout ça avant d’en avoir, c’est impossible.»

Les mamans se font souvent dire que c’est une phase, que ça va passer, que le plus beau est à venir, mais pour Kim, ce n’était pas une phase. «La seule phase qui ne passe pas c’est de rester maman et c’est la phase la plus difficile. À moins que tu fasses le choix de donner tes enfants, tu restes toujours une maman. C’est beaucoup plus ingrat être maman que beau.»

Quand tu deviens parent, tu changes complètement d’identité.

Manquer sa vingtaine à cause de la vie de famille

Andy, 32 ans, a 5 enfants de 2 à 12 ans, dont 4 du même père. D'aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours rêvé de devenir mère. Sauf qu’elle réalise qu’à 20 ans, elle n’était pas assez mature pour s’embarquer dans un tel projet de vie, surtout que sa relation avec son copain de l’époque était tout sauf saine.

«Je pensais que c’était ça l’amour, mais dans tous mes enfants, il n’y en a qu’un qui a été vraiment désiré, lâche-t-elle. C’est devenu «ma job», «ma responsabilité» si la maison n’était pas propre, si les enfants n’écoutaient pas…» 

C’est après la fin de sa dernière relation, avec un nouveau-né dans les bras, qu’elle a sombré dans une profonde dépression et a pris la décision de donner la garde complète aux papas. «Je me suis rendu compte que finalement, je n’ai pas fait des enfants pour les bonnes raisons. Les gens me jugent beaucoup, mais quand j’ai décidé de faire ce changement, c’était les garder avec moi ou ma vie.»

Maman au foyer pendant 10 ans, Andy réalise qu’elle n’a pas eu de vingtaine. «Je ne suis jamais sortie dans les bars, je n’ai pas profité de ma jeunesse, fêté, eu du plaisir, je me suis consacrée à mes enfants de A à Z. Je m’en veux parce que je ne crois pas que ça aurait eu un impact sur mes enfants si j’avais eu un travail et s’ils étaient allés à la garderie.»

Je ne regrette pas mes enfants, mais je ne suis pas bien dans mon rôle de mère, et si c’était à refaire, je n’en aurais pas.

Devenir maman, perdre son identité

Ariane*, 34 ans, a deux enfants de 4 ans et 4 mois. Très consciente du tabou qui existe autour du regret maternel, elle avoue avoir été en partie influencée par son mari quand est venu le temps de fonder une famille, c’était la prochaine étape dans leur vie de couple.

«Quand tu deviens parent, tu changes complètement d’identité. Tu penses que toi, tu vas être en mesure de garder une partie de ta vie d’avant, mais il y a plein de petits trucs que tu n’avais pas prévu qui arrive et qui prennent tout ton temps, toute ton énergie finalement», soulève Ariane.

Elle exprime que lorsqu'on devient parent, tout devient compliqué. «Avoir un enfant t’enlève le bonheur de ce que tu aimes faire dans la vie et ton temps. Tu te retrouves à ne plus savoir qui tu es, tu perds la personne que tu étais.»

En fait, Ariane confie ne plus se reconnaitre comme femme, comme individu. «C’est difficile pour moi de jouer un rôle dans ma propre vie. Je donne à mes enfants tout l’amour dont ils ont besoin, je joue avec eux, mais au final, je suis comme une actrice. Et c’est difficile à la fin de la journée de soudainement «switcher» en mode femme, partenaire de vie, je suis trop épuisée pour ça. Si quelqu’un me l’avait dit avant, si d’autres mamans m’en avaient parlé, je ne pense pas que je me serais lancée dans ce projet de vie.»

Parents seuls, détresse réelle

Marie-Ève, 32 ans mère de deux enfants de 4 et 8 ans, a longtemps été habitée de sentiments contradictoires par rapport à la maternité. C’est pendant la pandémie et après la venue du dernier que ses doutes se sont confirmés. «Je ne regrette pas mes enfants, mais je ne suis pas bien dans mon rôle de mère, et si c’était à refaire, je n’en aurais pas.»

Elle en discute régulièrement avec son conjoint, car la décision était mutuelle. «Il est un peu à la même place que moi en fait. On aurait été déçus de ne pas en avoir, mais on ne savait pas dans quoi on s’embarquait.»

Elle mentionne aussi que la société dans laquelle nous vivons maintenant, qui exige d'une part la perfection de tout réussir, nous amène à souvent être moins bien entourés que nos grands-parents l’étaient par exemple. Selon elle, la parentalité vient avec plus d'isolement de nos jours.

Des ressources

Si vous vous reconnaissez dans ces témoignages, sachez que vous n’êtes pas seul.e.s. Plusieurs ressources existent soient pour vous aider dans les tâches quotidiennes quelques heures ou simplement pour vous écouter. Nous vous proposons aussi quelques pistes de lecture.

 *Prénom fictif

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